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Spatial : perspectives 2023

Publié le 13 janvier 2023

Avec son lot de lanceurs censés connaître leur vol inaugural, l’essor des missions privées vers la Lune ou encore la première sonde européenne vers Jupiter, l’année 2023 s’annonce chargée, mais aussi de transition.

Spatial : perspectives 2023

L’année 2022 qui vient de se conclure a vu une augmentation des départs vers l’orbite avec 186 lancements (40 de plus par rapport à 2021). Déjà bien entamée, 2023 pourrait bien se traduire par encore plus de décollages, mais aussi par des événements liés à des missions en cours. S’il est bien évidemment impossible d’être exhaustif, nous vous proposons un panorama de ce que les mois à venir nous réservent.
Et en clin, d’œil, l’image ci-dessus est celle de notre planète au premier jour de 2023. Elle a été réalisée par le satellite MSG4 de l’organisme européen Eumetsat.

Le vol orbital du Starship, enfin ?

Après le succès du lancement inaugural du Space Launch System (SLS) de la NASA pour la mission Artemis I, un autre engin monumental attend son heure. Il s’agit du Starship. Avec ses 5 000 tonnes au décollage et ses 2 étages réutilisables, le lanceur hors-norme de SpaceX pourrait marquer une évolution majeure dans l’accès à l’espace en raison de ses performances (100 tonnes sur orbite basse !). La société privée a tweeté que les préparatifs pour le premier vol d’essai orbital allaient commencer. La date n’a pas été précisée et n’oublions pas que cela peut demander du temps (semaines ou mois ?). La patience sera de mise !
Le Starship n’est cependant pas le seul lanceur dont on attend le vol inaugural en 2023. Toujours aux États-Unis, on citera le Vulcan d’United Launch Alliance (ULA) conçu pour remplacer l’actuel Atlas V qui utilise une propulsion russe sur son premier étage. Le Vulcan aura lui recours à des moteurs BE-4 fournis par la société américaine Blue Origin de Jeff Bezos (qui pourrait inaugurer son propre lanceur New Glenn à la fin de l’année).
Également attendus en 2023 : le H3 japonais pour succéder au H2 et bien sûr Ariane 6 destiné à prendre le relais d’Ariane 5. Pour le moment, le nouveau fer de lance de l’indépendance spatiale européenne vise la fin de l’année.
À travers le monde se multiplient aussi les initiatives souvent privées (start-ups) pour mettre au point et exploiter des petits lanceurs adaptés au marché des petits satellites (quelques kilos ou dizaines de kilos) dont les capacités progressent grâce à la miniaturisation électronique et à l’informatique embarquée.

Le Starship de SpaceX sur son pas de tir du Texas en janvier 2023. La firme privée a annoncé que les préparatifs pour son premier vol d’essai inaugural avaient commencé.
© SpaceX

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Illustration de la sonde OSIRIS-REx récoltant des échantillons sur l’astéroïde Bennu en 2020. Après 3 ans de voyage, ces précieux prélèvements seront largués vers la Terre le 24 septembre.
© NASA

Jupiter, l’ISS, la Lune et d’autres missions

2023 sera marqué par le départ de plusieurs missions d’exploration. Au mois d’avril, on regardera avec attention le début du long voyage de JUICE (JUpiter ICy moons Explorers) de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Cette première mission de l’Europe vers la plus grande planète du Système solaire exige un périple de plus de 7 ans avec une arrivée prévue en 2031 ! En ce moment, l’ESA propose un concours original intitulé Space Juice.
La NASA devrait envoyer en octobre vers l’astéroïde du même nom sa sonde Psyche (arrivée planifiée en août 2029).
Sans surprise, les missions d’exploration en cours continuent. On pense par exemple aux rovers martiens Curiosity et Perseverance de la NASA, ce dernier récoltant des échantillons qui devront être ramenés sur Terre à l’horizon 2030 via une coopération avec l’ESA.
Et en matière de retour d’échantillon, le 24 septembre 2023, la sonde américaine OSIRIS-REx larguera vers la Terre une capsule contenant les prélèvements qu’elle a réalisés sur l’astéroïde Bennu 2020.

Après le succès d’Artemis I en décembre 2022, le programme lunaire de la NASA en coopération avec l’Europe, le Japon et le Canada suivra sa lancée. Celle-ci passe notamment par des missions confiées par la NASA à des entreprises dans le cadre de contrats commerciaux. En 2023, nous pourrions donc assister à l’arrivée sur notre satellite naturel d’atterrisseurs privés transportant des instruments pour l’agence américaine (nous reviendrons sur la Lune en 2023 dans un futur article).
En matière de vols habités, la coopération de la Station Spatiale Internationale (ISS) forgée autour des agences américaine, russe, européenne, japonaise et canadienne parvient à surmonter les vives tensions géopolitiques. La Chine ayant assemblé les éléments principaux de sa China Space Station fera très probablement monter en puissance l’exploitation scientifique de celle-ci.
Côté vols habités privés, on s’intéressa aux projets Axiom-2 (vers l’ISS) ou Polaris.

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L’astronaute japonais Koichi Wakata dans le poste d’observation Cupola de l’ISS.
© NASA

L’astrophysicien de l’IRAP Sylvestre Maurice à côté de la réplique taille réelle du rover Perseverance sur le Terrain Martien de la Cité de l’espace à Toulouse.
© Cité de l’espace/Manuel Huynh

Une année de transition

Afin de prendre du recul, nous avons contacté l’astrophysicien Sylvestre Maurice de l’IRAP (Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie) à Toulouse. Il participe, entre autres, à l’étude de Mars via les caméras laser ChemCam et SuperCam de respectivement Curiosity et Perseverance. Pour lui, 2023 est «une année de transition et d’interrogations, car la sphère spatiale se redessine». Et il ne s’agit pas que des aspects économiques. Avec le retour d’échantillons martiens qui se prépare, l’exploration scientifique de la Planète rouge va connaître une apothéose. Sylvestre Maurice note que se dessinent de futures missions très difficiles sur le plan technique, à l’image de JUICE vers Jupiter (voir plus haut) ou, à bien plus long terme, les projets de sondes vers les lointaines Uranus et Neptune. Ces planètes n’ont été visitées que par Voyager 2 en 1986 et 1989 et y revenir s’impose sur le plan scientifique. Car tout ce que nous apprenons sur ces mondes, même éloignés du nôtre, permet justement de mieux le comprendre. L’exploration planétaire est ainsi aussi au service de la Terre.

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