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Disparition de Jean-Jacques Favier

Publié le 24 mars 2023

Décédé le 19 mars 2023 à l’âge de 73 ans, Jean-Jacques Favier avait passé 16 jours sur orbite lors de la mission STS-78 de la navette Columbia en 1996. Sur les 10 Français qui sont allés dans l’espace, il est le premier à nous quitter.

Disparition de Jean-Jacques Favier

Né le 13 avril 1949 à Kehl en Allemagne, Jean-Jacques Favier a suivi ce que l’agence spatiale française CNES qualifie de «parcours exemplaire» dans un communiqué du 24 mars publié 5 jours après la disparition de l’astronaute.

Pour l’espace et pour la science

Jean-Jacques Favier est en effet un astronaute qui ne répond pas au classique profil de pilote d’essai militaire. Après l’École nationale supérieure d’électrochimie et d’électrométallurgie (ENSEEG) à Grenoble, il obtint dans la même ville en 1977 un doctorat en physique et métallurgie de l’université Joseph-Fourier-Grenoble 1 en plus d’un doctorat en ingénierie de l’École des mines de Paris. Il fut sélectionné par le CNES en 1985. En raison de sa grande stature, Jean-Jacques Favier plaisantait souvent sur le fait qu’il ne rentrait pas dans l’étroit Soyouz russe. Il vola d’ailleurs en 1996 à bord de la navette américaine Columbia accompagné de 5 collègues de la NASA et d’un autre du Canada.
Cette mission STS-78 de 16 jours consista à mener des expériences scientifiques à bord du module laboratoire européen Spacelab hébergé dans la soute de l’avion spatial. Un vol qui résume à lui seul le double engagement pour l’espace et pour la science que l’on retrouve tout au long du parcours du sixième Français à être allé autour de notre planète.

Jean-Jacques Favier dans le module Spacelab (hébergé dans la soute de la navette Columbia) pendant la mission STS-78 en 1996.
Le Français a ainsi passé 16 jours, 21 heures et 47 minutes dans l’espace.
© NASA

La volonté de transmettre

Ce double engagement se retrouve dans la suite de sa carrière. Il continua notamment de travailler au sein du CNES. Alors qu’il s’y occupait de prospective et de stratégie, il avait répondu en 2009 aux questions de la Cité de l’espace de Toulouse à propos du programme de retour sur la Lune Constellation (vidéo ci-contre). On remarque qu’il explique la logique de revenir vers notre satellite naturel afin d’y mener bien plus de science que lors des missions Apollo. Si Constellation a fini par être abandonné, on constate que les propos de Jean-Jacques Favier restent pertinents puisque le nouveau programme lunaire Artemis de la NASA compte développer un important volet scientifique.

Jean-Jacques Favier lors des 25 ans de la Cité de l’espace le 25 juin 2022 témoignait de son expérience d’astronaute (vol STS-78 de la navette Columbia).
Il est devant la réplique taille réelle du Module Lunaire d’Apollo 11.
© Manual Huynh/Cité de l’espace

Cette interview et d’autres montrent la volonté de transmettre qui animait l’astronaute. Dans cette optique, il se tourna aussi vers l’enseignement, notamment en tant que professeur à l’International Space University de Strasbourg. Il n’oubliait pas non plus la nécessité de la médiation scientifique auprès du grand public et à ce titre apporta son aide à la Cité de l’espace de Toulouse, que ce soit pour des événements ou en qualité d’expert pour la création d’expositions, par exemple Lune Épisode 2. Notre voisine céleste l’intéressait d’ailleurs beaucoup et, toujours tourné vers l’avenir, était en charge du projet SpaceShip FR qui développe les technologies qui seront employées sur de futures bases sélènes ou martiennes. En 2022, à l’occasion d’un podcast de France Info, il a ainsi évoqué comment l’Humanité pourrait utiliser les ressources lunaires afin de s’implanter de façon durable sur notre satellite naturel.

Sur les 10 Français qui sont allés dans l’espace, Jean-Jacques Favier est le premier à nous quitter.

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