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Le Starship décolle, mais n’atteint pas l’espace

Publié le 20 avril 2023

Lors de son premier vol d’essai au complet le 20 avril, le Starship de SpaceX a quitté son pas de tir de Boca Chica au Texas. Mais après quelques minutes de vol et à une trentaine de kilomètres d’altitude, le lanceur géant a explosé.

Le Starship décolle, mais n’atteint pas l’espace

Avec ses 5 000 tonnes une fois rempli de carburant, le Starship s’impose comme le plus imposant lanceur de tous les temps. Sauf que jusqu’à ce 20 avril 2023, il n’avait jamais décollé en configuration complète. C’est désormais chose faite.

Un décollage impressionnant

En développement depuis plusieurs années, le Starship a déjà connu des vols d’essai, mais partiels. Il s’agissait du deuxième étage du lanceur géant (la partie Starship) qui accomplissait des «bonds» à quelques kilomètres avant de revenir au sol (et souvent en explosant). Le 20 avril, pour la première fois, le monstre de 5000 tonnes a quitté son pas de tir de Boca Chica au Texas à 8h33 heure locale poussé par son premier étage Super Heavy doté de 33 propulseurs Raptor qui consomment du méthane et de l’oxygène liquide. Un décollage impressionnant comme le montre la vidéo SpaceX ci-contre (envol à 45:00).

Le Starship en pleine ascension dans le ciel du Texas.
© SpaceX

Désassemblage imprévu et rapide

Dans la gerbe de flamme et de poussière soulevée par la mise à feu des 33 moteurs, on remarque des débris de grande taille éjectés. Le Starship de 119 m de haut s’envole toutefois, prenant de la vitesse. On constate que, dès le début, 3 propulseurs Raptor ne fonctionnent plus (le schéma sur la gauche de la vidéo l’indique). Deux autres seront signalés éteints par la suite. Après avoir dépassé une trentaine de kilomètres d’altitude, le lanceur bascule alors même que le deuxième étage (le Starship proprement dit) ne s’est pas séparé du premier étage Super Heavy. Selon les chiffres affichés, le lanceur a culminé sur sa lancée à 39 km d’altitude avant de redescendre et d’exploser à 29 km après un peu moins de 4 minutes de vol. Pour reprendre une expression de SpaceX, le Starship a subi un RUD (Rapid Unscheduled Disassembly), soit un désassemblage imprévu et rapide.
Il est vrai que la société américaine avait répété à maintes reprises avant ce lancement que les risques étaient élevés et que quitter avec succès le pas de tir serait déjà perçu comme une avancée importante.

Prochain vol dans quelques mois

Le Starship n’aura donc pas atteint l’espace ni accompli un tour partiel de notre planète pour amerrir dans l’océan Pacifique non loin d’Hawaii. Le patron de SpaceX a cependant félicité ses équipes sur Twitter, précisé «avoir beaucoup appris» et indiqué que le prochain vol d’essai se déroulerait dans quelques mois. Également sur Twitter, l’administrateur de la NASA Bell Nelson a affiché son soutien. Une réaction importante puisque le Starship a été sélectionné par l’agence américaine afin de servir d’atterrisseur lunaire (dans une version spécifique qui n’est pas celle qui volait aujourd’hui) au programme Artemis de retour vers notre satellite naturel. Le directeur général de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) Josef Aschbacher a salué «une étape impressionnante». L’ESA est l’une des agences partenaires d’Artemis. Le dixième Français dans l’espace, et astronaute de l’ESA, Thomas Pesquet a de son côté souligné que «le tir du jour sera une source de leçon» et que «SpaceX est connu pour pousser les limites et accepter les erreurs».

Dans les jours et semaines qui viennent, les équipes de SpaceX vont en effet décortiquer les données du vol pour en tirer les améliorations qui s’imposent, voire les modifications de conception si nécessaire (cela fait partie de la culture de cette entreprise), afin que le Starship puisse repartir et aller bien plus loin.

Les réactions sur Twitter d’Elon Musk, Bill Nelson (NASA), Josef Aschbacher (ESA) et de l’astronaute Thomas Pesquet.
© Cité de l’espace/captures d’écran Twitter

Illustration montrant la version lunaire du Starship.
© SpaceX

Les enjeux du Starship

Avec ses capacités potentielles inédites (150 tonnes sur orbite basse) et la logique de réutiliser ses deux étages, le Starship  pourrait transformer l’accès à l’espace. SpaceX estime que son futur lanceur fera baisser de façon très importante le coût des lancements tout en permettant une cadence inédite. Aussi, la NASA a retenu le Starship dans une version spécifique afin qu’il fasse office d’atterrisseur lunaire dans le cadre du programme Artemis. Le Starship ne sera donc pas chargé de transporter les astronautes vers la Lune. Ils arriveront avec la capsule Orion (et son module de service européen fourni par l’ESA) pour un rendez-vous autour de la Lune avec le Starship lunaire préalablement envoyé là-bas en automatique. Le Starship servira alors à rejoindre la surface de notre satellite naturel, puis à ramener les astronautes vers Orion. Le lanceur géant de SpaceX est donc à la fois le concept sur lequel la firme privée entend bâtir son offre commerciale à l’avenir et un rouage essentiel du programme Artemis du fait de sa fonction de module lunaire.

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