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Haven-1, une station spatiale privée annoncée pour 2025

Publié le 11 mai 2023

La société privée américaine Vast a déclaré avoir retenu SpaceX pour lancer en 2025 le premier module de sa station Haven-1 sur orbite terrestre. Aux États-Unis, les projets de stations commerciales se multiplient, certains soutenus par la NASA.

Haven-1, une station spatiale privée annoncée pour 2025

Basée à Long Beach en Californie, la société Vast a été fondée en 2021 par le milliardaire américain Jeb McCaleb qui a fait fortune via l’informatique et internet. Début 2023, Vast a acquis la start-up spatiale Launcher qui a notamment travaillé sur un projet de petit lanceur.
Le 10 mai, Vast a précisé ses ambitions en déclarant avoir signé un contrat avec SpaceX afin de placer sur orbite terrestre une station dénommée Haven-1 et y mener une première mission habitée baptisée Vast-1.

La station spatiale Haven-1

Comme le montre la vidéo de Vast ci-contre, la station Haven-1 sera au départ un unique module de 14 tonnes de 10,1 m de long pour 3,8 m de diamètre. Son lancement avec un Falcon 9 de SpaceX est prévu pour le mois d’août 2025. Haven-1 arrivera sur orbite avec les équipements et vivres nécessaires à une première mission habitée. Baptisée Vast-1, elle consistera en quatre personnes qui rejoindront la station grâce à une capsule Crew Dragon de SpaceX. Le retour se fera 30 jours après.
Avec cette annonce, la firme Vast indique clairement son intention de devenir un acteur majeur de la commercialisation des vols habités, une tendance encouragée par le gouvernement américain depuis plusieurs années.

Image d’artiste de l station Haven-1 de Vast. On remarque la présence d’un large hublot à l’avant et la capsule Crew Dragon amarrée à l’arrière.
©Vast

Prochainement, l’ère des stations privées ?

En faisant appel à SpaceX et Boeing pour transporter ses astronautes vers la Station Spatiale Internationale (ISS) sur la base de contrats commerciaux, la NASA a toujours mis en avant qu’elle ne souhaitait pas être la seule cliente, encourageant ainsi le développement des vols habités orbitaux privés. Première compagnie certifiée, SpaceX a d’ailleurs déjà vendu de telles missions non-gouvernementales, à savoir Inspiration4 en septembre 2021 (financée par Jared Isaacman) et Ax-1 en avril 2022 (organisée par Axiom Space). Cette dernière avait pour destination l’ISS et se faisait donc dans le cadre d’un contrat additionnel avec la NASA. Axiom Space bénéficie d’un accord avec l’agence américaine afin d’ajouter à l’ISS ses propres modules privés et ne plus dépendre uniquement de ceux propriétés d’agences spatiales étatiques. Ces modules pourront par la suite devenir indépendants de l’ISS.
Fin 2021, la NASA a de plus retenu trois propositions de stations privées issues de Blue Origin (avec Sierra Space), Nanoracks (avec Lockheed Martin et Voyager Space) et Northrop Grumman. De 125 à 160 millions de dollars ont été confiés à ses compagnies afin de les inciter à développer chacune un projet de station commerciale dont l’agence américaine serait l’une des clientes. Le but est d’y continuer notamment la science actuellement menée à bord de l’ISS après son arrêt envisagé pour 2030.

Avec Haven-1, Vast s’inscrit donc sur ce marché qui ne concerne d’ailleurs pas que la NASA. Le tourisme spatial y fait même figure d’arbre qui cache la forêt, car derrière cette activité potentielle souvent très médiatisée, on trouve un modèle économique industriel et institutionnel. Industriel puisque plusieurs compagnies privées (dont des laboratoires pharmaceutiques) ont exprimé leur intérêt de réaliser sur orbite leurs propres expériences scientifiques et de recherche dont elles détiendraient l’intégralité des droits commerciaux (et par exemple rester propriétaire du brevet d’une molécule mise au point en impesanteur). L’aspect institutionnel repose sur le fait que des agences spatiales comptent appuyer le volet habité de leur programme sur une prestation commerciale au lieu de faire appel aux classiques coopérations purement étatiques longues à mettre en œuvre. Ainsi, le prochain vol d’Axiom Space vers l’ISS, Ax-2 prévu fin mai, comprend en plus du «touriste» américain John Shoffner deux astronautes (Ali Alqarni et Rayyanah Barnawi) de la Saudi Space Commission qui fait office d’agence spatiale de l’Arabie Saoudite.
Une telle ère des stations privées avait été évoquée par Didier Schmitt, chef de la Stratégie et de la Coordination des Vols habités de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), lors d’une conférence de presse donnée à la Cité de l’espace le 10 mars dernier.
À plus long terme, et tablant sur la rentabilité de cette logique commerciale, Vast entend adapter son offre et esquisse notamment une station de 100 m de long basée sur des modules de 7 m de diamètre lancés à l’aide du Starship de SpaceX dont le vol récent d’un prototype intégral a eu lieu le 20 avril, sans toutefois atteindre l’orbite.

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Les projets à long terme de Vast. Une station de 100 m de long basée sur des modules de 7 m de diamètre capable d’accueillir 40 astronautes. Ou une autre de forme circulaire en rotation afin de procurer une pesanteur artificielle à ses occupants. Des visions du futur qui dépendent de la rentabilité du modèle commercial pour les vols habités.
©Vast

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