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La lune, l’autonomie et la commercialisation à l’IAC2022

Publié le 22 septembre 2022

Du 18 au 22 septembre, Paris a accueilli le 72ème International Astronautical Congress (IAC), réunissant plus de 8500 acteurs du spatial. Le retour vers la Lune, l’autonomie de l’accès à l’espace et la commercialisation étaient très présents.

Le Congrès International d’Astronautique (ou IAC pour International Astronautical Congress) fondé par la Fédération Internationale d’Astronautique réunit annuellement le monde spatial. Pour sa 72ème édition, il a été accueilli à Paris avec l’agence spatiale française CNES comme hôte.

L’autonomie s’impose

Cet IAC2022 mettait en avant son slogan Space for @ll (l’espace pour tous) afin d’accentuer une volonté d’ouverture sans oublier l’urgence climatique et le développement durable. Lors des discours d’ouverture, ces deux thèmes furent logiquement rappelés : les satellites permettent en effet de suivre le changement climatique alors que de nombreuses technologies spatiales sont à même d’aider concrètement une logique de développement durable.
Cependant, en cette période de tensions géopolitiques, la question de l’autonomie n’a pas été éludée, qu’il s’agisse de l’accès à l’espace ou des capacités technologiques liées aux différentes applications spatiales y compris militaires. La première ministre française Élisabeth Borne a d’ailleurs déclaré lors de la cérémonie d’ouverture : «Nous ne pouvons pas être les naïfs de la militarisation de l’espace».

Appelé à remplacer Ariane 5 l’année prochaine, le lanceur Ariane 6 vise certes le marché commercial, mais assume aussi son rôle central d’accès européen autonome à l’orbite. Dans la continuité de ce thème de l’autonomie et du Space Summit de Toulouse de février 2022, ArianeGroup présenta dès le premier jour SUSIE (Smart Upper Stage for Innovative Exploration), un concept d’étage supérieur polyvalent.

Maquette de SUSIE sur le stand d’ArianeGroup à l’IAC2022 de Paris. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Maquette de SUSIE sur le stand d’ArianeGroup à l’IAC2022 de Paris.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Le terme polyvalent n’est pas usurpé puisque SUSIE peut être un cargo spatial automatique ou un vaisseau capable de transporter des astronautes. Il revient au sol en rétropropulsion et se veut réutilisable. Il pourra être lancé par Ariane 6, mais aussi les successeurs du lanceur européen.
Ci-dessous, une vidéo ArianeGroup sur SUSIE.

SUSIE n’est pas un programme de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). ArianeGroup précise qu’il s’agit de «proposer aux décideurs européens des solutions technologiques intelligentes et ambitieuses, capables de contribuer à l’indépendance d’accès à l’espace». Rappelons que l’ESA tiendra en novembre prochain une réunion de ses États membres au niveau ministériel au cours duquel la question de l’autonomie sera centrale.

Vers la Lune

Bien évidemment, alors que le lancement inaugural du SLS (Space Launch System) pour la mission Artemis I se fait attendre, le retour vers et sur la Lune était omniprésent. Le programme Artemis de la NASA associe 3 autres agences spatiales, à savoir l’ESA, la JAXA (Japon) et l’ASC (Canada). Dans les expositions, les stands accueillaient de nombreuses maquettes liées à cet élan vers notre satellite naturel.

Deux exemples de maquettes liées au retour vers la Lune. Gauche : la capsule Orion de la NASA avec son module de service ESM fourni par l’ESA. Droite : l’habitat lunaire gonflable de Spartan Space qui pourrait être une contribution européenne aux activités à la surface de notre satellite naturel. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Deux exemples de maquettes liées au retour vers la Lune. Gauche : la capsule Orion de la NASA avec son module de service ESM fourni par l’ESA. Droite : l’habitat lunaire gonflable de Spartan Space qui pourrait être une contribution européenne aux activités à la surface de notre satellite naturel.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Aux termes des accords actuels avec la NASA, l’ESA dispose de 3 opportunités de vols d’astronautes européens (ou européennes) vers la Lune. Lors de la journée grand public, le 21 septembre, l’ESA organisa sur son stand une rencontre avec 6 de ses astronautes, 4 étant sur place (Thomas Pesquet, Matthias Maurer, Alexander Gerst et Luca Parmitano) et 2 par visioconférence (Samantha Cristoforetti depuis l’ISS et Andreas Mogensen depuis Houston d’où il s’entraîne pour sa prochaine mission). Leur participation aux futures missions lunaires d’Artemis fut clairement évoquée.

De gauche à droite : le directeur général de l’ESA Josef Aschbacher et les astronautes Alexander Gerst, Thomas Pesquet, Luca Parmitano et Matthias Maurer. Notez le logo du programme Artemis sur le polo de ces derniers en plus de celui de l’ESA. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

De gauche à droite : le directeur général de l’ESA Josef Aschbacher et les astronautes Alexander Gerst, Thomas Pesquet, Luca Parmitano et Matthias Maurer. Notez le logo du programme Artemis sur le polo de ces derniers en plus de celui de l’ESA.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

En dehors du programme Artemis, d’autres nations visent la Lune avec par exemple la Corée du Sud (sa sonde Danuri doit s’inscrire sur orbite sélène à la fin de l’année) ou l’Inde. Bien que peu présente, la Chine a toutefois rappelé son initiative ILRS (International Lunar Research Station).

Sur son stand, l’agence japonaise JAXA montrait un échantillon de l’astéroïde Ruygu ramené sur Terre par la sonde Hayabusa2.<br /> Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Sur son stand, l’agence japonaise JAXA montrait un échantillon de l’astéroïde Ruygu ramené sur Terre par la sonde Hayabusa2.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

L’exploration du Système solaire au-delà du couple Terre-Lune répondait présente. Ainsi le CNES exposait une maquette du rover franco-allemand qui sera amené sur la lune de Mars Phobos par une sonde japonaise (décollage prévu en 2024).

Sur le stand du CNES, la maquette du rover franco-allemand qui arpentera la surface de Phobos, lune de Mars. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Sur le stand du CNES, la maquette du rover franco-allemand qui arpentera la surface de Phobos, lune de Mars.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

La commercialisation de l’espace

L’autre sujet omniprésent de l’IAC était sans surprise la commercialisation de l’espace. La partie consacrée aux stands accueillait de nombreuses entreprises dont des start-ups proposant de nouvelles idées, allant de services dédiés aux très petits satellites (les CubeSats constitués d’unités cubiques standardisées de 10 cm de côté) à des projets étonnants comme ce satellite britannique conçu pour l’orbite très basse (150 km et un peu au-dessus) capable d’utiliser le peu d’oxygène et d’azote résiduels à cette altitude pour alimenter son propulseur et compenser l’inévitable traînée atmosphérique (il pourrait être testé en vol en 2025).

Concept de station spatiale commerciale présenté en maquette sur le stand de Northrop Grumman. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Concept de station spatiale commerciale présenté en maquette sur le stand de Northrop Grumman.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

La NASA joue un rôle important au sein de cette commercialisation en recourant de plus en plus à une logique de contrats de prestations de service auprès de sociétés mises en concurrence. C’est le cas pour les cargos et même les vols habités vers l’ISS. Et cela continue avec des contrats commerciaux pour certaines missions vers la Lune ou pour les stations privées qui prendront la suite de l’ISS. Ces stations auront du coup pour client l’agence américaine, mais pas seulement ! La NASA souhaite en effet qu’une nouvelle économie spatiale se développe et qu’elle ne dépende pas que d’elle.

Comme chaque année, l’IAC est donc une occasion unique de saisir un panorama du spatial actuel et des tendances du futur. Après Paris en 2022, ce sera Bakou en Azerbaïdjan qui accueillera ce congrès l’année prochaine.

La Cité de l’espace était présente à l’IAC2022 pour la journée grand public du 21 septembre avec son Expérience Lune, une découverte des spécificités de notre satellite naturel par des animations scientifiques. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

La Cité de l’espace était présente à l’IAC2022 pour la journée grand public du 21 septembre avec son Expérience Lune, une découverte des spécificités de notre satellite naturel par des animations scientifiques.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

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