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Lancements 2022 : l’année du Falcon 9

Publié le 03 janvier 2023

Avec 186 lancements orbitaux, 2022 dépasse largement les 146 de l’année précédente. Les États-Unis redeviennent numéro 1 devant la Chine avec 87 lancements dont 61 accomplis par la seule société SpaceX.

En ce début 2023, le moment s’avère propice pour regarder le bilan des lancements de l’année précédente. Tout d’abord, 2022 se distingue par 40 lancements orbitaux* de plus que 2021 avec un total de 186. On note 8 échecs, dont 1 partiel.

() Orbite terrestre ou plus loin. Les lancements suborbitaux (donc à plus de 100 km, mais sans mise sur orbite) ne sont pas considérés pour cet article.*

Le Falcon 9 et cap Canaveral en tête

On pourrait résumer 2022 en la qualifiant d’année du Falcon 9. Le lanceur de la société SpaceX créée par Elon Musk s’impose en effet comme celui qui a le plus volé avec un total de 60 missions. Toujours chez SpaceX, s’ajoute 1 vol du Falcon Heavy (qui consiste en 3 premiers étages de Falcon 9 accolés, le central étant surmonté du deuxième étage).

De fait, SpaceX a réalisé 61 (et aucun échec) des 87 lancements orbitaux des États-Unis ! Les 3 vols habités partis et revenus du territoire américain sont également l’œuvre de SpaceX (Crew-4 et Crew-5 vers l’ISS pour la NASA et le vol privé Ax-1 vers l’ISS). La photo en haut de cet article est celle du décollage de la mission habitée Crew-5 vers l’ISS le 5 octobre (capsule Crew Dragon Endurance).

En 2022, un premier étage de Falcon 9 a aussi accompli pour la première fois son quinzième vol. Immatriculé B1058, il a commencé sa carrière le 30 mai 2020 avec le premier vol habité de SpaceX (mission Demo-2 vers l’ISS). Le 17 décembre 2022, il signait son quinzième vol avec retour après avoir participé à la mise sur orbite de satellites Starlink. Rappelons qu’il s’agit d’une constellation d’environ 3 000 satellites de connectivité web mondiale. Ici, SpaceX est son propre client puisqu’il est propriétaire de Starlink. Et pour 2022, cela représente un peu plus d’une trentaine de missions du Falcon 9.

Retour au sol en Floride des 2 premiers étages latéraux du vol du Falcon Heavy du 1er novembre. Le client était l’armée américaine. SpaceX réutilise plusieurs fois les premiers étages de son lanceur Falcon 9. Ceux-ci reviennent au sol ou sur des barges en mer.
Crédit : SpaceX

Numéro 1 en 2021, la Chine occupe cette fois-ci la deuxième place avec 64 lancements orbitaux (dont 2 échecs). Son programme de station spatiale a vu 2 vols habités (Shenzhou-14 et 15).
En ce qui concerne les complexes de lancement, la Cape Canaveral Space Force Station en Floride (d’ou opèrent notamment les privés SpaceX et United Launch Alliance) décroche le haut du podium avec 38 décollages. La deuxième place revient à Jiuquan en Chine (25) et la troisième nous fait revenir en Floride avec le Centre Spatial Kennedy de la NASA (l’un des deux pas de tir est exploité par SpaceX) pour 19 vols, dont celui inaugural du SLS pour Artemis I.

La Russie obtient la troisième place du palmarès avec 22 lancements orbitaux. L’Europe est quatrième ex aequo avec l’Inde (5 lancements). L’Iran, le Japon et la Corée du Sud ont accompli chacun un seul vol orbital. Celui du Japon a été un échec.

Fin d’année difficile pour l’Europe

Après le remarquable succès du lancement du télescope spatial James Webb fin 2021 grâce à Ariane 5, l’année 2022 s’annonçait positive pour l’Europe. Toutefois, le Centre Spatial Guyanais ne vit en 2022 qu’un seul départ de Soyouz russe (commercialisé par Arianespace) le 10 février. En effet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février et les sanctions qui en découlèrent mirent fin à la coopération autour du Soyouz en Guyane.
Les lancements orbitaux européens totalisent ainsi 5 avec 3 pour Ariane 5 et 2 pour Vega dans sa version Vega-C. Il s’agit d’une version plus puissante du petit lanceur européen commercialisé par Arianespace comme Ariane 5.
Le vol inaugural de cette version se déroula avec succès le 13 juillet 2022. Toutefois, le premier vol commercial (dit VV22), mené le 20 décembre 2022, se solda par un échec. Arianespace et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) ont indiqué que la défaillance s’est produite lorsque le deuxième étage Zefiro 40 du Vega-C a pris le relais sur le premier (le P120). Une baisse de pression a été remarquée, puis le lanceur détruit alors qu’il s’écartait de sa trajectoire. Les 2 satellites d’observation de la Terre Pléiades Neo 5 et 6 d’Airbus ont été perdus. Une commission d’enquête a été initiée afin de comprendre les raisons du troisième échec en 22 vols d’un lanceur de la famille Vega (toutes versions confondues).