• Mars

Perseverance a-t-il trouvé des signes de vie passée sur Mars ?

Publié le 05 août 2024

Une roche martienne analysée par le rover montre de potentiels indices d’activité microbienne très ancienne. La NASA se veut toutefois très prudente et estime que seul un retour des échantillons sur Terre permettrait de trancher.

Perseverance a-t-il trouvé des signes de vie passée sur Mars ?

Arrivé sur la planète rouge le 18 février 2021, le rover d’un peu plus d’une tonne Perseverance a été conçu pour y chercher des indices de vie passée. Plusieurs de ses instruments (dont SHERLOC récemment réparé à distance) ont été pensés dans ce sens. L’astromobile de la NASA est également équipée afin de récolter des échantillons et les préparer pour une future mission visant à les amener sur Terre. Deux objectifs qui se conjuguent avec la nouvelle découverte de l’explorateur robotique.

Les «taches léopard» de Cheyava Falls

La quête de la vie passée

C’est grâce à une roche de 1 m par 0,6 m, baptisée Cheyava Falls par les équipes au sol, que Perseverance a signé une avancée significative dans la recherche d’indices d’une vie passée sur Mars. Les images montrent des douzaines de petites taches blanchâtres de quelques millimètres de large entourées de noir. Une apparence qui explique le surnom de «taches léopard». Différentes analyses avec notamment l’instrument SHERLOC (Scanning Habitable Environments with Raman & Luminescence for Organics & Chemicals) ont révélé la présence de molécules dites organiques (contenant du carbone). Si celles-ci se retrouvent dans les mécanismes du vivant, elles peuvent aussi provenir de processus ne faisant pas appel à la vie. Toutefois les réactions chimiques impliquées dans la formation de ces taches «peuvent être une source d’énergie pour des microbes», indique le communiqué de la NASA. L’astrobiologiste australien David Flannery, membre de l’équipe scientifique de Perseverance, enfonce le clou : «Sur Terre, de telles caractéristiques au sein de roches sont souvent associées aux traces fossilisées de microbes vivant dans le sous-sol».

Gros plan sur le rocher baptisé Cheyava Falls qui présente des «taches léopard» (Leopard Spot sur l’image) de quelques millimètres de large.
©NASA/JPL-Caltech/MSSS

Les 7 étapes de la CoLD Scale selon une illustration de la NASA. CoLD signifie Confidence of Life Detection (confiance dans la détection de la vie). Les étapes sont (de bas en haut) : détection d’un signal possible, écarter toute contamination, s’assurer que la biologie est possible, écarter tout ce qui est non-biologique, étude indépendante additionnelle, écarter les autres hypothèses, confirmation indépendante.
©NASA/Aaron Gronstal

Prudence avant tout

1 étape sur 7

Lorsqu’on parle ici d’une éventuelle vie passée sur Mars, cela induit une échelle de temps de plus de 3 milliards d’années. En effet, les précédentes missions, et surtout celle du rover jumeau Curiosity, ont démontré que la planète rouge avait autrefois connu des conditions favorables à l’émergence du vivant (présence d’eau liquide en surface et atmosphère suffisamment dense contrairement à aujourd’hui). Toutefois, passer de potentiellement habitable à habité exige des indices solides. Si le cas des «taches léopard» de Cheyava Falls s’avère intéressant, la NASA affiche surtout une grande prudence dans son communiqué en évoquant une roche qui «possède des qualités qui correspondent à la définition d’un indicateur possible de vie ancienne». Pour illustrer encore plus ce phrasé précautionneux, l’agence américaine utilise le dessin ci-contre qui explique la CoLD Scale, les 7 étapes à franchir avant de pouvoir affirmer qu’on est en présence d’une preuve du vivant. La récente découverte de Perseverance ne répond qu’à la première étape sur sept ! 

Comment faire pour gravir les échelons suivants ?

Ken Farley, responsable scientifique de Perseverance au Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA a la réponse : «Nous voudrions ramener l’échantillon de Cheyava Falls sur Terre, afin qu’il puisse être étudié avec les puissants instruments disponibles dans les laboratoires». Le rover a en effet effectué un prélèvement sur la roche en question et la mission américano-européenne Mars Sample Return a pour objet de récolter des échantillons obtenus par Perseverance afin de les amener sur notre planète. Cette mission robotique très complexe qui associe la NASA et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) qui visait initialement un peu après 2030 rencontre toutefois des difficultés budgétaires.

Articles sur le même thème

La Cité de l’espace en ligne

Nos ressources et actualités spatiales