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Rosetta : de Wirtanen à «Chury»

Le 2 mars 2004, la sonde européenne Rosetta s’envolait pour un voyage de 10 ans vers la comète 67P surnommée «Chury». Pourtant, c’était une autre comète, Wirtanen, qui était originellement visée…

Mission phare des années 2000 de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en préparation depuis plus d’une décennie, Rosetta devait initialement partir de Kourou avant la fin janvier 2003 pour rejoindre la comète 46P/Wirtanen en 2011. Mais le 11 décembre 2002, le vol inaugural de la version ECA d’Ariane 5 se conclut par un échec. Même si Rosetta utilise une Ariane 5 G+, dite «générique» qui n’intègre pas les nouveautés de l’ECA, la fiabilité générale du lanceur reste en suspens et il est décidé de reporter le décollage. Un choix lourd de sens puisque Rosetta rate le créneau qui lui permettait de rejoindre son objectif. L’idée d’aller plus tard malgré tout vers Wirtanen en survolant Vénus est écartée, la sonde n’ayant pas été conçue pour fonctionner aussi près du Soleil.

Trouver une autre comète

Toutes les personnes derrière cette mission travaillent alors afin de dénicher une autre comète. Le directeur scientifique de l’ESA de l’époque, David Southwood, affiche sa confiance : «Quand les choses tournent mal, c’est sur des gens comme eux que l’on peut compter».

Et l’équipe de Rosetta lui donne raison en bâtissant un plan de vol vers 67P/Churyumov-Gerasimenko (ou Tchourioumov-Guérassimenko en translittération française). Cette comète avait été découverte en 1969 par les astronomes ukrainiens Klim Churyumov (1937-2016) et Svetlana Gerasimenko (née en 1945). L’atteindre demande à Rosetta 10 ans de voyage. Le 2 mars 2004, le périple commence donc, toujours avec Ariane 5 G+ (photo du décollage en début de cet article). La mission européenne signera la première orbite autour d’une comète le 6 août 2014, suivie du premier atterrissage sur un tel objet avec le robot Philae le 12 novembre de la même année. La sonde conclura une récolte scientifique inespérée en rejoignant la surface de «Chury» (surnom donné à 67P) le 30 septembre 2016 pour s’y éteindre définitivement.

En matière d’exploration spatiale, il faut aussi savoir faire contre mauvaise fortune bon cœur.

La comète 67P surnommée « Chury » par la caméra NavCam de Rosetta en février 2016.
© ESA/Rosetta/NavCam

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