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Kinéis : l’internet des objets via l’orbite

Publié le 24 janvier 2023

Les objets connectés se multiplient de même que les applications ainsi permises (sécurité, traçabilité, etc.). Grâce à sa constellation de satellites, la société française Kinéis récoltera depuis l’orbite les données de ces objets.

Kinéis : l’internet des objets via l’orbite

Au cours des deux derniers mois de 2022, la Cité de l’espace et Kinéis ont mené ensemble le concours «Ton dessin dans l’espace». C’est ainsi que 15 dessins ont été sélectionnés afin de partir sur orbite terrestre à bord des satellites de Kinéis qui doivent décoller à partir de la fin 2023 (voir aussi le reportage France 3 ci-contre).

Pour cet article, nous vous proposons de découvrir à quoi ces satellites vont servir.

Kinéis écoute les objets… dans le monde entier !

Ce qu’on appelle l’internet des objets concerne une myriade de capteurs miniaturisés qui transmettent leurs mesures via une connexion au web. Détection d’une ouverture de porte, d’un choc sur un conteneur, la position de celui-ci, le suivi de températures en divers endroits, etc. De telles données permettent des applications qui deviennent vite indispensables.

Directeur technique chez Kinéis, Michel Sarthou nous a exposé quelques exemples concrets. Des capteurs de température et de présence de dioxyde de carbone placés sur des arbres font ainsi office de détecteurs de feux de forêt. En y associant un récepteur GPS, les balises Kinéis assurent le suivi en temps réel d’une cargaison précieuse tout en vérifiant qu’elle ne subit pas de chocs indésirables. On peut aussi surveiller des aliments réfrigérés au cours de leur transport et donc garantir que la chaîne du froid (indispensable pour une bonne hygiène) a toujours été respectée.

Encore faut-il «écouter» toutes les données ainsi transmises et les relayer vers leurs utilisateurs. Et c’est ici que Kinéis entre en scène. Société toulousaine créée à l’initiative du CNES (l’agence spatiale française) et de CLS (Collecte Localisation Satellites), Kinéis a développé une technologie innovante afin de récolter depuis l’orbite terrestre les signaux de terminaux miniaturisés qui consomment très peu d’énergie. On parle ici de seulement 200 milliwatts pour 30 octets de données à comparer à un SMS qui demande certes 2 fois moins de Watts, mais qui ne cherche pas à être capté par un satellite ! La solution s’appuie à la fois du côté émission et du côté réception. Tout commence par le chipset Kinéis, une puce radiofréquence de seulement 7 mm sur 7 mm pour émettre. La réception se fait via des petits satellites (appelés aussi nanosatellites) de moins de 30 kg dotés d’un traitement du signal extrêmement performant, histoire d’entendre (pour ainsi dire) le chipset depuis une orbite polaire à tout de même 650 km d’altitude. Afin de couvrir l’ensemble de la planète, Kinéis s’appuiera sur sa propre constellation de 25 satellites. 

Illustration de la constellation de satellites Kinéis qui permettra de capter les données d’objets connectés partout dans le monde.
© Kinéis

La constellation Kinéis sera lancée par le petit lanceur Electron de Rocket Lab depuis la Nouvelle-Zélande.
© Rocket Lab

La Nouvelle-Zélande avant l’espace

« Kinéis ne fabrique pas, elle assemble le Lego en quelque sorte, puis sassure que toute la chaîne fonctionne » explique Michel Sarthou. La société toulousaine est en effet l’architecte du système (spatial et au sol) et s’appuie sur l’expertise d’entreprises comme Thales Alenia Space ou Hemeria. Pour l’antenne déployable de 80 cm de diamètre, c’est COMAT à Toulouse qui œuvre.
Les 25 satellites de cette constellation seront envoyés vers leur orbite de travail par groupe de 5 à partir de la fin 2023 depuis la Nouvelle-Zélande avec le petit lanceur Electron de Rocket Lab.
Michel Sarthou précise que les 25 satellites de première génération pourront relayer 2 millions de balises transmettant jusqu’à 5 messages par jour ! 

La démocratisation des services (certains améliorant la sécurité des biens et des personnes) apportés par cette exploitation de l’internet des objets fait partie du modèle économique avec des abonnements commençant à 2 euros par mois et des terminaux avec puce Kinéis pour quelques dizaines d’euros.
La demande est telle que des centaines de millions d’émetteurs vers des satellites sont envisagés d’ici quelques années. C’est pourquoi la version 2 des satellites Kinéis vise une multiplication par 5 ou 10 des performances !
La société toulousaine n’oublie pas pour autant la responsabilité environnementale. Dotés d’une propulsion autonome, ses satellites peuvent accomplir de petites corrections de trajectoire en vue d’éviter une éventuelle collision (qui générerait des débris spatiaux). À 650 km d’altitude, ils finissent de plus par rentrer se consumer dans l’atmosphère afin de ne pas encombrer l’orbite terrestre, 17 ans après leur désactivation (la loi française exige 25 ans maximum). De plus, du fait de leur taille et de leur nombre modeste, ils ne gênent pas les observatoires astronomiques au sol.

Image d’artiste d’un nanosatellite (petit satellite) de Kinéis. Notez l’antenne déployée et pointée vers la Terre.
© Hemeria

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