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La super Lune revient en 2020

Publié le 04 juin 2020

Ce terme popularisé à la fin des années 1970 désigne une pleine Lune qui se déroule alors qu’elle est au plus près de notre planète. La différence de taille apparente dans le ciel n’est cependant pas perceptible à l’œil nu.

La super Lune revient en 2020

Le 9 février prochain, certains sites web annoncent une Super Lune des Neiges (Super Snow Moon en anglais) en raison de la saison hivernale. On promet parfois un phénomène spectaculaire à observer, garantissant un astre des nuits bien plus imposant dans le ciel que d’habitude ! D’autres références expliquent que la première super Lune de 2020 se produira le 9 mars… Qu’en est-il ?

Une super Lune, c’est quoi ?

Tout d’abord, c’est un terme qui n’est pas issu du vocabulaire de l’astronomie. En effet, à la fin des années 1970, l’astrologue (donc une personne qui rédige des horoscopes, ce n’est pas un astronome) Richard Nolle popularise «supermoon» pour désigner une pleine Lune qui se produit lorsque notre satellite naturel est au plus près de la Terre (à une dizaine de % près). Car la distance entre notre planète et la Lune n’est pas fixe, elle varie de 356 355 à 406 725 km. Il est vrai que si un objet est plus proche d’un observateur, il semble plus grand par effet de perspective.

Différence de taille entre une pleine Lune au périgée sur son orbite (au plus près de la Terre) à gauche et à l’apogée (au plus loin). Une différence qui apparaît surtout en faisant des mesures ou des comparaisons photographiques, mais que l’oeil humain ne peut déceler d’une lunaison à l’autre. Il s’agit ici d’une reconstitution. Crédit : NASA/Goddard Space Flight Center/LRO

Différence de taille entre une pleine Lune au périgée sur son orbite (au plus près de la Terre) à gauche et à l’apogée (au plus loin). Une différence qui apparaît surtout en faisant des mesures ou des comparaisons photographiques, mais que l’oeil humain ne peut déceler d’une lunaison à l’autre. Il s’agit ici d’une reconstitution.
Crédit : NASA/Goddard Space Flight Center/LRO

Sans surprise, une pleine Lune qui se produit au moment où notre satellite est plus proche de nous présentera un angle apparent dans le ciel plus grand. Certes, mais la différence de taille n’est en fait pas perceptible par nos sens en ce qui concerne la Lune. Pour information, cette différence d’angle apparent n’est que de 14 %. Hélas, beaucoup d’articles jouent la carte du sensationnel en annonçant une énorme Lune et un magnifique spectacle. Et en toute sincérité, des personnes sont persuadées de le constater, influencées par ce qu’elles ont lu ou entendu auparavant. S’y ajoute souvent une observation de la Lune proche de l’horizon qui donne toujours l’impression que l’astre est plus grand, car on dispose alors de repères comme des reliefs environnants ou des bâtiments. Les photographies prises à l’occasion d’une super Lune utilisent cette astuce amplifiée par l’usage de téléobjectifs.

La super Lune du 19 mars 2011 par le photographe de la NASA Bill Ingalls. Avec un téléobjectif, il saisit notre satellite naturel près de l’horizon avec un bâtiment (le Lincoln Memorial à Washington, DC) en avant-plan, ce qui procure un esthétique effet de perspective. Crédit : NASA/Bill Ingalls

La super Lune du 19 mars 2011 par le photographe de la NASA Bill Ingalls. Avec un téléobjectif, il saisit notre satellite naturel près de l’horizon avec un bâtiment (le Lincoln Memorial à Washington, DC) en avant-plan, ce qui procure un esthétique effet de perspective.
Crédit : NASA/Bill Ingalls

Soyons clairs, la super Lune ne sera pas vue tellement plus grande le 9 février ni le 9 mars prochains. À ce propos, la première super Lune de 2020 se déroule-t-elle le 9 février ou le 9 mars ? Tout dépend de la définition de la super Lune, autrement dit de la distance à partir de laquelle on estime que le phénomène se produit. La différence d’appréciation explique pourquoi le 9 février n’est pas forcément considéré comme la date de la première super Lune de 2020. On détaille ci-dessous.

La NASA utilise la super Lune

Pour s’y retrouver, tournons-nous vers l’astrophysicien américain Fred Espenak qui a travaillé au centre Goddard de la NASA sur le calcul des éclipses et des positions de la Lune. Partant de la définition de la fin des années 1970, il établit un rapport entre la distance de la pleine Lune et le périgée et l’apogée de l’orbite suivie à ce moment-là. Ce chiffre est égal à 1 si la pleine Lune se produit pile au périgée (au plus près donc) et 0 à l’apogée (au plus loin). Lorsque ce rapport est entre 0,9 et 1, Espenak qualifie la pleine Lune de super Lune. Sa page web personnelle (il est à la retraite depuis 2009) liste 4 super Lune pour 2020. Le 9 février (rapport de 0,955), 9 mars (0,994), 8 avril (0,997) et 7 mai (0,967).

Ci-dessous, une courte animation vidéo du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA qui explique la variation de la distance Terre-Lune et ses conséquences sur la taille apparente de notre satellite naturel dans le ciel.

Même si le terme supermoon a bien une origine liée à l’astrologie, l’agence américaine a compris que le concept de super Lune touchait un public bien plus large que celui des horoscopes. La NASA a donc développé toute une communication autour de la super Lune, en profitant pour parler d’astronomie (mais pas d’astrologie bien sûr) et de ses programmes d’exploration sélène. Certes, le phénomène reste strictement le même, ce qui signifie qu’on ne peut pas véritablement faire la différence en tournant les yeux vers notre voisine céleste ce 9 février (ou les autres dates de super Lune). En revanche, c’est toujours une bonne idée de regarder la Lune pour admirer ce corps céleste vers lequel un élan international de retour se dessine, ce qui est l’objet de l’exposition Lune – Épisode II à la Cité de l’espace de Toulouse qui rouvre le 6 février.

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