Ariane, tel qu’il fut présenté en 1973 sous l’appellation lanceur de troisième génération de substitution. Au final, le lanceur qui décolla le 24 décembre 1979 comprenait 3 étages pour une hauteur de 47,4 mètres. Il pouvait placer un peu plus d’une tonne sur orbite de transfert géostationnaire. Cette capacité passera à 1,8 tonne au cours de son exploitation.
© ESA
La souveraineté à la rescousse
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le projet Ariane ne croula pas sous les encouragements ! Certes, la création en 1975 de l’ESA (Agence Spatiale Européenne) fédère un peu plus la volonté spatiale de l’Europe, mais les divergences subsistent et le soutien politique semble plus d’une fois hésitant. Les Américains de surcroît ne comprennent pas l’entêtement du «Vieux Continent» à mettre au point une technologie de lancement qu’ils estiment condamnée à court terme. N’oublions pas qu’à l’époque la NASA prépare sa navette et qu’elle promet une baisse spectaculaire du prix du kilo envoyé sur orbite. À n’en pas douter, dans un avenir proche, ce futur «camion spatial» assurera l’essentiel des mises à poste de satellites commerciaux, signant la fin des lanceurs traditionnels.
Les politiciens, y compris français, doutent encore plus et certains observateurs prédisent un énorme fiasco technologique et financier. Toutefois, l’Amérique va d’elle-même donner la meilleure raison pour continuer Ariane : la souveraineté. En effet, bloqué par l’échec du lanceur Europa, l’Europe doit se tourner vers les États-Unis pour placer sur orbite un satellite de télécommunications ambitieux baptisé Symphonie. Outre-Atlantique on accepte, non sans une condition lourde de conséquences : l’interdiction de toute utilisation commerciale ! L’Europe s’aperçoit alors qu’un lanceur est aussi un vecteur de souveraineté, car, sans lui, les États européens sont à la merci du bon vouloir des pays qui détiennent l’accès à l’espace.