Apollo 11 : oublis et légendes

Publié le 06 janvier 2016

Apollo 11 : oublis et légendes

Enjoy Space vous propose de revivre en photos (cliquez ici pour le premier portfolio et ici pour le deuxième) la mission Apollo 11 dont on célèbre les 45 ans.
Lisez également notre article sur Les 45 ans d’Apollo 11.
Mais, justement, plus de 4 décennies plus tard, on constate que certaines inexactitudes finissent par s’imposer alors qu’elles sont fausses. Petit tour des oublis et légendes d’Apollo 11.

Légende : la photo du premier pas


Crédit : NASA

Ce cliché ci-dessus est fréquemment présenté comme étant celui du premier pas sur la Lune. En fait, Neil Armstrong a posé le pied gauche juste à côté de la coupelle placée au bout du pied d’atterrissage (voir son entraînement dans ce portfolio). Avec si peu d’élan, non seulement, sa trace était-elle probablement très peu profonde, mais elle a été sans doute effacée puisque cette zone fut abondamment piétinée lorsque lui et son collègue Buzz Aldrin sont remontés dans le Module Lunaire. Ce cliché a été réalisé environ une heure après le premier pas. Buzz Aldrin avait alors volontairement pris de l’élan pour enfoncer le plus possible sa botte dans le sol lunaire et accompli une série de photos afin qu’elles soient étudiées par les scientifiques.

Oubli : les Soviétiques voulaient marcher sur la Lune

Crédit : DR

C’est une idée reçue bien plus courante qu’on ne le pense. La course à la Lune n’aurait jamais eu lieu, les États-Unis la menant seuls puisque l’URSS n’ambitionnait qu’un programme robotique… En fait, les Soviétiques ont même conçu, fabriqué et lancé à 4 reprises une fusée lunaire comparable à la Saturn V américaine. La N1 (photo ci-dessus) devait amener un cosmonaute sur notre satellite naturel afin de démontrer la suprématie du système communiste. Mais divisé entre plusieurs initiatives, qu’accentuaient des querelles personnelles et politiques, le programme lunaire soviétique accumula les déconvenues. Ainsi, les 4 tirs de la N1 de 1969 à 1971 (vols de test sans cosmonautes à bord) se soldèrent à chaque fois par un échec.

Légende : la chance de Mr Gorsky

Crédit : NASA

Une fois sur la Lune, Neil Armstrong aurait prononcé l’énigmatique phrase : «bonne chance Mr Gorsky». Ceci car, bien des années auparavant, le jeune Neil, allant chercher une balle de baseball égarée chez des voisins aurait surpris une conversation ou un couple se disputait, madame refusant de faire un certain type de câlin à son mari. L’épouse récalcitrante promit alors de le faire lorsque «le gamin d’en face marchera sur la Lune». Une condition qu’elle pensait bien évidemment irréaliste. Neil Armstrong plusieurs fois précisa plusieurs fois avant sa mort en 2012 que tout ceci était faux. Mais cette blague en dessous de la ceinture perdure malgré tout.
Oubli : les messages de bonne volonté

Crédit : NASA

Le drapeau américain planté sur la Lune : un geste souvent interprété comme une démonstration de suprématie. Certes, en cette période de guerre froide, les États-Unis entendaient rappeler qu’ils étaient les premiers à marcher sur notre satellite naturel. Mais la bannière étoilée était aussi un message patriotique adressé au contribuable américain qui finançait par ses impôts le programme Apollo. Toutefois, les autres nations furent invitées à être symboliquement présentes sur le sol lunaire. La NASA réalisa ainsi un disque en silicium de moins de 4 cm de diamètre sur lequel furent gravés des messages de bonne volonté rédigés par des chefs d’État. Mais sur les 116 pays contactés, seuls 73 répondirent à temps avec de notables absents comme presque toutes les nations de l’Est (guerre froide oblige) ou même la France. Il faut préciser que le délai de réponse était anormalement court (moins d’un mois) pour une demande aussi officielle. Le disque fut lâché à la surface de la Lune par les astronautes peu avant la fin de leur historique sortie en scaphandre sans aucun cérémonial, contribuant à l’oubli de cette initiative.

Légende : Aldrin refusa de photographier Armstrong sur la Lune


Crédit: NASA

Jaloux de ne pas être le premier, Buzz Aldrin «s’arrangea» pour ne jamais photographier Neil Armstrong sur la Lune… En fait, le programme des tâches à accomplir lors de l’unique sortie en scaphandre de 2 heures et 36 minutes était des plus chargé. De plus, un seul appareil photo Hasselblad était préparé pour affronter l’environnement lunaire et c’est Neil Armstrong qui l’utilisa la majorité du temps ! Buzz Aldrin disposa du boîtier de la célèbre marque suédoise un court moment. Il réalisa alors le cliché de son empreinte (parfois considéré à tort comme celui du premier pas) et cette photo de Neil Armstrong près du Module Lunaire (ci-dessus).


Oubli : les ennuis juridiques de la NASA

 

 

 

Crédit : Alan Light – CCby2.0

 

Peu après l’alunissage, Buzz Aldrin annonça par radio qu’il invitait les gens à réfléchir à la portée de cet événement et accomplit alors une brève eucharistie (se versant du vin dans un petit calice et avalant une hostie) de façon très discrète et sans jamais mentionner la nature religieuse de sa propre méditation. Pourtant, lors d’Apollo 8, les astronautes Frank Borman, Jim Lovell et William Anders avaient lu la genèse pour conclure une retransmission télévisée alors qu’ils tournaient autour de la Lune la veille de Noël. Mais la militante athée américaine Madalyn Murray O’Hair (1919-1995, ici un cliché datant de 1983) estima que la NASA avait enfreint le premier amendement de la constitution des États-Unis qui garantit la liberté de religion (l’agence américaine aurait selon elle encouragé une religion plutôt que d’autres avec cette lecture de la genèse). En conséquence, elle saisit la cour suprême. La procédure étant en cours lors d’Apollo 11, la NASA avait demandé à ses astronautes d’éviter toute référence religieuse appuyée, instruction scrupuleusement respectée par Aldrin. En avril 1970, la cour suprême des États-Unis rejeta la plainte de O’Hair.

Légende : des missions tournées en studio


Crédit : NASA
Apollo 11, et les autres missions lunaires, ne seraient qu’un immense mensonge d’État et tout aurait été tourné en studio. Tout a démarré avec un ouvrage publié à compte d’auteur par Bill Kaysing (1922-2005) largement passé inaperçu à sa sortie en 1974 et intitulé «Nous ne sommes jamais allés sur la Lune». Mais cette théorie fumeuse basée sur des analyses techniques systématiquement fausses a séduit de nombreux amateurs de théories des complots et connu un regain avec internet. Beaucoup semblent oublier que Bill Kaysing a rapidement sombré dans le ridicule en affirmant à maintes reprises que même les satellites de télécommunication ou d’observation de la Terre n’existaient pas en réalité, leurs fonctions étant soi-disant assurées par des dirigeables camouflés ! Enfin, certains colportent cette thèse du complot pour avant tout vendre leur dernier livre ou DVD.

Oubli : une équipe de 400 000 personnes

 

Crédit : NASA

 

Les trois astronautes d’Apollo 11 l’ont souvent répété : ils ne sont que la partie émergée de l’iceberg qui occulte le travail de plus de 400 000 personnes réparties entre la NASA et les nombreux industriels et sous-traitants qui participaient au programme lunaire américain. Le 23 juillet 1969, alors que le trio naviguait vers la Terre, Michael Collins déclara pendant une retransmission télévisée que «tout ceci n’est possible que par le sang, la sueur et les larmes d’un grand nombre de gens». Buzz Aldrin et Neil Armstrong complétèrent les propos de leur camarade en estimant qu’Apollo 11 n’avait été possible que par un effort continu de l’humanité pour comprendre et explorer le monde qui l’entoure. Collins, Aldrin et Armstrong ont par la suite rappelé de nombreuses fois ce fait pour que jamais cet esprit d’équipe ne sombre dans l’oubli.

Publié le 16 juillet 2014