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Le ciel et la science en automatique avec l’eVscope2

Publié le 20 janvier 2023

Conçu par la société française Unistellar, l’eVscope2 est un télescope automatisé capable de fournir en peu de temps des images d’objets du ciel profond telles les nébuleuses ou les galaxies. On peut aussi l’utiliser pour de la science participative.

Le ciel et la science en automatique avec l’eVscope2

L’intégration poussée de technologies d’imagerie et d’électronique a permis la naissance de lunettes ou de télescopes automatisés. Ces instruments d’un nouveau genre montrent un «cliché augmenté» d’une portion du ciel, révélant par exemple les couleurs des nébuleuses en quelques minutes. Tel est le cas avec l’eVscope2 d’Unistellar, une société française basée à Marseille.

Nébuleuses et galaxies au menu de votre smartphone

Avant tout, il convient de préciser qu’avec ce type de télescope votre oeil ne regarde pas directement la lumière venue du ciel. L’eVscope2 est certes doté d’un miroir de 114 mm (un diamètre plutôt modeste), mais les photons ainsi récoltés sont focalisés sur un capteur Sony. L’électronique intégrée et son logiciel empilent alors les clichés sur plusieurs minutes pour offrir ce qu’Unistellar appelle une «vision amplifiée». Sur votre smartphone, qui contrôle avec une application spécifique l’eVscope2, s’affiche une photo. Techniquement, il s’agit donc d’un astrographe automatique. Notons que l’application pilote intégralement le télescope : il suffit de choisir un objet dans une liste (qui ne présente que ce qui est visible en fonction du lieu et de l’heure) pour voir le tube optique s’orienter tout seul vers la portion de ciel désirée ! Aucun pointage d’une étoile n’est à accomplir en préalable.

L’amas globulaire Messier 13 avec l’eVscope2 (cliché légèrement recardé).
© Cité de l’espace

La nébuleuse d’Orion, un classique du ciel d’hiver, prise en photo avec l’eVscope2.
© Cité de l’espace

Votre smartphone fournit en effet la localisation et l’heure exacte (avec sa puce de géolocalisation par satellite) à l’électronique de l’eVscope2 qui se base ensuite sur une carte en mémoire pour se repérer sur la voûte nocturne grâce aux images saisies par le capteur.
Les photos de galaxies ou nébuleuses affichées sur le smartphone peuvent bien sûr être partagées ou envoyées vers un ordinateur. L’eVscope2 offre de plus la possibilité de regarder l’objet céleste avec son oculaire électronique intégré. Même si l’expérience se rapproche alors d’une observation classique, à nouveau, on voit en fait un écran. Les puristes de l’astronomie visuelle ou de l’astrophotographie avec du matériel pointu n’y trouveront pas forcément leur compte (ce type d’instrument ne leur est pas destiné au final), mais lors de nos essais, les néophytes ont exprimé leur étonnement en découvrant les couleurs de la nébuleuse d’Orion, un classique du ciel d’hiver.

La science participative en quelques clics

Cette intégration technologique poussée a sans surprise un prix. Le tarif de l’eVscope2 est de 4 499 €. Son petit frère eQuinox2 sans oculaire électronique affiche 2 499 €. Les deux instruments sont autonomes puisque équipés d’une batterie assurant plusieurs heures de fonctionnement (pour la motorisation du pointage et du suivi comme pour l’électronique intégrée).
Pour se démarquer, Unistellar a décidé de doter ses télescopes d’une fonction de science participative. Tout se fait en quelques clics sur l’écran de votre smartphone via l’application de contrôle. Le principe est que, grâce au GPS, l’observation réalisée vient avec une localisation et un repère de temps précis. L’application se charge ensuite du partage des données avec des institutions scientifiques selon des programmes pré-établis. La force repose sur le réseau des personnes utilisant un eVscope2 ou un eQuinox2.

 

Saisie avec l’eVscope2 : la galaxie NGC 891. Unistellar nous a prêté un exemplaire de son télescope pour que nous puissions réaliser ces quelques clichés.
©Cité de l’espace

La nébuleuse Dumbell (eVscope2).
© Cité de l’espace.

Par exemple, pour la détection d’exoplanètes, il s’agit de mesurer une baisse d’éclat d’une étoile qui trahit le passage d’une de ses planètes (cette dernière bloque une partie de la lumière).  La multiplication des observations coordonnées (et récoltées par l’application) fournit des données exploitables par des scientifiques. À ce titre, Unistellar a conclut un partenariat avec, entre autres, le SETI Institute. Les sujets d’étude répertoriés à ce jour sont les occultations par un astéroïde, les transits d’exoplanètes,  la défense planétaire, l’activité des comètes et les cataclysmes cosmiques. Exemple concret récent : en octobre 2022, l’astéroïde Eurybates fut scruté avec plusieurs eVscope2 afin d’aider la mission Lucy de la NASA. Ces observations furent menées avec le concours de l’Association Française d’Astronomie (AFA).

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