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143 satellites en un seul vol
Publié le 25 janvier 2021
Le 24 janvier 2021, la société américaine SpaceX a mené le vol Transporter-1 au cours duquel elle a placé 143 satellites sur orbite. Un nouveau record qui surpasse celui de 107 satellites détenu depuis 2017 par l’agence spatiale indienne ISRO.
C’est donc depuis la Floride, le 24 janvier dernier, qu’a été battu le record du nombre de satellites envoyés sur orbite avec un seul lanceur. Jusque’à maintenant, le titre revenait à l’agence spatiale indienne ISRO qui, le 15 février 2017, avait placé autour de notre planète 104 satellites avec son lanceur PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle). La recette ? Un vol partagé (dit rideshare en anglais) ou plusieurs clients décollent lors d’une même mission. Au regard du grand nombre, il s’agit bien sûr de «petits» satellites et non plus des habituels satellites de télécommunication de plusieurs tonnes. Une recette reprise par SpaceX pour son Falcon-9 avec le vol Transporter-1.
Le record de Transporter-1
Placer 143 satellites différents, même s’ils sont petits, sous une seule coiffe demande beaucoup d’organisation. Commerciale et logistique tout d’abord puisqu’il faut que les calendriers des clients coïncident pour une date qui ne s’éloigne pas trop de leurs impératifs. Il y avait ainsi pour Transporter-1 en tout 24 opérateurs issus de 11 pays ! Les satellites étaient rangés dans un dispositif les accueillant que l’on peut voir en photo ci-dessous.
Les propriétaires des nombreux satellites ne sont pas tous des clients directs de la société SpaceX. En effet, les firmes Spaceflight et D-Orbit vendent une prestation de mise sur orbite en la sous-traitant avec SpaceX. D’ailleurs, sur les 143 satellites envoyés le 24 janvier, 2 étaient des dispositifs chargés en fait de larguer d’autres satellites dans les semaines à venir. Ainsi le Sherpa-FX de Spaceflight en héberge 13 et le ION-SCV de D-Orbit un total de 20. Histoire de rentabiliser ce vol, on notera que SpaceX a rajouté 10 de ses propres satellites Starlink pour sa constellation de connectivité web mondiale étant donné que la performance de son lanceur le permettait.
Ci-dessous, l’enregistrement du direct vidéo du vol Transporter-1.
Le décollage qui a eu lieu à 10h du matin heure locale de Floride (Cape Canaveral Air Force Station) démarre dans la vidéo à 00:16:27. Le retour sur une barge en mer du premier étage se produit à 00:26:09. Ce B1058 complète ici son cinquième vol. La séquence de déploiement des différents satellites à 525 km d’altitude commence vers 01:14:10 et se conclut à 01:48:10 avec le largage des 10 Starlink, les premiers sur orbite polaire.
Première classe ou économique ?
En enlevant donc les 10 Starlink, on compte ainsi 133 satellites. Certains visent l’observation de la Terre en visuel (comme les 40 Superdove de la société privée Planet) ou en radar (plusieurs de différentes entreprises), d’autres emportent des expériences scientifiques, des tests techniques, etc. Preuve de l’inventivité du secteur spatial commercial, la charge utile de Celestis qui contenait les cendres de personnes décédées (un service tarifé à 4 995 dollars).
Tant de satellites peuvent-ils pour autant véritablement partager strictement la même orbite ? C’est là qu’intervient la capacité de dispositifs de largage offrant une autonomie de propulsion comme le Sherpa-FX afin d’atteindre des trajectoires un peu différentes de celle initiale du lanceur. Des sociétés de lancement défendent une autre approche et estiment que les petits satellites ont besoin de missions dédiées, à la fois pour une orbite très spécifique et aussi pour ne pas dépendre d’un calendrier de vol forcément plus contraint, car lié à celui de plusieurs «passagers». Tel est l’argument par exemple de la société Rocket Lab née en Nouvelle-Zélande (et dotée d’un pas de tir là-bas) désormais américaine par son capital. Son lanceur Electron vise le marché des petits satellites avec un prix annoncé de 7,5 millions de dollars pour 200 kg. Une prestation et un tarif plutôt de type «première classe», si on le compare à l’unique million de dollars avancé par SpaceX pour la même masse lors de son vol commun Transporter-1 genre «classe économique».
On soulignera que Rocket Lab n’est pas la seule firme privée sur le créneau «à la carte» et que plusieurs compagnies de type Start-Up et/ou New Space développent des petits lanceurs. De même, SpaceX n’a pas l’exclusivité du vol partagé, puisque l’Inde le fait et que la société européenne Arianespace s’appuie aussi sur cette logique, notamment avec son lanceur Vega (liste non exhaustive). Qui a raison ? La réalité du marché tranchera très probablement, sans pour autant exclure que les multiples besoins de l’essor commercial spatial nécessitent finalement la cohabitation des deux formules.