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Un premier étage de Falcon 9 a volé 20 fois

Publié le 15 avril 2024

SpaceX a battu son propre record de réutilisation d’un premier étage de son lanceur Falcon 9. Le 12 avril, l’exemplaire B1062 a en effet volé pour la vingtième fois depuis novembre 2020. Il a aussi contribué à deux vols habités.

Un premier étage de Falcon 9 a volé 20 fois

Le 22 décembre 2015, les équipes de SpaceX réussissent pour la première le retour du premier étage (ou booster) de leur lanceur Falcon 9. Parfois perçue comme un prouesse technique sans réel lendemain ou intérêt économique, la logique de retour du booster pour sa réutilisation va pourtant devenir la spécialité de la société créée par Elon Musk qui en repoussera même régulièrement les limites.

Et de 20 pour B1062 !

Le Falcon 9 exploité par SpaceX aujourd’hui est la version dite Block 5 qui marque une évolution manifeste depuis la première version V1.0 inaugurale de 2010. Ce qui ne change pas est le design général reposant sur 9 moteurs Merlin (qui consomment du kérosène et de l’oxygène liquide) pour le premier étage. Le second, qui n’est pas récupéré, utilise un seul Merlin. En revanche, de la v1.0 au Block 5 actuel, la masse au décollage du lanceur (ergols inclus) est passée de 333 tonnes à 549 tonnes et la performance sur orbite basse a presque doublé, de 10,4 tonnes envoyées là-haut à 17,5 tonnes (et 22,8 tonnes si on ne récupère pas le premier étage).
Outre cette augmentation de capacité, les évolutions du Falcon 9 ont eu pour but d’améliorer sa logique de réutilisation en raccourcissant le délai entre deux vols et en permettant de plus en plus de décollages.

En témoigne le booster référencé B1062 qui est parti la première fois le 5 novembre 2022 et qui, le 12 avril 2024, accomplissait avec succès sa vingtième mission (avec retour) après avoir lâché 23 satellites Starlink de SpaceX (connectivité web). C’est la première fois qu’un booster de Falcon 9 atteint 20 vols avec retour.
B1062 a servi 13 fois pour Starlink, 3 fois pour des satellites de télécommunications divers (Nilesat-301, OneWeb et ArabSat 7B), 2 fois pour le GPS américain et 2 fois pour des missions habitées (Inspiration4 en 2021 et Axiom-1 en 2022).

Décollage de Floride le 12 avril à 21h40 (heure locale), pour la vingtième fois, du premier étage B1062 d’un Falcon 9. Lors de cette mission, SpaceX a placé 23 de ses satellites Starlink sur orbite.
© SpaceX

Retour sur barge en mer du B1062 pour son vingtième vol. La carrière de ce booster ne devait pas s’arrêter là (capture d’écran du direct SpaceX).
© SpaceX

L’équation de la réutilisation

SpaceX a toujours avancé que la réutilisation s’impose comme la pierre angulaire de la baisse du coût de l’accès à l’espace. Les coûts associés (remise en état) et la logistique nécessaire (barge de retour en mer pour certains vols) ont régulièrement soulevé des critiques quant à la démarche. La firme basée a Hawthorne en Californie et qui exploite des pas de tir dans cet État, au Texas (pour son Starship) ainsi qu’en Floride a cependant continué. Elle a mis sur pied la récupération des coiffes (qui coûtent plusieurs millions de dollars) tout en réduisant le temps entre deux vols d’un même booster. Pour son vingtième vol, B1062 est ainsi reparti 28 jours après sa précédente mission. Le pari de la réutilisation s’appuie de plus sur un nombre élevé de prestations : en 2023, SpaceX a procédé à 96 lancements orbitaux tous réussis (91 avec le Falcon 9 et 5 en version Heavy). 

SpaceX ambitionne plus de 140 vols pour 2024. Et l’une des recettes pour y parvenir repose sur une réutilisation accrue des premiers étages. Après avoir visé 10 puis 20 décollages, SpaceX compte certifier ses boosters pour 40 envols !
Du côté de la concurrence en réutilisable, la compagnie Blue Origin fondée par le milliardaire Jeff Bezos annonce que le premier étage de son futur lanceur New Glenn vise d’entrée les 20 missions.

Vidéo SpaceX montrant les essais de retour avec échecs qui ont permis de mettre au point le principe de réutilisation du premier étage des Falcon 9. Il est à noter que l’échec d’un retour n’implique pas celui de la mission (le second étage, lui, continue à voler).

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