L’étonnant vol d’essai du Starship SN8

À l’heure actuelle, SpaceX exploite une flotte de lanceurs Falcon 9 dont le premier étage est réutilisable (et plus rarement la variante Falcon Heavy). Certains Falcon 9 servent même à transporter les astronautes vers l’ISS pour le compte de la NASA.
Mais le fondateur de la firme spatiale privée, Elon Musk, veut aller plus loin et a initié avec ses équipes d’ingénieurs le développement du Starship, un lanceur à deux étages tous récupérables.

Un retour à l’horizontale

Sur son site texan de Boca Chica, SpaceX enchaîne des tests, parfois explosifs. Le 9 décembre 2020, une étape a été franchie avec le vol d’un prototype simplifié du deuxième étage du Starship propulsé par 3 moteurs Raptor. Le premier étage baptisé Super Heavy fera l’objet de tests ultérieurs. Ci-dessous, la vidéo de l’essai du 9 décembre.

Le vol visait les 12,5 km d’altitude. Le Starship SN8 (pour Serial Number 8) a donc quitté Boca Chica propulsé par 3 moteurs Raptor qui consomment du méthane et de l’oxygène liquide. Ils sont plus puissants que les Merlin (kérosène et oxygène liquide) des Falcon 9.
Arrivé à la fin de son ascension après 4 minutes et 38 secondes de vol, on voit le SN8 basculer à l’horizontale afin de tester une phase de retour que le futur Starship adoptera lorsqu’il reviendra de l’espace.

On peut remarquer le travail des volets situés à l’avant et à l’arrière. Enfin, le prototype reprend une attitude verticale pour se poser en rétropropulsion, là aussi comme prévu. En revanche la vitesse apparaît excessive et il en résulte une explosion.
En dépit de cette fin, Elon Musk a félicité ses équipes et précisé (tweet ci-dessous) qu’une pression insuffisante dans un des réservoirs explique l’arrivée trop rapide.

Fuel header tank pressure was low during landing burn, causing touchdown velocity to be high & RUD, but we got all the data we needed! Congrats SpaceX team hell yeah!!

— Elon Musk (@elonmusk) December 9, 2020

Le Starship se veut révolutionnaire

On note que le milliardaire informe que «nous disposons de toutes les données dont nous avons besoin». Il peut sembler paradoxal que le patron de SpaceX se satisfasse d’un essai qui se termine par une explosion du prototype. Il s’agit là de la rançon assumée de la logique de développement adoptée pour le Starship, à savoir réaliser des tests pour apprendre et affiner le concept de cet engin quitte à devoir affronter de dures leçons.
Avec une performance annoncée de 100 tonnes sur orbite basse, la capacité d’amener des équipages sur Mars et même une version pour participer au retour sur la Lune Artemis de la NASA, ce lanceur à deux étages intégralement réutilisable se veut révolutionnaire. Sans surprise, SpaceX s’attend à ce que les difficultés rencontrées soient à la hauteur du défi. Le concept de ce futur méga-lanceur de 5 000 tonnes au décollage (premier et deuxième étages) ne fait pas l’unanimité et certains spécialistes se demandent si un marché du lancement existe pour un tel monstre quand ils ne remettent pas en cause sa viabilité technique. Nonobstant ces critiques, Elon Musk défend son projet, soutient ses équipes et capte au passage l’attention d’un large public.