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Crew-9 : deux à l’aller, quatre au retour

Publié le 30 septembre 2024

Le Crew-9 a décollé de Cape Canaveral et s’est amarré à l’ISS 48h plus tard. Nick Hague et Aleksandr Gorbunov sont partis avec deux sièges vides pour ramener Sunita Williams et Butch Wilmore arrivés en juin avec le Starliner. Une “mission sauvetage“ de six mois.

Crew-9 : deux à l’aller, quatre au retour

C’était un peu le “space opera” de l’été. Partis pour un séjour de deux semaines, début juin, avec la capsule de Boeing, Starliner, Sunita Williams et Butch Wilmore sont toujours à bord de la Station spatiale internationale. Suite aux défaillances constatées sur le Starliner, et pour ne prendre aucun risque, la NASA a choisi, en août, que les deux astronautes américains feraient désormais partie de l’expédition 72. Le Crew-9 est donc monté avec deux sièges vides. Tous les quatre ne rentreront qu’en février. L’arrivée de la capsule Dragon “Freedom” est surtout une bonne nouvelle pour eux en cas d’évacuation d’urgence. 

La capsule Dragon “Freedom” s’est amarré dimanche 29 septembre à l’ISS.

© NASA / SpaceX

Une “mission sauvetage” ?

Les deux astronautes viennent surtout assurer la relève dans l’ISS

Oubliez les scénarios hollywoodiens où l’administration américaine imagine des plans extravagants pour sauver Matt Damon. Le Crew-9 n’est pas qu’une mission sauvetage pour sauver les soldats Williams et Wilmore. À la suite des défaillances constatées sur le Starliner, et dans un contexte politique tendu, la NASA a fait le choix de ne prendre aucun risque. Le Starliner est rentré sans équipage et sans incident le 6 septembre. Quant à Sunita Williams et Butch Willmore, il a été décidé qu’ils feraient partie du Crew-9.

Deux sièges vides

Après le Soyouz MS-25 arrivé le 11 septembre dans la Station, la capsule Dragon de SpaceX devait assurer la relève dans la Station spatiale internationale. Comme à chaque fois, quatre astronautes, devaient rejoindre l’ISS grâce à un lanceur Falcon 9 de la firme d’Elon Musk. Mais, pour permettre à l’équipage du Starliner de rentrer, il a fallu libérer deux sièges à l’aller. L’Américain Nick Hague et le Russe Aleksandr Gorbunov sont, donc, arrivés dans la Station le 29 septembre vers 23h30. Les deux autres membres de l’équipage initialement choisis ont dû laisser leur place. La conséquence pour Williams et Wilmore est qu’ils ne rentreront qu’à la fin de la mission du Crew-9. Partis pour huit à quinze jours de missions tout au plus, ils vont passer huit mois dans l’espace et ne reviendront qu’en février.

Williams et Wilmore membres imprévus de l’Expédition 72

Les deux membres de l’équipage du Boe-CFT se sont vite intégrés à l’équipe

Ce n’était pas leur premier séjour dans l’ISS. Barry “Butch” Wilmore avait déjà effectué deux séjours dans la Station spatiale internationale en 2009 et 2015. Sunita Williams, quant à elle, cumulait, avant le décollage du Starliner, 321 jours dans l’espace et deux séjours dans l’ISS en 2006 et 2012. À l’arrivée de leur capsule, leur enthousiasme était palpable. Depuis, ils ont participé à des nombreuses expériences comme des membres à part entière de l’équipage de l’ISS. Suni Williams a même été nommée commandante de la Station spatiale internationale. La cérémonie a eu lieu la veille du départ du MS-25. Oleg Kononenko, qui détient le record du nombre de jours cumulés dans l’espace – 1111 jours – lui a transmis symboliquement la clé de la station.

Butch Wilmore et Sunita Williams se sont intégrés en tant que membres à part entière de l’équipage de l’Expédition 72 dans la Station spatiale internationale.

© NASA

Nick Hague et Aleksandr Gorbunov ont décollé avec deux sièges vides dans la capsules pour rapatrier les deux membres de l’équipage du Starliner de Boeing rentré le 6 septembre, à vide.

© SpaceX

Enfin un siège en cas d’urgence

Depuis le 6 septembre, les possibilités d’évacuation en cas d’urgence étaient limitées

Envisager le pire, c’est à la base de l’entraînement des astronautes. L’essentiel de leur formation consiste à savoir comment réagir en cas d’urgence. Dès les premiers incidents annoncés sur le Starliner, Boeing et la NASA ont toujours indiqué que la capsule restait opérationnelle pour un retour d’urgence en cas d’évacuation. En effet, si l’ISS devait être mise en danger par un incendie, ou une collision, par ewemple, les membres de l’équipage se préparent toujours à pouvoir évacuer rapidement. Dans son livre, « Ma vie sans gravité », Thomas Pesquet raconte des épisodes de mise en sécurité, en particulier lors de l’amarrage du module russe Nauka. Il est prévu que chaque astronaute rejoigne son vaisseau.

L’angoisse du strapontin

Depuis le départ, à vide, du Starliner, Williams et Wilmore étaient sans solution. On le sait, en cas d’urgence, il aurait été possible de rajouter des sièges dans la capsule Dragon du Crew-8. Ils seraient, ainsi, revenus à six, avec la capsule de SpaceX. Mais cette solution des “strapontins” était loin d’être la plus confortable. L’arrivée du Crew-9 et des deux sièges pour Butch et Suni permet de tranquilliser l’équipage.

Un Américain et un Russe dans un Dragon

Si Nick Hague a déjà effectué un séjour dans l’ISS, ce sera une grande première pour le Russe Aleksandr Gorbunov

Il était 19h17, samedi 28 septembre, lorsque la fusée Falcon 9 a quitté le pas de tir de Cape Canaveral. L’amarrage avec la Station spatiale internationale a ensuite eu lieu 48h plus tard. À son bord :

  • Nick Hague : Il devait être le pilote de cette mission dans l’équipage original. Il en sera finalement le commandant en équipage réduit. Habitué aux imprévus, Hague avait subi une éjection de la capsule Soyouz lors de son premier vol en 2018. Ensuite, il a effectué deux autres vols en direction de l’ISS et cumulé plus de 200 jours dans l’espace.
  • Aleksandr Gorbunov : Il est le spécialiste de mission. C’est sa première mission dans l’espace. Dans le cadre des accords avec Roscosmos, il n’était pas envisageable que sa place soit remise en cause. Ce sont donc les deux autres membres d’équipage, Zena Cardman et Stephanie Wilson qui ont dû céder leur place pour permettre de rapatrier en février prochain les deux “naufragés” du Starliner.
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Nick Hague est le commandant de la mission. Aleksandr Gorbunov qui effectue son premier voyage dans l’espace est Spécialiste de mission.

© NASA

Revivez le décollage du Crew-9

Encore un incident avec le second étage

Les Falcon 9 interdites de vol pour la troisième fois en trois mois

Il y a d’abord eu un problème de fuite sur le second étage d’une Falcon 9, à l’occasion de la tentative de mise sur orbite d’une vingtaine de satellites Starlink. Puis, c’est un premier étage qui a raté son retour sur la barge de récupération et qui a explosé. Cette fois, le second étage qui a servi à placer la capsule Dragon “Freedom” du Crew-9 a manqué la zone prévue pour sa rentrée atmosphérique. « Après le lancement réussi de Crew-9 […], le deuxième étage de Falcon 9 a été immergé dans l’océan comme prévu, mais a subi une combustion hors orbite anormale. Le deuxième étage a ainsi atterri en toute sécurité dans l’océan, mais en dehors de la zone ciblée », explique SpaceX sur son compte X (ex-Twitter). « Nous reprendrons les lancements après avoir mieux compris la cause profonde ». Pour le moment, la FAA, l’aviation civile américaine,comme lors des précédents incidents a diligenté une enquête avant d’autoriser le retour en vol de Falcon 9. Ce nouvel arrêt brutal des vols pour SpaceX est préoccupant alors que deux missions scientifiques importantes sont prévues la semaine prochaine :

  • Le 7 octobre, un lanceur Falcon 9 doit envoyer la sonde Hera de l’Agence spatiale européenne en direction de l’astéroïde Dimorphos pour étudier les conséquences de la mission de défense planétaire DART.
  • Le 10 octobre, un lanceur Flacon Heavy doit envoyer la sonde Europa Clipper en direction du système jovien. Elle doit étudier la lune glacée de Jupiter, Europe. C’est l’une des missions majeures de la NASA cette année et sa fenêtre de tir n’est que d’une vingtaine de jours.
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Il s’agit du troisième incident avec un lanceur Falcon 9 depuis le mois de juillet. © SpaceX

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