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JUICE : Toulouse avant Jupiter

Publié le 08 avril 2022

Pour la première fois, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) va envoyer une sonde vers Jupiter. Baptisée JUICE et construite par Airbus, elle subit des tests à Toulouse avant de décoller en 2023 vers sa destination avec Ariane 5.

JUICE : Toulouse avant Jupiter

JUICE signifie JUpiter ICy Moons Explorer, soit explorateur des lunes glacées de Jupiter. Avec cette sonde de 6 tonnes, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) va mener sa première mission dans le système jovien. Mais avant de partir pour le Centre Spatial Guyanais et y décoller au sommet d’Ariane 5 en avril 2023, JUICE passe par Airbus Defence and Space, son constructeur, afin de suivre une ultime campagne de tests.

Des sarcophages blindés au plomb !

Le 5 avril 2022, Airbus Defence and Space a convié les médias à découvrir JUICE dans la salle dite Mistral dédiée aux tests de compatibilité électromagnétique au sein de ses installations de Toulouse. Il s’agit de vérifier notamment si les 10 instruments scientifiques et l’électronique de la sonde ne produisent pas des interférences entre eux.

JUICE, vedette de la journée média du 5 avril 2022 chez Airbus à Toulouse. Le «parasol» blanc au-dessus d’elle la protège d’éventuelles poussières. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

JUICE, vedette de la journée média du 5 avril 2022 chez Airbus à Toulouse. Le «parasol» blanc au-dessus d’elle la protège d’éventuelles poussières.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Le corps principal de l’explorateur robotique, avec sa large antenne de communication (2,54 m de diamètre) concentrait tous les regards. Manquaient, faute de place, les imposants panneaux solaires chargés de l’alimentation électrique. «On est très très loin des cellules qu’on utilise sur les toits de nos maisons», nous a souligné Cyril Cavel, chef de projet JUICE à Airbus Defence and Space. En effet, Jupiter est bien plus loin du Soleil que la Terre et les panneaux solaires de la sonde doivent donc afficher des performances exceptionnelles afin de générer suffisamment d’électricité (leur surface de 85 m2 fournira 725 Watts).

Cyril Cavel, chef de projet JUICE à Airbus Defence and Space, devant la sonde qui partira l’année prochaine vers Jupiter. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Cyril Cavel, chef de projet JUICE à Airbus Defence and Space, devant la sonde qui partira l’année prochaine vers Jupiter.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Cyril Cavel ajoute qu’il a fallu en plus protéger ces panneaux solaires très performants des radiations. Ceci, car l’intense champ magnétique de Jupiter induit des niveaux de radiations très élevés. «Il y a des challenges de conception qui sont très importants sur ce type de mission, et en particulier la survie aux radiations», confirme Cyril Cavel. Il précise ainsi : «Nous avons dû concevoir la sonde autour de ce qu’on appelle deux sarcophages dans lesquels on vient loger les différentes électroniques de vol». Des sarcophages blindés au plomb !

JUICE dans la chambre anéchoïque Mistral chez Airbus à Toulouse. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

JUICE dans la chambre anéchoïque Mistral chez Airbus à Toulouse.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Une fois les tests toulousains terminés, JUICE recevra bien sûr ses panneaux solaires et partira vers le Centre Spatial Guyanais. Elle décollera alors vers Jupiter en avril 2023 au sommet du lanceur européen Ariane 5. Ce sera même la dernière mission de celui-ci. Pour Cyril Cavel, travailler sur une telle sonde d’exploration, «ce n’est absolument pas un boulot comme un autre, on a beaucoup de fierté dans l’ensemble de nos équipes chez Airbus de soutenir l’Agence Spatiale Européenne et la communauté scientifique européenne dans leur première aventure vers Jupiter».

Une première autour de Ganymède

Et de science il sera bien évidemment question une fois que JUICE sera parvenue à destination. Responsable des essais de JUICE à l’ESA, Manuela Baroni nous a expliqué que «le voyage va être plutôt long, ça dure à peu près 8 ans». L’arrivée autour de Jupiter est en effet prévue pour juillet 2031. Toutefois, et comme son acronyme (JUpiter ICy Moons Explorer) l’annonce, cette sonde européenne va surtout scruter les lunes glacées de la géante gazeuse et plus particulièrement Europe et Callisto (une trentaine de survols des lunes) avant de s’inscrire sur orbite autour de Ganymède. JUICE deviendra alors le premier satellite artificiel de cette lune.

Manuela Baroni dans la salle Mistral avec JUICE en arrière-plan. Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

Manuela Baroni dans la salle Mistral avec JUICE en arrière-plan.
Crédit : Cité de l’espace/Olivier Sanguy

«Est-ce que la vie peut être soutenue, abritée, au sein des lunes glacées de Jupiter, en particulier Europe et Ganymède ?», demande Manuela Baroni afin d’exposer l’un des objectifs scientifiques majeurs de la mission de JUICE. La question vient du fait qu’Europe et Ganymède possèdent des océans d’eau liquide sous leur croûte de glace. Les planétologues pensent qu’une vie simple, de type microbien, peut s’y être développée.
Autre objectif majeur : «étudier le système de Jupiter comme un système solaire miniaturisé» dit Manuela Baroni. Elle prend pour exemple le fait que Ganymède est la seule lune du Système solaire à être dotée dotée d’un champ magnétique. L’interaction de ce dernier avec celui de Jupiter nous permettra ainsi de mieux comprendre le Système solaire et le champ magnétique de la Terre.

Image d’artiste de JUICE arrivée à destination autour de Jupiter. Crédit : ESA

Image d’artiste de JUICE arrivée à destination autour de Jupiter.
Crédit : ESA

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