La super Lune, c’est quoi ?

Popularisé dès la fin des années 1970, ce terme désigne une pleine lune soi-disant spectaculaire en raison d’une taille apparente dans le ciel bien plus grande… Décryptons cette Lune qui n’a rien de super.

Régulièrement on peut lire des titres annonçant une super Lune (ou aussi super lune et SuperLune, la façon de l’écrire importe peu) qu’il ne faut rater sous aucun prétexte. Notre satellite naturel aurait alors dans le ciel une taille impressionnante. Parfois, le phénomène se produit avec un autre et on obtient, au choix, une super Lune bleue, une super Lune des neiges et d’autres variations. Derrière toutes ces appellations à base de super Lune, il n’y a strictement rien d’exceptionnel. Il s’agit tout simplement des subtilités de l’orbite de notre satellite naturel autour de la Terre.

Un terme venu de l’astrologie

Tout d’abord, super Lune n’est pas issu du vocabulaire de l’astronomie. En effet, à la fin des années 1970, l’astrologue (donc une personne qui rédige des horoscopes, ce n’est pas un astronome) Richard Nolle popularise «SuperMoon» (en anglais, il est Américain) pour désigner une pleine lune qui se produit lorsque notre satellite naturel est au plus près de la Terre (à une dizaine de % près). Car la distance entre notre planète et la Lune n’est pas fixe, elle varie en moyenne de 363 300 km à 405 500 km. Il est vrai que si un objet est plus proche d’un observateur, il semble plus grand par effet de perspective.
Attention, les chiffres 363 300 km à 405 500 km sont des arrondis et des moyennes. En effet les distances minimales et maximales entre notre planète et son satellite naturel varient dans le temps. L’astronome américain Fred Espenak, spécialiste de la question explique ainsi que sur 5000 ans (de -1999 avant JC à 3000) le périgée (au plus près) de l’orbite lunaire varie de 356 355 à 370 399 km tandis que l’apogée (au plus loin) va de 404 042 à 406 725 km.

Schéma résumant le principe de la Super Lune. Tout repose sur une notion simple, à savoir qu’un objet paraît plus grand s’il est observé de plus près. L’orbite de la Lune n’étant pas un cercle parfait autour de notre planète, sa taille apparente dans le ciel (notamment lors de la pleine lune) varie.

© Cité de l’espace d’après NASA

Photo NASA d’une SuperMoon. L’utilisation d’un téléobjectif ajouté au choix d’un avant-plan avec une Lune proche de l’horizon amplifie l’impression d’une Lune plus grande.
© NASA/Bill Ingalls

14 % de différence

Sans surprise, une pleine lune qui se produit au moment où notre satellite est plus proche de nous présentera un angle apparent dans le ciel plus grand. Certes, mais la différence de taille n’est en fait pas perceptible par nos sens en ce qui concerne la Lune. Pour information, cette différence d’angle apparent n’est que de 14 %. D’une pleine lune à l’autre (soit 29 jours), il est impossible de réellement comparer à l’œil nu. Pourtant, certains articles jouent parfois la carte du sensationnel en annonçant une énorme Lune et un magnifique spectacle. Et en toute sincérité, des personnes sont persuadées de le constater, influencées par ce qu’elles ont lu ou entendu auparavant. S’y ajoute souvent une observation de la Lune proche de l’horizon qui donne toujours l’impression que l’astre est plus grand, car on dispose alors de repères comme des reliefs environnants ou des bâtiments. Les photographies prises à l’occasion d’une super Lune utilisent cette astuce amplifiée par l’usage de téléobjectifs.

Peut-on malgré tout constater une super Lune ?

Sur le papier, la luminosité d’une super Lune est supérieure à celle d’une pleine lune «banale». Entre une pleine lune au plus loin de notre planète et une autre au plus près, l’éclat de notre voisine céleste peut atteindre 30 % en plus. À nouveau, notre mémoire visuelle ne permet pas de tellement constater cette différence. En revanche, les appareils de mesure le font.

Preuve photographique

De même, en photographiant une pleine lune au plus loin et une autre plus tard au plus près, on remarquera de façon objective un diamètre lunaire différent entre les deux clichés… si et uniquement si le matériel (appareil, téléobjectif ou télescope) et sa configuration sont strictement les mêmes d’une séance photo à l’autre.

L’ingénieur et astronome amateur Stephen Mack a photographié la Lune le 20 janvier 2019 (à gauche, une Super Lune) et le 8 novembre 2019 (à droite) avec la même configuration (appareil photo et télescope). La comparaison des deux clichés montre la différence d’angle apparent.

Explications en anglais sur le site de Stephen Mack.

© Stephen Mack

Super Lune Bleue et autres variations

Différentes traditions font qu’on parle parfois de Lune de neige, de tempête, bleue, du loup, etc. En majorité, elles désignent une pleine lune qui se produit à un moment de l’année. Par exemple la Snow Moon (Lune des neiges) concerne une pleine lune février en Amérique du Nord. Et si cela se couple avec un moment où notre satellite naturel est au plus près de nous, on obtient une super Lune des neiges ou autre en fonction de la saison (rose, des chasseurs, des récoltes, de la fleur, etc.).

Super Lune Bleue

La super Lune Bleue, elle, n’est pas liée à une période fixe du calendrier. Tout vient de l’expression Blue Moon en anglais pour un mois comportant deux pleines lunes, ce qui est possible puisqu’il y a 29 jours d’une pleine lune à une autre. Autrement dit, 12 pleines lunes se produise sur environ 354 jours, soit 11 de moins qu’une année complète. Donc, de temps à autre, le «retard» est rattrapé et on compte 13 pleines lunes sur une année, comme en 2023 avec ses deux pleines lunes début et fin août !

La pleine lune n’est pas la meilleure période pour observer la richesse de la géologie lunaire. Les astronomes amateurs préfèrent généralement les phases partielles comme ici, car le long du terminateur (la limite jour/nuit) l’éclairage rasant fait ressortir les reliefs.
Cet article liste les sites lunaires les plus intéressants en fonction des phases.

Lune photographiée avec un smartphone à travers l’oculaire d’un télescope.
© Olivier Sanguy

La NASA et la Super Moon

Notons enfin que l’astronome Fred Espenak, qui a travaillé pour la NASA, a développé une approche scientifique du concept de Super Moon (super Lune donc). Sa méthode de calcul se base bien sûr sur la distance de la Lune par rapport à la Terre au moment de la pleine lune afin de la noter de 0 à 1 fonction du rapprochement. 0 indique une pleine lune à l’apogée, loin de la Terre, et 1 une pleine lune au plus près en fonction du périgée sur une période donnée. Fred Espenak estime qu’une pleine lune mérite l’adjectif super Lune dès 0,9 sur son échelle de 0 à 1. Il y a selon cette échelle environ de 3 à 5 super Lune par an. La super Lune du 31 août 2023 était par exemple à 0,997, le meilleur chiffre pour cette année. La prochaine super Lune notée 1 (le maximum) est prévue le 30 mars 2029.

Le site de Fred Espenak avec la liste des super Lune

La NASA se base sur les calculs de Fred Espenak afin de communiquer lors des «Super Moon». Le but de l’agence américaine est d’utiliser un sujet populaire afin de sensibiliser le grand public à l’astronomie et au programme spatial.

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