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La Chine fait un pas de plus vers la Lune

Publié le 18 juin 2024

L’Agence spatiale chinoise a mené avec succès un test statique du premier étage de la future fusée Long March 10 qui doit emmener ses astronautes sur la Lune. La Chine prévoit un alunissage en 2030 avec la collaboration de la Russie.

La Chine fait un pas de plus vers la Lune

C’est une nouvelle étape de franchie par la Chine dans son programme de vols habités vers la Lune. Le 14 juin, l’Agence spatiale chinoise a mené avec succès un test d’allumage statique du premier étage de la future fusée Long March 10. Ce lanceur doit conduire des astronautes chinois en 2030. Ce programme, concurrent d’Artemis, vise, lui aussi, le pôle sud de la Lune. Pour y parvenir, la Chine a décidé, dans le cadre de son programme ILRS, de collaborer avec la Russie, mais aussi d’autres pays comme l’Égypte, le Vénézuéla ou le Bahreïn. À l’occasion de Chang’e 6, la mission de retour d’échantillons de la face cachée de la Lune, qui a décollé le 3 mai dernier et doit revenir sur Terre le 25 juin, l’Agence spatiale européenne et le CNES avaient travaillé avec l’Agence spatiale chinoise, mais cette collaboration avec des pays occidentaux devrait être la dernière dans cette nouvelle course à la Lune.

Le premier étage de la fusée Long March 10 sera composé de trois boosters identiques propulsés par sept moteurs Y-100K chacuns.

© CC0 – Shujianyang

Un test statique d’une partie du premier étage

Les trois moteurs Y-100K ont parfaitement fonctionné, mais il en faudra vingt-et-un pour faire décoller Long March 10

Sur le stand de test de la China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC), seuls trois moteurs Y-100K pouvaient être installés. Ces moteurs qui fonctionnent au kérosène étaient répartis sous le premier étage, d’un diamètre de cinq mètres. Mais à terme, un étage comme celui-ci comptera sept moteurs similaires. Et le lanceur comptera, en tout, trois boosters identiques. Au total, ce sont donc vingt-et-un moteurs Y-100K qui s’allumeront en même temps pour emmener des astronautes chinois sur la Lune. Les trois moteurs ont été allumés quelques secondes. « Ce fut un succès total, établissant une base solide pour nos recherches et développements ultérieurs et la réalisation de l’ensemble de notre programme d’exploration lunaire habitée », a commenté Xu Hongping qui conduisait ce test à la CASC. Un test du second étage devrait suivre prochainement. Dans sa version définitive, Long March 10 devrait atteindre 92 m de haut, une masse de 2190 tonnes et une poussée au décollage de 2 680 tonnes. Une puissance qui devrait lui permettre de placer 27 tonnes en orbite lunaire.

Objectif Lune 2030

Le lanceur Long March 10 doit conduire des astronautes chinois sur la Lune d’ici 2030

On connait le programme Artemis. Après Artemis I qui a permis à la capsule Orion de partir autour de la Lune, sans équipage, en novembre 2022, Artemis II devrait réaliser le même voyage avec quatre astronautes en septembre 2025. Puis, si le calendrier est respecté, en 2026, Artemis III devrait permettre à des astronautes de marcher sur la Lune au niveau du pôle sud. Cette zone intéresse particulièrement en raison de son ensoleillement quasi-permanent et de la glace d’eau détectée fond des cratères. C’est la raison pour laquelle, la Chine, elle aussi, est intéressée par cette région de la Lune, pas plus grande que l’Île-de-France. Si on compare les sites possibles d’alunissage, on se rend compte qu’ils sont très proches. Dès la mission robotisée Chang’e 7, la Chine devrait cibler cette région. Chang’e 8 devrait ensuite commencer travailler sur l’utilisation des ressources in-situ. Ensuite, l’Agence spatiale chinoise pense mener une mission habitée d’ici à 2030. Cette mission chinoise nécessitera deux lancements de Long March 10. L’un lancera le vaisseau Mengzhou, le second placera en orbite l’atterrisseur Lanyue. Un rendez-vous doit avoir lieu en orbite pour permettre à deux astronautes d’atteindre la surface de la Lune pendant six heures. Une mission qui ressemble davantage aux premières missions Apollo.

Comme pour Artemis, la Chine envisage l’installation d’une base lunaire au pôle sud de la Lune en utilisant les ressources sur place.

© CNSA

L’ESA et le CNES ont coopéré avec l’Agence spatiale chinoise pour la mission Chang’e 6 qui s’est posé au début du mois de juin sur la Lune pour un retour d’échantillon de la face cachée de la Lune.

© CNSA

Bloc contre bloc ?

La Chine ne semble plus vouloir collaborer avec les occidentaux pour son programme lunaire

C’est le retour de la course à la Lune qui a poussé, en 2019, le président américain, Donald Trump, à relancer un programme lunaire habité : Artemis. Côté chinois, le programme s’appelle IRLS. Il prévoit l’établissement, à terme, d’une base internationale. Présenté en 2021, à Saint-Pétersbourg, le projet est, depuis, principalement porté par la Chine. Dix pays, comme le Vénézuéla, le Pakistan, la Serbie ou l’Afrique du Sud les ont déjà rejoints, sans toutefois savoir ce que ces pays pourront apporter comme contribution. En revanche, la collaboration avec les pays occidentaux, engagés dans le programme Artemis n’est plus envisagée. L’ESA avait coopéré avec la CNSA pour la mission Chang’e 6 qui doit ramener, dans quelques jours, des échantillons prélevés sur la face cachée de la Lune. Un instrument suédois était à bord de l’atterrisseur. Le CNES, lui aussi, faisait partie de cette aventure avec Dorn, l’instrument chargé d’analyser le radon à la surface de la Lune pour mieux comprendre l’exosphère de notre satellite. Aujourd’hui, ce type de coopération ne semble plus envisagé pour les missions lunaires à venir.

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