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L’océan Arctique vu de l’espace : la banquise au plus bas

Publié le 28 novembre 2017

La surface couverte par la banquise dans l'Arctique est à nouveau au plus bas : le verdict des satellites surveillant la santé de cet océan glacial est sans appel et inquiète les experts.

L’océan Arctique vu de l’espace : la banquise au plus bas


Le Centre national américain de données des couverts de neige et de glace (National Snow and ice Data Center – NSIDC) a annoncé que la banquise ne couvrait le 13 septembre 2017 que 4,64 millions de kilomètres carrés de l’Arctique, soit une surface inférieure de 1,58 million de kilomètres carrés à la moyenne des minima des années 1981 à 2010.
Cette surface est certes supérieure de 1,25 million de kilomètres carrés à son niveau record le plus bas, enregistré en 2012, mais cette année-là il s’agissait d’un phénomène épisodique, exceptionnel. Elle est également supérieure de 500.000 km2 à l’étendue enregistrée à la même date en septembre 2016.

Evolution de la banquise entre septembre 1984 et septembre 2012.  Crédit : Nasa

Evolution de la banquise entre septembre 1984 et septembre 2012.
Crédit : Nasa

Les satellites à la manœuvre

Le calcul de l’évolution de la banquise par le NSIDC est faite à partir de données obtenues depuis 1979 par les satellites d’observation de la Terre : la série des Landsat, notamment, pour la Nasa, et pour l’Agence spatiale européenne (ESA) les Ers 1 et Ers 2 (European Remote-Sensing Satellite, ou Satellite européen de télédétection), puis aujourd’hui, CryoSat22.
Les premiers satellites ont permis de fournir une vue d’ensemble, et en continu, de l’océan dans son entier. Mais aujourd’hui, CryoSat ajoute un élément essentiel pour l’étude de la banquise : il permet de mesurer les changements d’épaisseur de la glace sur une année, avec une précision de l’ordre de 2 à 5 cm. Jusqu’à son lancement, en 2010, cette épaisseur était obtenue par les avions – des DC8 – du programme IceBridge de la Nasa.

Enfin, la Nasa a prévu de lancer en 2018 ICESat-2 (Ice, Cloud, and land Elevation Satellite, ou satellite glace, nuage et altitude), qui devrait permettre de mieux prédire la fonte de la banquise

Epaisseur de la glace de l'océan Arctique en avril 2013, mesurée par le satellite de l'Agence spatiale européenne (ESA). Cette carte a été présentée à Edinburgh (Royaume Uni) cette année-là dans le cadre du Symposium sur une Planète vivante. Crédit : Planetary Visions/CPOM/UCL/ESA

Epaisseur de la glace de l’océan Arctique en avril 2013, mesurée par le satellite de l’Agence spatiale européenne (ESA). Cette carte a été présentée à Edinburgh (Royaume Uni) cette année-là dans le cadre du Symposium sur une Planète vivante. Crédit : Planetary Visions/CPOM/UCL/ESA

Le réchauffement climatique en direct

Les observations satellitaires permettent également d’obtenir en permanence des données sur l’atmosphère au-dessus de l’Arctique, et de déterminer les raisons de l’évolution de la banquise.
« Le couvert de glace à la fin de l’été d’une année donnée dépend de l’état de la glace plus tôt dans l’année, et des conditions climatiques », a souligné Claire Parkinson, spécialiste du climat au centre spatial Goddard de la Nasa. Ainsi, en 2012, 2016 et 2007, la banquise avait subi dans l’été des vents très forts, qui avaient accéléré la fonte.
Mais « cet été, les conditions climatiques n’ont pas été particulièrement marquantes. Alors terminer l’été malgré cela avec une étendue de glace peu importante montre que les données de base pour la glace sont pires qu’il y a 38 ans », quand les observations ont commencé, a-t-elle ajouté.
« S’il y avait eu le même temps il y a une trentaine d’années en arrière, il est probable que la banquise aurait moins souffert, parce qu’à cette époque-là la glace était plus épaisse et couvrait plus largement la zone, ce qui lui permettait de résister aux tempêtes », a encore expliqué la scientifique.
Mais à son maximum de l’hiver dernier, la banquise avait déjà été marquée par un niveau bas : 14,42 millions de kilomètres carrés, soit 97 000 kilomètres carrés de moins que le maximum précédent de couvert de glace, enregistré le 25 février 2015.

Vêlage d'un pan du glacier Petermann, dans le nord-ouest du Groenland, en juillet 2012. L'iceberg qui s'est détaché avait une surface de quelque 32,3 km2. Crédit : Nasa

Vêlage d’un pan du glacier Petermann, dans le nord-ouest du Groenland, en juillet 2012. L’iceberg qui s’est détaché avait une surface de quelque 32,3 km2. Crédit : Nasa

Pour les chercheurs, cette réduction des glaces au pôle Nord au cours des dernières décennies est une des preuves les plus tangibles de l’accélération du réchauffement de la planète. Et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que les glaces de l’Arctique pourraient disparaître complètement dès 2050.
Les exploits réalisés en traversant cet océan sur des voiliers, tels qu’Olivier Pitras (1999 et 2008) ou Yvan Bourgnon (2017), deviendront alors monnaie courante, avec sans doute l’organisation de courses « transarctiques » suivies… par satellites.

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