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Les surnoms des promotions d’astronautes

Le saviez-vous ? Au terme d’un processus très rigoureux, les astronautes d’une sélection donnée se retrouvent parfois désignés par des surnoms humoristiques tels les escargots volants ou les sautilleurs. Explications.

Thomas Pesquet, le «magouilleur»

Le 16 novembre 2016 à Baïkonour, Thomas Pesquet équipé de son scaphandre russe Sokol sort d’un bâtiment avec ses deux collègues afin de se diriger vers le bus qui les amènera au pas de tir. De là, ils décolleront vers la Station Spatiale Internationale à bord du Soyouz MS-03.
Si vous écoutez bien alors qu’il marche, vous entendrez son collègue astronaute de l’ESA Luca Parmitano dire d’une voix forte «Shenanigans». Le Français lui adresse en retour un discret V de victoire avec la main. La vidéo ci-contre est calée sur ce moment.
Mais pourquoi Shenanigans ? Un terme qui peut se traduire par «magouilleurs». Car il s’agit du surnom de la promotion 2009 d’astronautes de l’ESA dont Parmitano et Pesquet font partie.

La promotion d’astronautes 2022 de l’agence Spatiale Européenne (ESA) a été surnommée The Hoppers (les sautilleurs).
De gauche à droite : Rosemary Coogan, Sophie Adenot, Raphaël Liégeois, Pablo Alvarez, Marco Sieber et Katherine Bennell-Pegg.
© ESA/P. Sebirot

Des magouilleurs aux sautilleurs

Après la promotion de 2009 des Shenanigans, quel nom en forme de clin d’œil allait surgir pour les nouveaux astronautes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en 2022 ?

Le 22 avril 2024, l’ESA a en effet formellement remis à ses recrues de la promotion 2022 un diplôme attestant du succès de leur formation initiale au métier d’astronaute. Les cinq de l’ESA (la Française Sophie Adenot, l’Espagnol Pablo Alvarez, la Britannique Rosemary Coogan, le Belge Raphaël Liégeois et le Suisse Marco Sieber) ainsi que l’Autralienne Katherine Bennell-Pegg ont de plus reçu de leurs prédécesseurs de 2009 le nom de The Hoppers, soit les sautilleurs. Leur badge les représente donc perchés sur un ballon sauteur aux couleurs de leur pays, allusion au fait qu’ils accompliront des sauts en impesanteur à bord de l’ISS et peut-être en pesanteur réduite sur la Lune.

À l’origine : les Mercury 7

Les sept premiers astronautes de la NASA

Ces surnoms se révèlent courants et cela commença avec la première sélection d’astronautes de la NASA en 1959. La très administrative dénomination Astronaut Group 1 est de fait moins connue que Mercury Seven (tout aussi officielle). Les 7 avaient en effet été retenus pour Mercury, premier programme américain de vols habités. La NASA a continué à employer Astronaut Group suivi du chiffre et un surnom. Ainsi, en 1962, la deuxième promotion forte de 9 personnes s’appelle assez logiquement New Nine pour les 9 nouveaux. La troisième The Fourteen, car il y en a eu 14… Pour le moment, rien de bien original.

Les Mercury 7, les sept premiers astronautes sélectionnés par la NASA (pour le programme Mercury).
De gauche à droite en bas : Walter Schirra, Donald Slayton, John Glenn et Scott Carpenter. En haut : Alan Shepard, Virgil Grissom et Gordon Cooper.
© NASA

La quatrième sélection d’astronautes de la NASA dite The Scientists. De gauche à droite : Curtis Michel, Owen Garriot, Harrison Schmitt, Edward Gibson et Joseph Kerwin.
© NASA

Les scientifiques arrivent

Un peu d’originalité pointe pour l’Astronaut Group 4 dit The Scientists puisque la sélection s’ouvrit aux diplômes scientifiques et non plus seulement aux pilotes d’essai. Au passage, le géologue Harrison Schmitt en faisait partie et marcha sur la Lune avec Apollo 17 en 1972. La pratique du clin d’œil apparaît timidement lors de la promotion suivante avec Original Nineteen pour 19 retenus en référence aux Mercury Seven aussi appelés Original Seven.

Enfin de l’humour assumé

Oui, les escargots volent (grâce aux Français)

Les années passent et des surnoms encore moins protocolaires surgissent tels les Maggots (asticots) de 1984 ou les Hairballs de 1990. Ces «boules de poils» font allusion au fait que la mascotte des 23 astronautes était un chat noir afin de conjurer le sort de la treizième sélection. Le quinzième groupe de 1994 obtint The Flying Escargot en raison de la présence de deux Français (Jean-Loup Chrétien et Michel Tognini)… qui mangent forcément des escargots !

On a eu The Sardines (car il y en avait 44, soit beaucoup), The Bugs en 2000 (pour le bug de l’an 2000) ou encore The Turtles (sous-entendu tortues de mer) en 2017 du fait que les 12 nouveaux virent Houston subir une inondation par l’ouragan Harvey peu après leur arrivée dans le centre de la NASA. Des clins d’œil qui humanisent avec humour la profession d’astronaute.

La quinzième promotion d’astronautes de la NASA a été surnommée The Flying Escargots (les escargots volants) en raison de la présence de deux français, à savoir Jean-Loup Chrétien (rang du haut tout à droite) et Michel Tognini (troisième en partant de la gauche, rang du milieu).
© NASA

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