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Il y a 30 ans : Mir, la station devenue internationale

Publié le 11 mai 2016

Le 19 février 1986, le premier module de la station Mir était placé sur orbite. De 1986 à 2001, la «datcha de l’espace» a marqué notre histoire et préparé l’arrivée de l’actuelle Station Spatiale Internationale.

Il y a 30 ans : Mir, la station devenue internationale

Trois semaines après la perte de la navette Challenger, le monde spatial est encore sous le choc lorsque l’Union soviétique lance une station spatiale. La nouvelle passe quasiment inaperçue alors qu’elle représente une véritable révolution. Cette nouvelle station s’appelle Mir, ce qui peut signifier «Paix» ou «Monde» en russe, et s’avérera prémonitoire.

Les Soviétiques et leurs stations
Depuis quinze ans, l’URSS met régulièrement sur orbite des stations Saliout. À l’origine, elles devaient tenter d’éclipser l’échec lunaire face à Apollo en faisant croire que les Soviétiques n’avaient jamais participé à la course à la Lune et préféraient se consacrer à des applications plus sérieuses et moins onéreuses. Pour ce faire, ils avaient détourné les ressources du programme de station militaire Almaz pour disposer rapidement de stations civiles, accessibles avec le vaisseau Soyouz. C’est ainsi que Saliout 1 fut lancée le 19 avril 1971. Après l’échec de Saliout 2 en 1973, Saliout 4 suivra en 1974. Deux stations militaires, Saliout 3 en 1974 et Saliout 5 en 1976 se glisseront discrètement dans le programme. Dotées d’une seule baie d’amarrage, ces premières stations ne peuvent être ravitaillées et ne permettent donc pas de réaliser des vols de longue durée.
Les choses changent avec Saliout 6 en 1977, puis Saliout 7 en 1982, conçues avec deux baies pour recevoir deux vaisseaux simultanément. Les équipages peuvent désormais être relevés et ravitaillés par des cargos automatiques Progress, dérivés du vaisseau habité Soyouz. Dès lors, les Soviétiques battent régulièrement des records de vols de longue durée dans l’espace et accueillent des cosmonautes «invités» à bord, dont le Français Jean-Loup Chrétien en 1982. Ces stations ont été les prototypes de Mir, qui dispose pour sa part de six baies d’amarrage et peut donc servir de «moyeu» sur lequel viendront se greffer des modules laboratoires spécialisés : Kvant 1 et 2 (1987 et 1989), Kristall (1990), Priroda et Spektr (1996).

La station Mir, 3 ans avant d’être désorbitée. Celle qui avait commencé avec un simple module était devenue un ensemble complexe de 127 tonnes par l’ajout d’éléments additionnels. Crédit : NASA

La station Mir, 3 ans avant d’être désorbitée. Celle qui avait commencé avec un simple module était devenue un ensemble complexe de 127 tonnes par l’ajout d’éléments additionnels.
Crédit : NASA

Mir, la première station internationale !
Avant que cette nouvelle station ne soit lancée, en 1998, des vols de navette de la NASA seront organisés vers Mir pour que Russes et Américains apprennent à travailler ensemble. De 1995 à 1998, des astronautes de la NASA se relaient pour des séjours de six mois à bord de Mir en tant que membres de l’équipage permanent et dix vols de navette desservent le complexe orbital, faisant de Mir, pendant quatre ans, la première véritable station spatiale internationale !

La station Mir a accueilli de nombreux Américains (et d’autres nationalités) afin de préparer la logique de la Station Spatiale Internationale. Ici, l’Américain Dave Wolf (centre) célèbre Noël dans la «datcha de l’espace» avec les Russes Pavel Vinogradov (gauche) et Anatoli Solovyov (droite). Crédit : NASA

La station Mir a accueilli de nombreux Américains (et d’autres nationalités) afin de préparer la logique de la Station Spatiale Internationale. Ici, l’Américain Dave Wolf (centre) célèbre Noël dans la «datcha de l’espace» avec les Russes Pavel Vinogradov (gauche) et Anatoli Solovyov (droite).
Crédit : NASA

Lorsque l’assemblage de l’ISS commence, celle que les médias surnomment «la datcha spatiale» est sur orbite depuis plus de douze ans et commence à donner des signes de vieillissement. Elle a connu deux incendies à bord et le module Spektr, percuté par un cargo Progress en 1997, a dû être condamné en raison d’une fuite.
Après une ultime tentative de commercialisation par la firme américaine Mir Corp., la station dont la masse atteint 125 tonnes est finalement désorbitée au-dessus du Pacifique le 23 mars 2001. En quinze ans, se sont succédés à bord 104 astronautes et cosmonautes de 14 nationalités.

La station russe Mir avec une navette spatiale américaine amarrée : tout un symbole de l’histoire spatiale et de l’histoire du monde aussi ! Il s’agit de la navette Atlantis en 1995 (vol STS-71). En tout 11 vols de navette de la NASA ont eu pour destination Mir. Crédit : NASA

La station russe Mir avec une navette spatiale américaine amarrée : tout un symbole de l’histoire spatiale et de l’histoire du monde aussi ! Il s’agit de la navette Atlantis en 1995 (vol STS-71). En tout 11 vols de navette de la NASA ont eu pour destination Mir.
Crédit : NASA

L’héritage de Mir
Que reste-t-il de Mir aujourd’hui ? Une Station Spatiale Internationale qui vient de fêter quinze ans d’occupation permanente et dont l’exploitation est prévue au moins jusqu’en 2024. Un partenariat scientifique international qui a survécu et survit encore à toutes les crises internationales. Une future station spatiale chinoise dont la conception en est très largement inspirée. Ainsi que quatre modules d’entraînement et de tests techniques exposés à la Cité de l’espace de Toulouse, et accessibles à tous les visiteurs désireux de mieux connaître ce morceau d’histoire spatiale.

À la Cité de l’espace de Toulouse, les visiteurs peuvent «habiter» un moment la station Mir ! Une expérience authentique, car il ne s’agit pas d’une «simple» maquette à l’échelle : les modules sont des doubles construits comme ceux qui sont allés sur orbite. Au sol, ils servaient à des tests ou à l’entraînement. Crédit : Cité de l’espace / Manuel Huynh

À la Cité de l’espace de Toulouse, les visiteurs peuvent «habiter» un moment la station Mir ! Une expérience authentique, car il ne s’agit pas d’une «simple» maquette à l’échelle : les modules sont des doubles construits comme ceux qui sont allés sur orbite. Au sol, ils servaient à des tests ou à l’entraînement.
Crédit : Cité de l’espace / Manuel Huynh

 

La Cité de l’espace propose aussi une maquette échelle 1 du laboratoire européen Columbus de la Station Spatiale Internationale. Cette dernière est une «héritière» de Mir. Crédit : Cité de l’espace / Alex Pietcha

La Cité de l’espace propose aussi une maquette échelle 1 du laboratoire européen Columbus de la Station Spatiale Internationale. Cette dernière est une «héritière» de Mir.
Crédit : Cité de l’espace / Alex Pietcha

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