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Des plantes un peu lunaires

Publié le 24 mai 2022

Des chercheurs ont fait pousser des plantes sur des échantillons de sol lunaire ramenés voici cinq décennies par les missions Apollo. Un procédé qui peut s’appliquer à l’agriculture sur Terre ou pour de futures bases sur la Lune.

Des plantes un peu lunaires

Si vous voulez faire pousser des plantes ou cultiver un potager, la Lune n’est pas l’endroit idéal, ce serait même un des pires possibles : pas d’atmosphère, des écarts de températures extrêmes (120°C au Soleil, -170°C à l’ombre), des nuits et des journées de 14 jours, etc. Pourtant, des chercheurs de l’université de Floride ont réussi à faire pousser des plantes sur du sol sélène. L’intérêt est à la fois spatial et terrestre.

Des Arabettes de Thalius presque lunaires

L’expérience a été menée par le département horticulture de l’université de Floride. Là-bas, Anna-Lisa Paul et Rob Ferl ont placé des graines d’Arabettes de Thalius (ou Arabidopsis thaliana) dans des échantillons de sol lunaire ramenés sur Terre par les missions Apollo 11, 12 et 17 voici cinq décennies. Nourries par un liquide contenant tous les nutriments nécessaires, les graines ont germé et les Arabettes presque lunaires ont développé leurs feuilles.

Anna-Lisa Paul (à gauche) et Rob Ferl commencent leur expérience à l’université de Floride. Crédit : UF/IFAS/Tyler Jones

Anna-Lisa Paul (à gauche) et Rob Ferl commencent leur expérience à l’université de Floride.
Crédit : UF/IFAS/Tyler Jones

Auparavant, dans les années 1970, des plantes avaient été cultivées sur des échantillons sélènes. La grande différence toutefois réside dans le fait qu’à l’époque les plantes choisies avaient déjà développé des racines et des feuilles avant d’être «rempotées»… Tel n’est pas le cas avec la recherche menée par Anna-Lisa Paul et Rob Ferl puisque tout a commencé au stade de la graine.

Des applications spatiales et terrestres

Chaque graine a bénéficié d’un gramme de sol lunaire, plus exactement du régolithe, la couche de poussière qui recouvre notre satellite naturel. Dès le deuxième jour, la germination a commencé. Un résultat espéré, car l’Arabette est connue pour son cycle court (six semaines pour arriver au stade ou d’autres graines sont produites), une des raisons qui en fait une plante très employée en science.
Concrètement, avec analyse des plantes à l’appui, l’expérience montre que le régolithe lunaire peut servir de sol pour y faire pousser des végétaux. L’idée est d’augmenter ainsi l’autonomie d’éventuelles futures bases lunaires avec des potagers sous serres pressurisées avec éclairage artificiel. Au lieu de faire venir de la terre de notre planète (ce qui a un coût non négligeable en terme de masse à transporter), on pourra planter les graines dans le régolithe collecté sur place.

Différence de développement entre les Arabettes cultivées sur du sol terrestre volcanique et (gauche) et du régolithe lunaire (droite). Crédit : UF/IFAS/Tyler Jones

Différence de développement entre les Arabettes cultivées sur du sol terrestre volcanique et (gauche) et du régolithe lunaire (droite).
Crédit : UF/IFAS/Tyler Jones

Un tel «potager lunaire» fournirait de la nourriture fraîche en complément des rations lyophilisées ou des conserves. De plus, les équipages auraient la satisfaction de manger un produit qu’ils auront cultivé. Des éléments qui jouent un rôle loin d’être négligeable sur le bon moral des astronautes en mission. L’exposition Lune – Episode II de la Cité de l’espace à Toulouse aborde les réflexions menées actuellement pour préparer l’établissement d’habitats lunaires et la nourriture y tient une place importante.
Mais les travaux de l’université de Floride ont des retombées qui ne concernent pas que les projets à long terme de la NASA sur la Lune. Anna-Lisa Paul et Rob Ferl ont noté que les Arabettes cultivées avec le régolithe lunaire se développaient moins que celles bénéficiant d’un sol terrestre (voir photo plus haut). Néanmoins, grâce aux nutriments apportés dans l’eau, les Arabettes ont surmonté un sol peu approprié à leur croissance. Cet aspect pourrait bien permettre la mise au point de solutions pour aider l’agriculture dans des régions où les sols s’avèrent difficiles.

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