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Du pastel pour Mars

En 1965, la sonde américaine Mariner 4 transmet ses premières images rapprochées de la planète rouge. Le temps de traitement des données au sol étant long, le premier cliché sera colorié à la main !

Le 14 juillet 1965, les équipes du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA attendent avec impatience la transmission des premières images de la planète rouge prises par Mariner 4 qui la survole à un peu moins de 10 000 km de distance. Ce centre de la NASA situé en Californie a conçu et fabriqué la sonde qui va devenir la première à survivre au périlleux voyage vers cette destination.

Imprimées sur des bandeaux et disposées sur un tableau, les données chiffrées de la caméra de Mariner 4 sont coloriées à la main avec des pastels pour créer la première image du survol de la planète le 14 juillet 1965

@NASA/JPL-Caltech/Dan Goods

Coloriage planétaire

Si l’engin de seulement 260 kg héberge plusieurs instruments scientifiques, ce sont les images récoltées par sa caméra vidéo à tube qui suscitent une forte attente. Le signal électrique de la caméra de Mariner 4 est converti par l’électronique de bord en données informatiques chiffrées qui demandent six heures de transmission radio pour chaque cliché (il y en aura 22 au total) en raison du volume de données. Sur Terre, en Californie, leur traitement exige du temps. Du coup, à la fois par curiosité et pour vérifier plus rapidement si l’équipement d’imagerie a fonctionné, les employés chargés des télécommunications au JPL décident d’assembler en un tableau les bandes de papier sur lesquelles sont inscrits les chiffres envoyés par la sonde en attribuant à chacun du noir ou une nuance de jaune-orange. Ainsi, la première image de Mars prise lors d’un survol naît d’un coloriage avec des crayons de type pastel ! Le traitement définitif des données confirmera le bon fonctionnement de la caméra, mais en noir et blanc, car la technologie retenue alors n’incluait pas la couleur. Le choix des nuances de jaune et orange s’appuyait sur le fait qu’il s’agissait après tout de la planète rouge (qui, à l’œil nu dans un télescope, apparaît en effet plutôt orange et brune).

La fin des martiens

Mariner 4 va invalider l’hypothèse d’une planète ars habitée

Les images envoyées par Mariner 4 et les données de ses instruments changèrent la perception de Mars. Alors que les auteurs de science-fiction s’amusaient à la peupler de créatures voire d’une civilisation avancée, la découverte d’une atmosphère très fine conjuguée avec d’autres conditions très peu favorables au vivant muèrent son portrait en un désert inhospitalier. Les décennies qui suivirent virent des missions qui atténuèrent ce rude verdict, dessinant une planète où il y a bien longtemps (comprenez environ 4 milliards d’années) l’eau coula à sa surface et où les conditions pour l’éclosion du vivant furent réunies.

Le cimetière des sondes

Lors de chaque mission, la NASA a coutume de rappeler que « Mars is hard » (Mars est dure). La quatrième planète traîne même la fâcheuse réputation de cimetière des sondes tant elle s’est avérée difficile à atteindre au début de l’ère spatiale.

En effet, lorsque Mariner 4 la survola en juillet 1965, elle signait un premier succès après sept échecs (au lancement ou sur le trajet) dont six pour l’Union soviétique et un pour les États-Unis.

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