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Mission Hera : la défense planétaire à l’épreuve

Publié le 04 octobre 2024

Sommes-nous prêts à nous défendre contre un astéroïde qui viendrait percuter la Terre ? Après la mission américaine DART qui a dévié l’astéroïde Dimorphos de sa trajectoire en le percutant, la mission européenne Hera va étudier si cette technique est fiable.

Mission Hera : la défense planétaire à l’épreuve

Il y a deux ans, la sonde américaine DART (Double Asteroid Redirection Test) percutait le petit astéroïde Dimorphos, satellite naturel de Didiymos. Les premiers résulats montrent que son orbite a été légèrement modifiée. Mais, pour valider cette stratégie de défense planétaire, la sonde européenne Hera, se lance à son tour en direction de ce double astéroïde. Une nouvelle mission alors que les agences spatiales prennent de plus en plus conscience du risque que représentent les géocroiseurs. Le décollage a eu lieu le 7 octobre 2024 à 16h52 avec un lanceur Falcon 9 de SpaceX. 

SpaceX a publié cette vue exceptionnelle de la Terre et du second étage de son lanceur Falcon 9, peu de temps avant la libération de la sonde Hera.
© SpaceX

Hera vogue vers Dimorphos

La sonde va parcourir 11 millions de km jusqu’en décembre 2026 pour atteindre l’astéroïde

Mise à jour du 08/10/2024

SpaceX n’annonçait une météo favorable qu’à 15% ce qui laissait craindre un report. L’arrivée de l’ouragan Milton sur la Floride a déjà provoqué le report sine die de la mission Europa Clipper, qui doit explorer la lune glacée de Jupiter, Europe. Pourtant, pile à l’heure prévue, à 16 h 52, le lanceur Falcon 9 a quitté le Space Launch Complex 40. Après 3 min 33, la coiffe s’est séparée. Puis, au bout de 7 min , le moteur du second étage s’est éteint une première fois. Il s’est ensuite rallumé avant de libérer la sonde 1 h 16 après le lancement. Hera va maintenant parcourir 11 millions de km pendant deux ans et demi. Elle va profiter de l’assistance gravitationnelle de Mars, survoler sa lune Deimos et se faire peu à peu rattraper par Didymos et Dimorphos. Arrivée prévue en décembre 2026. À partir de là, Hera est prévu pour fonctionner durant six mois. 

Revivez le décollage de la mission Hera de l’ESA

Le Décollage a eu lieu le 07 octobre 2024 à 16h52

Hera est parti en Falcon 9 de SpaceX depuis le Space Launch Complex 40 de Cape Canaveral, en Floride

L’astéroïde Dimorphos a été capturé par la mission DART de la NASA seulement deux secondes avant que le vaisseau spatial ne heurte sa surface. Les observations de l’astéroïde avant et après l’impact suggèrent qu’il s’agit d’un objet peu compact. © NASA/Johns Hopkins APL

En quoi consistait la mission DART ?

DART a modifié l’orbite de l’astéroïde Dimorphos

L’Agence spatiale européenne (ESA) lance la mission Hera dans le but d’étudier en détail les conséquences de l’impact de la sonde américaine DART sur l’astéroïde Dimorphos. Le 27 septembre, DART (Double Asteroïd Redirection Test) a réalisé une première mondiale. L’engin a été sciemment projeté à plus de 23 000 km/h contre l’astéroïde Dimorphos de 160m de diamètre. Ce caillou est, en fait, le satellite naturel d’un autre astéroïde plus gros, de 800 m de diamètre, Didymos. Les observations télescopiques réalisées après l’impact ont confirmé que la période orbitale de Dimorphos autour de Didymos avait bien été raccourcie d’environ 32 minutes. C’est la première fois qu’une telle déviation d’un corps céleste est observée de manière contrôlée. Si DART a prouvé la faisabilité de la technique de l’impacteur cinétique, elle n’a pas permis de mesurer précisément l’ampleur de la déviation de Dimorphos, ni de caractériser en détail les modifications de la surface de l’astéroïde. Dart a lancé, quelques jours avant l’impact, un petit satellite, Liciacube pour observer l’impact à distance. Ses clichés, et les télescopes sur Terre ont montré qu’approximativement 10.000 tonnes de matière ont été expulsées sur plus de 10.000 km. Ce panache, tel celui d’une fusée, a été le principal moteur de la déviation de Dimorphos : il a eu entre 2 et 4 fois plus d’effet que n’en a eu l’impact de Dart lui-même.

Qu’est-ce que la mission Hera ?

Hera doit valider cetTE nouvelle technique de défense planétaire.

Équipée d’une dizaine d’instruments scientifiques et de deux CubSats, Hera doit réaliser une cartographie précise de Dimorphos, mesurer sa masse et sa composition, et évaluer les modifications de son orbite causées par l’impact de DART. Parmi ces instruments, on retrouve notamment des caméras haute résolution pour observer le cratère formé par l’impact, un radar pénétrant pour étudier la structure interne de l’astéroïde, et des lasers pour mesurer sa forme avec précision. Ces données permettront de déterminer la quantité précise de matière éjectée lors de l’impact, la taille et la profondeur du cratère, ainsi que les modifications de la surface de l’astéroïde. Les lasers, quant à eux, fourniront des mesures très précises de la forme de Dimorphos, ce qui permettra de calculer avec exactitude sa masse et sa densité. Deux Cubesats sont embarqués et seront libérés à proximité de l’astéroïde. L’un d’eux, Juventas tentera de se poser sur Dimorphos pour étudier ses propriétés de surface et comprendre sa structure interne.

Le trajet de Hera

Après le décollage en Falcon 9 de Space X, Hera va voyager près de deux ans et demi avant de rejoindre l’orbite de Didymos et de Dimorphos. La sonde européenne doit étudier l’astéroïde en surface et en profondeur. Il s’intéressera tout particulièrement au cratère d’impact pour étudier sa forme, sa structure… En toute fin de mission, le CubeSat Juventas tentera de se poser sur l’astre pour poursuivre la mission.

Hera arrivera en 2026 autour de Dimorphos et Didymos.

© ESA

Le lancement de Neo Surveyor, le telescope spatial chargé de repérer les astéroïdes géocroiseurs potentiellement dangereux, est prévu pour 2028.

@Vue d’artiste – NASA

Comment sont recensés les astéroïdes dangereux ?

Les astéroïdes géocroiseurs, présentent une diversité de tailles et de caractéristiques orbitales, ce qui influe directement sur les risques

Les astéroïdes géocroiseurs sont des corps dont l’orbite croise celle de la Terre. Bien que la plupart des géocroiseurs ne présentent aucun danger, il est important de les surveiller de près afin de détecter à temps ceux qui pourraient représenter une menace.

  • Astéroïdes de petite taille (< 10 mètres) : Ces objets sont les plus nombreux, mais aussi les moins dangereux. Lors de leur entrée dans l’atmosphère terrestre, ils se désintègrent généralement en produisant des bolides lumineux, sans atteindre le sol.
  • Astéroïdes de taille moyenne (10 à 150 mètres) : Ces astéroïdes peuvent provoquer des dégâts importants à l’échelle régionale en cas d’impact.
  • Astéroïdes de grande taille (> 150 mètres) : Ces objets représentent une menace globale. Un impact avec un astéroïde de cette taille pourrait provoquer des extinctions massives et modifier le climat de la Terre.

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