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La ville de New York s’enfonce selon le satellite Sentinel-1

Publié le 19 octobre 2023

Grâce aux relevés radar du satellite européen Sentinel-1, une étude financée par la NASA a déterminé que la ville de New York s’enfonce en moyenne de 1,6 mm par an du fait du passé géologique de la région et des activités humaines.

La ville de New York s’enfonce selon le satellite Sentinel-1

Depuis des décennies, une véritable armada de satellites observe la Terre, récoltant des données sur la météo, le climat, la composition des sols, le niveau des océans, etc. Un rôle expliqué à la Cité de l’espace de Toulouse. Ces précieuses informations permettent en quelque sorte de prendre le pouls de notre planète et jouent un rôle important pour l’aménagement des territoires et la gestion des ressources naturelles. Parfois, les mesures obtenues fournissent des résultats surprenants comme pour la ville de New York.

New York s’enfonce doucement

Le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA a en effet établi que la célèbre métropole s’enfonce en moyenne de 1,6 mm chaque année. Quelques zones très minoritaires en superficie s’élèvent du même montant et, dans le Queens, on remarque une progression très localisée de 6,9 mm de 2016 à 2019 (elle est depuis stabilisée). Les données qui ont permis ces constatations ont été fournies par les relevés radar du satellite européen Sentinel-1 envoyé sur orbite en 2014 dans le cadre du programme d’observation de la Terre Copernicus initié et financé par la Commission Européenne.
Si, comme nous l’avons expliqué plus haut, il existe quelques exceptions, c’est bien la baisse de niveau qui domine avec des endroits plus touchés que d’autres.

Carte des variations de niveaux de New York établie par la JPL avec des données de 2016 à 2023 du satellite européen Sentinel-1. Les zones en bleu montrent un enfoncement, alors que quelques zones en rouge trahissent une élévation. L’échelle est en millimètre par an.

© NASA/JPL-Caltech/Rutgers University

Gros plan sur deux zones. À gauche, l’aéroport LaGuardia dont la piste 13/31 (en bleu foncé) s’enfonce de 3,7 mm par an. À droite, une section de Brooklyn (en rouge) qui monte de 1,6 millimètre par an.
© NASA/JPL-Caltech/Rutgers University

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Ainsi, la piste 13/31 de l’aéroport LaGuardia dans le Queens baisse de 3,7 mm par an.

Dans le même quartier, le stade Arthur Ashe qui héberge l’US Open de Tennis descend annuellement de 4,6 mm. Ces chiffres peuvent paraître négligeables, mais David Bekaert qui a dirigé l’étude pour le JPL souligne que ces tendances sont importantes au regard de la montée globale des océans causée par le réchauffement climatique. Pour les scientifiques, la ville de New York qui a déjà engagé des travaux pour se protéger d’une élévation de la mer et des inondations aura tout intérêt à intégrer ces données.

Comment s’explique cette baisse générale
du niveau de New York ?

Le JPL avance une cause liée au passé de la région concernée. Lors du dernier âge de glace, voici 24000 ans, un immense glacier recouvrait les territoires au nord de New York. Un mur de glace de plus de 1,5 km de hauteur s’élevait dans la zone où est aujourd’hui la ville d’Albany (à un peu plus de 200 km). L’énorme masse du vaste glacier appuyait sur le manteau terrestre qui, par réaction, remontait autour. La fonte du glacier entraîna un effet inverse qui continue donc de nos jours. À cela s’ajoutent des facteurs liés aux activités humaines qui augmentent le phénomène (le recours aux remblais par exemple) ou s’y opposent. Ainsi, la montée localisée de 6,9 mm dans le Queens de 2016 à 2019 pourrait venir d’opérations de traitement des eaux polluées.

Données européennes pour étude américaine

L’étude s’appuie sur des relevés radar réalisés avec le satellite Sentinel-1, plus exactement son instrument C-SAR, un radar à synthèse d’ouverture en bande radio C qui peut fonctionner en mode interférométrique. Pour simplifier, cette technique autorise une imagerie radar extrêmement précise. Bien évidemment, pour en déduire les variations de niveaux en millimètres comme l’a fait le JPL, il est indispensable d’accomplir un énorme travail sur les données brutes. Pour y parvenir, le centre de la NASA a collaboré avec la Rutgers University du New Jersey. Cette étude américaine s’appuie donc sur des données européennes en toute transparence. La Commission Européenne a en effet décidé que les mesures de tous les satellites Sentinel de son programme Copernicus seraient librement accessibles afin de favoriser la recherche scientifique et leur utilisation par les services publics tout en poussant des entreprises à concevoir des services à valeur ajoutée.

Illustration de Sentinel-1. Son émetteur et récepteur radar C-SAR est la «barre» visible sous le corps central du satellite européen.
© ESA

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