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SpaceX perd des satellites Starlink à cause du Soleil
Publié le 10 février 2022
Le 3 février, SpaceX a lancé 49 nouveaux satellites pour sa constellation de connectivité web mondiale. Mais une quarantaine vont se consumer dans l’atmosphère en raison des effets d’une tempête solaire.
Depuis 2019 (après 2 satellites de tests en 2018), la société privée américaine SpaceX lance par ses propres moyens, avec ses Falcon 9, sa constellation de connectivité web mondiale Starlink. Celle-ci repose sur de nombreux petits satellites de moins de 300 kg placés sur orbite basse afin d’offrir un «maillage» de liaisons internet à destination de terminaux spécifiques au sol. En ce début d’année 2022, le service web de la firme du milliardaire Elon Musk compte environ 1800 satellites actifs. Le 3 février marquait déjà le troisième lancement de l’année dédié à Starlink !
Un lancement réussi de 49 satellites…
Le décollage a eu lieu du pas de tir LC-39A du centre spatial Kennedy de la NASA. Rappelons que SpaceX loue cette infrastructure, qui a notamment été utilisée pour le programme Apollo et les vols de navette, à l’agence américaine. Les installations ont été fortement modifiées pour accueillir les lanceurs Falcon 9 ou plus rarement sa version Falcon Heavy.
Ci-dessous, la vidéo SpaceX de la mission du 3 février 2022.
Au cours de ce vol, ce sont 49 satellites Starlink qui ont été correctement placés sur orbite basse. Les précédentes missions comprenaient généralement une soixantaine d’engins, mais la nouvelle génération de relais web orbitaux (dite version 1.5) étant un peu plus massive, le Falcon 9 en emporte moins.
Contrarié par le Soleil !
Comme à son habitude, SpaceX a envoyé ses satellites sur une orbite plus basse (à savoir 210 km) que celle à partir de laquelle ils sont censés fonctionner (550 km environ). Ceci permet de se débarrasser rapidement d’un satellite éventuellement défaillant sur le lot en le laissant naturellement rentrer dans l’atmosphère avant de procéder aux manœuvres qui font prendre de l’altitude pour atteindre celle de travail (les satellites sont dotés d’une petite propulsion). Pour la firme américaine, il s’agit ainsi d’éviter de générer des débris spatiaux.
Le problème est qu’une tempête solaire a touché notre planète le lendemain du décollage réussi. Selon un phénomène d’interaction bien connu, notre atmosphère a été affectée, augmentant la densité de celle-ci. L’effet concerne surtout l’orbite basse, comme celle des 49 nouveaux Starlink à seulement 210 km (pour le périgée, soit le point le plus bas de l’orbite).
Confrontés à une atmosphère plus dense, les 49 Starlink ont subi une traînée bien plus forte que prévu. Ils ont alors basculé en mode de sauvegarde, s’orientant de façon à présenter le moins de résistance aérodynamique possible. Cela n’a pas suffi et SpaceX a communiqué le 8 février que jusqu’à 40 de ses nouveaux satellites se retrouvent dans l’incapacité d’accomplir leurs manœuvres de rehausse d’orbite. Ils finiront donc par se consumer en rentrant dans l’atmosphère. Cette fin a d’ailleurs déjà commencé et a été filmée pour un Starlink au-dessus de Porto Rico le 7 février (vidéo Space.com ci-dessous).
L’astrophysicien américain Jonathan McDowell, spécialiste des objets spatiaux, a confirmé que cet événement était lié à la rentrée d’un des Starlink lancés le 3 février. Sur son site, il identifie le 10 février un total de 5 satellites ainsi consumés (3 le 6 février, 1 le 7 et un autre le 9).
D’autres devraient donc subir le même sort. Ces rentrées ne présentent aucun danger pour les populations au sol, car des satellites aussi légers se désagrègent intégralement à haute altitude.
Crédit image titre : Cité de l’espace à partir de SpaceX – NASA/Suomi National Polar-orbiting Partnership/Joshua Stevens – Space.com