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Encelade, une lune de Saturne habitable ?
Publié le 14 avril 2017
La petite lune de Saturne de 500 km de diamètre Encelade, héberge un océan sous sa croûte de glace. Les données de la sonde Cassini indiquent qu’une activité hydrothermale pourrait y créer des conditions favorables à une vie microbienne.
Le 13 avril, la NASA a mis en avant deux études scientifiques basées sur des données de la sonde Cassini et du télescope spatial Hubble. S’il ne s’agit pas de découvertes inédites, elles vont en revanche dans le sens d’un habitabilité potentielle pour deux lunes de planètes géantes : Encelade et Europe.
Encelade, un petit monde habitable ?
Avec environ 500 km de diamètre, Encelade est une petite lune de Saturne, la deuxième plus grande planète du Système solaire. Depuis 2004, la sonde Cassini (une mission qui associe la NASA, l’Agence Spatiale Européenne et l’Agence Spatiale Italienne) orbite autour de la géante gazeuse afin de la scruter tout en examinant ses anneaux et ses nombreuses lunes.
L’agence américaine a relayé des travaux publiés dans la revue de référence Science à propos justement d’Encelade. Au sud de celle-ci, Cassini a étudié des geysers qui trahissent la présence d’un océan sous-glaciaire. Si loin du Soleil, un tel océan d’eau liquide pose problème : il fait trop froid… Mais les planétologues ont identifié le mécanisme à l’œuvre. La petite lune subit un effet de marée gravitationnelle de la part de Saturne, ce qui contracte son noyau qui s’échauffe. De plus, la sonde Cassini a survolé Encelade en passant dans les panaches des geysers afin d’en déterminer la composition. Le verdict ? 98 % d’eau, 1 % d’hydrogène et le reste est une mixture de dioxyde de carbone, de méthane et d’ammoniac.
Pour les scientifiques, la présence d’hydrogène montre que l’eau de l’océan d’Encelade réagit chimiquement avec les roches au fond de celui-ci. S’il y avait des microbes, ils trouveraient là un «moteur chimique» pour subsister. Hunter Waite du Southwest Research Institute, et auteur principal de l’article de la revue Science en question, résume ainsi la situation d’Encelade vis-à-vis du vivant : «Bien que nous ne puissions pas détecter la vie, nous avons trouvé qu’il y a une source de nourriture pour elle ici. Ce serait comme un magasin de bonbons pour microbes».
On notera que cette potentialité d’habitabilité est telle que la NASA (ainsi que pour une autre lune de Saturne, Titan, mais avec des conditions très différentes) a décidé de faire plonger Cassini dans l’atmosphère de Saturne le 15 septembre prochain afin qu’elle s’y consume intégralement. La logique est de ne pas risquer que la sonde s’écrase sur ces lunes, ce qui pourrait les contaminer. Ci-dessous, la vidéo qui annonce ce «grand final» en version sous-titrée en français.
Europe, la lune dotée d’une banquise
Le communiqué de la NASA du 13 avril évoque également le cas d’Europe, lune de Jupiter de 3120 km de diamètre. Ce monde apparaît recouvert en totalité d’une banquise, un fait constaté par plusieurs sondes d’exploration. La présence d’un océan sous-glaciaire est donc bien évidemment soupçonnée et les scientifiques estiment depuis longtemps que, là aussi, des conditions favorables au vivant pourraient exister. Cette fois-ci, de nouveaux éléments sont apportés par le Télescope spatial Hubble (qui associe la NASA et l’Agence Spatiale Européenne). L’instrument STIS (un spectrographe) de cet observatoire orbital a été employé pour scruter Europe en 2014 et 2016, ce qui a permis de détecter des panaches de geysers s’élevant de 50 à 100 km de hauteur. Ces panaches seraient de l’eau qui s’échappe de l’océan souterrain via des failles, à l’image de ce qui se produit sur Encelade. Publiée dans The Astrophysical Journal, cette étude est un indice supplémentaire en faveur d’une habitabilité potentielle de cette lune.
Ci-dessous, une vidéo NASA détaillant ces travaux.