• Vols habités

Un Soyouz de remplacement pour l’ISS

Publié le 11 janvier 2023

Le vaisseau Soyouz MS-22 a subi une fuite de son système de refroidissement en décembre dernier. En conséquence, l’agence spatiale russe enverra peu avant la fin février le Soyouz MS-23 à vide en automatique afin de le remplacer.

Un Soyouz de remplacement pour l’ISS

Autour de notre planète, la logique de coopération mise en œuvre pour la Station Spatiale Internationale (ISS) parvient à surpasser les conflits terrestres. Même si la guerre en Ukraine a entraîné des conséquences pour le spatial, les agences partenaires de la station (NASA pour les États-Unis, Roscosmos pour la Russie, ESA pour l’Europe, JAXA pour le Japon et l’ASC canadienne) continuent de travailler ensemble autant que possible.

Le Soyouz MS-22 touché par une fuite

On a ainsi vu le 21 septembre 2022 l’Américain Francisco Rubio partir vers l’ISS avec le vaisseau russe Soyouz MS-22 accompagné de Sergey Prokopyev et Dmitry Petelin. Peu après, le 5 octobre, la Russe Anna Kikina s’envolait depuis la Floride aux États-Unis vers la même destination à bord de la capsule Crew Dragon Endurance de SpaceX avec les astronautes NASA Nicole Aunapu Mann et Josh Cassada et le Japonais Koichi Wakata. Deux vols qui s’inscrivaient dans l’habituelle rotation des Expéditions du complexe orbital.
Mais le 15 décembre 2022, une fuite du circuit de refroidissement toucha le Soyouz MS-22 amarré à l’ISS. La température à l’intérieur du vaisseau monta avant de se stabiliser autour de 30°C (plus haut que la normale). Se posa alors la question de savoir si cet engin restait adapté au retour de son équipage (Prokopyev, Petelin et Rubio donc) prévu pour la fin du mois de mars 2023.

La fuite du système de refroidissement du Soyouz MS-22 est évidente sur cette capture d’écran du direct NASA TV du 14 décembre 2022 (en heure US, le 15 en UTC). La photo en haut de l’article montre aussi le MS-22 amarré à l’ISS, mais remonte à novembre 2022.
© Cité de l’espace/NASA TV

L’équipage du Soyouz MS-22 (de gauche à droite) : l’Américain Francisco Rubio et les Russes Sergey Prokopyev et Dmitry Petelin. La photo a été prise au sol, peu avant leur décollage du 21 septembre 2022.
© NASA/Victor Zelentsov

Le choix du Soyouz de remplacement

Au cours d’une conférence de presse audio du 11 janvier 2023, la NASA et son homologue russe Roscosmos ont fait un point sur la situation. L’agence russe n’a pas repéré de défaut de fabrication du Soyouz et estime que la fuite pourrait résulter de l’impact d’une micrométéorite.
Il a été décidé que le Soyouz MS-22 ne devait pas être utilisé pour le retour sur Terre de Sergey Prokopyev, Dmitry Petelin et Francisco Rubio. En conséquence, Roscosmos enverra avant la fin du mois de février (le 20 est envisagé) le Soyouz suivant, le MS-23, en mode automatique. Son arrivée à l’ISS fournira donc un engin en bon ordre de marche aux 3 astronautes concernés. Du coup, ils ne reviendront pas avec le MS-22 fin mars, comme initialement planifié. Leur mission là-haut sera prolongée de plusieurs mois (sans plus de précisions pour le moment). Le MS-22 fera un retour sur Terre en automatique dans les semaines qui suivront.

Lors de la conférence de presse, le responsable du programme ISS pour la NASA, Joel Montalbano, a écarté la qualification de Soyouz de sauvetage pour le MS-23, l’appelant un Soyouz de remplacement. Le responsable des vols habités de Roscosmos, Serguei Krikalev (légende du spatial avec 803 jours sur orbite en 6 missions) a approuvé ce choix de mots. Ce dernier a de plus ajouté que le MS-22 n’était pas réparable là-haut et que le recours au MS-23 s’imposait comme la solution la plus sûre.

De fait, les Russes Oleg Kononenko et Nikolai Chub, avec l’Américain Loral O’Hara, sont privés du Soyouz MS-23 qui devait les amener à bord de l’ISS en mars prochain. Ce trio devrait être affecté à un vol ultérieur, peut-être le Soyouz suivant (MS-24). On notera qu’il reste jusqu’à la fin février, une période durant laquelle Prokopyev, Petelin et Rubio ne disposent pas d’un vaisseau fiable en cas de retour d’urgence (les 4 autres ont la capsule Crew Dragon Endurance). La réponse apportée lors de la conférence de presse est que les cas nécessitant une évacuation d’urgence sont rares et que, s’il n’y a pas d’autre option, un feu vert pour recourir au MS-22 sera donné.

L’Expédition 68 de l’ISS regroupe 7 personnes : 3 arrivées avec le Soyouz MS-22 (Rubio avec le t-shirt vert foncé), Petelin (deuxième en partant de la droite) et Prokopyev (t-shirt blanc). Les 4 autres sont venues avec la capsule Crew Dragon : Kikina tout à gauche, Cassada et Aunapu Mann en haut et Wakata devant eux en bas.
© NASA

Articles sur le même thème

La Cité de l’espace en ligne

Nos ressources et actualités spatiales