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OSIRIS-REx : des échantillons d’astéroïde prometteurs

Publié le 12 octobre 2023

Les premiers examens des échantillons de l’astéroïde Bennu ramenés par la sonde OSIRIS-REx de la NASA montrent qu’ils contiennent du carbone et de l’eau. «Un rêve pour les astrobiologistes» a commenté un scientifique.

OSIRIS-REx : des échantillons d’astéroïde prometteurs

Lancée en 2016, la sonde OSIRIS-REx de la NASA a prélevé des échantillons en surface de l’astéroïde Bennu (ou Benou) en octobre 2020. À peine moins de 3 ans plus tard, elle larguait vers la Terre une capsule les contenant. La précieuse récolte se posa sans encombre sous parachute le 24 septembre dernier au sein de l’Utah Test and Training Range. Désormais, on en sait plus sur ce qui a été ainsi ramené.

Méticulosité exigée

Il aura toutefois fallu attendre le 11 octobre, soit un peu plus de 2 semaines, pour que la NASA en dise plus le contenu de la capsule larguée par OSIRIS-REx. Pourtant, celle-ci avait été transportée dès le lendemain de son atterrissage au centre spatial Johnson à Houston au Texas. Connu pour son rôle dans les vols habités, le centre héberge également l’Astromaterials Curation Facility, un laboratoire spécialisé dans le traitement des échantillons extraterrestres (météorites, prélèvements accomplis par des sondes, etc.), un héritage des missions lunaires Apollo.
Le délai s’explique par la nécessité de manier avec énormément de précautions la capsule larguée par OSIRIS-REx afin de prévenir toute contamination, mais pas forcément celle à laquelle on pense.

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Le TAGSAM (Touch And Go Sample Acquisition Mechanism) ramené par la capsule est le dispositif qui a permis de saisir des échantillons sur Bennu. Il est ici pris en photo à l’Astromaterials Curation Facility de Houston.
© NASA

Le personnel de l’Astromaterials Curation Facility à Houston au Texas accède avec précaution au dispositif TAGSAM (en bas à gauche) qui contient les échantillons de Bennu. Pour éviter toute contamination, les opérations s’effectuent dans une enceinte étanche de type glovebox.
© NASA

En effet, on ne craint pas des microbes venus de l’espace. En revanche, il faut éviter à tout prix que l’environnement terrestre ne contamine les échantillons de Bennu. La capsule et son contenu sont donc manipulés dans une enceinte étanche de type glovebox (boîte à gants, voir photo). Les procédures déjà longues ont demandé plus de temps puisque des éléments de l’astéroïde avaient en quelque sorte «débordé» du TAGSAM (Touch And Go Sample Acquisition Mechanism), le dispositif circulaire de prélèvement. Hors de question de les balayer : il est impératif de les repérer, les récupérer et les cataloguer.

Cette photo montre bien (la partie droite concerne ce qui est indiqué par un rectangle blanc à gauche) le «débordement» d’échantillons en dehors du TAGSAM et qui a demandé encore plus de travail et de précautions.
© NASA

Un objectif «largement dépassé»

Toujours au centre spatial Johnson le 11 octobre et en présence de l’administrateur de la NASA Bill Nelson, les premières conclusions ont été présentées. Tout d’abord, l’agence américaine visait une récolte de 60 grammes minimum. L’estimation de 250 grammes fut avancée, mais il s’agit juste d’une évaluation avec une erreur possible de 101 grammes. Cependant, pour Bill Nelson, le but a été visiblement «largement dépassé». Les scientifiques en charge d’OSIRIS-REx ne peuvent pas pour le moment mesurer la masse d’échantillons. Ce chiffre pourrait être connu d’ici deux semaines selon eux. 

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Gros plan sur la partie supérieure du TAGSAM d’OSIRIS-REX qui regorge de morceaux de l’astéroïde Bennu.
© NASA TV (capture d’écran)

En revanche, des analyses sur quelques prélèvements montrent des minéraux hydratés (donc de l’eau est présente) et une concentration de 4,7 % de carbone, la fourchette haute si on compare à des météorites qui sont des fragments d’astéroïdes tombés sur Terre. Le trésor de Bennu ainsi ramené promet de mieux expliquer la formation du Système solaire et comment les briques de base du vivant étaient présentes sur Terre. «Un rêve pour les astrobiologistes» a commenté Daniel Glavin, un de responsables scientifiques d’OSIRIS-REx.

Meteorite Caille

La météorite de Caille exposée à la Cité de l’espace.
© Cité de l’espace

Astéroïdes, météorites et sécurité

La Cité de l’espace de Toulouse expose la météorite de Caille, la plus massive (620 kg) retrouvée en France. Les météorites étant des fragments d’astéroïdes et il s’agit de la plus ancienne façon d’étudier des morceaux de ces astres, véritables laissés pour compte de la formation des planètes et donc témoins des conditions qui régnaient au début du Système solaire.
Les missions spatiales de retour d’échantillons permettent cependant d’analyser des prélèvements qui n’ont pas subi la chaleur de la rentrée dans l’atmosphère et qui n’ont pas été contaminés par l’environnement terrestre. OSIRIS-REx est la troisième mission de ce type après Hayabusa et Hayabusa2 menées par l’agence japonaise JAXA. Des échantillons de l’astéroïde Ryugu récoltés par Hayabusa2 seront prochainement visibles à la Cité de l’espace.
L’étude des astéroïdes suit aussi un but de protection (voir le film IMAX 3D Chasseurs d’Astéroïdes), puisque mieux connaître leur composition est indispensable afin de savoir comment nous pourrions les dévier si l’un d’eux menace notre planète. Dans l’acronyme OSIRIS-REx, le S signifie ainsi Security (sécurité). 

Enregistrement de la conférence de presse du 11 octobre à Houston au cours de laquelle ont été présentés les échantillons ramenés de Bennu par OSIRIS-REx.

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