• Vols habités

Mission MDRS : Un mois sur une base martienne dans l’Utah

Publié le 14 février 2024

Sept étudiants de l’ISAE Supaéro s’apprêtent à passer un mois enfermés dans la MDRS (Mars research Desert Station) située dans le désert de l’Utah aux Etats-Unis. Ils partent avec une quinzaine d’expériences pour préparer les missions vers Mars.

Mission MDRS : Un mois sur une base martienne dans l’Utah

C’est une expérience interplanétaire, ou presque, que vont vivre ces septs étudiants de l’ISAE-Supaéro. Enfermés dans la base MDRS (Mars Research Desert Station), ils vont simuler un véritable séjour sur une base martienne. «L’objectif est de pousser les contraintes de simulation autant qu’on peut», précise Léo Tokaryev, l’ingénieur de bord de l’expédition 293. Ils vont donc rester confinés et pourront faire quelques sorties mais uniquement en scaphandre. Chacun aura un rôle très particulier, comme dans une mission spatiale. Enfin, ils devront réaliser des  expériences. Ils vont tester du matériel qui pourrait ensuite être utilisé lors de missions spatiales. Mais, les expériences cherchent aussi à mieux comprendre comment un équipage réagit à l’isolement et au confinement.

Isolé, confiné 

Les septs étudiants vont rester enfermés durant 4 semaines dans la base MDRS

Ils entrent dans la base le 18 février et ne devraient pas en sortir avant le 16 mars. Les équipages se succèdent dans cette station. Nos étudiants français prendront, ainsi, la suite d’un équipage indien. MDRS a été créé par la Mars Society, un organisme américain non lucratif qui s’intéresse aux missions vers la planète rouge. La base, installée en plein cœur du désert de l’Utah est composée d’un habitat cylindrique à deux étages. Une serre attenante permet de faire pousser quelques végétaux pour varier la nourriture, composée presque exclusivement d’aliments déshydratés. La base comporte également un atelier robotique et un dôme d’expériences scientifiques. Enfin, sur un petit promontoire, l’observatoire permet de réaliser des expériences astronomiques. Les sorties se font uniquement en scaphandre pour reproduire les conditions d’un séjour martien

2h de communication par jour

Sur Mars, des astronautes connaîtraient un délai de communication de l’ordre d’une quarantaine de minutes. Pour reproduire cette contrainte, les habitants de la MDRS n’ont droit qu’à une fenêtre de 2h de communication chaque jour. «C’est ce qui peut nous permettre d’envoyer nos mails, d’envoyer nos rapports», explique Erin Pougheon qui sera la journaliste de l’expédition. «Et tout le reste de la mission on a n’a absolument aucun contact».

crédit_Club_Mars_Supaero

La base comprend un habitat cylindrique de deux étages, une serre, un atelier robotique, un dôme d’expériences scientifiques et un observatoire. 
© Club Mars Supaéro

photo-de-groupe

L’équipage 293 lors de leur passage sur le Terrain martien de la Cité de l’espace.
Yves Bejach, scientifique – Léa Bourgely, astronome – Mathurin Franck, botaniste – Lise Lefauconnier, agente santé sécurité – Marie Delaroche, commandante – Erin Pougheon, journaliste – Léo Tokaryev, ingénieur de bord. 

© Club Mars Supaéro

Beaucoup d’excitation et un peu d’appréhension

Tous ont hâte de démarrer l’expérience même si il ne savent pas encore à quoi s’attendre

«C’est une expérience incroyable d’un point de vue humain», résume Marie Delaroche, la commandante. Si elle en parle avec autant d’assurance, c’est que c’est la seconde année qu’elle participe à l’expérience. Lors de l’expédition 275, elle était la journaliste de bord. Et elle a tenu à repartir. Pour les autres, en revanche, c’est l’inconnu. «J’ai hâte de découvrir comment on va réagir», indique Lise Le fauconnier, l’agente santé sécurité. «On est tous très excités parce que ça fait un peu plus d’un an qu’on prépare notre mission, qu’on prépare les expériences, qu’on prépare toute la logistique liée à la mission», ajoute Erin. «Donc on a envie que ça se concrétise. Le pendant c’est que ça crée un peu d’appréhension. Personnellement, être loin de ma famille et n’avoir pas de contact c’est quelque chose d’assez challengeant». Si les équipages ne se croisent pas, il, doivent s’occuper les uns après les autres des végétaux cultivés dans la serre. Par ailleurs, la tradition est de compléter un puzzle représentant un astronaute d’environ 1000 pièces. L’équipage devra le signer au dos une fois terminé.

L’équipage (ici 275) peut être amené à mener des expéditions en scaphandre pour réaliser certaines expériences.

© Club Mars Supaéro

Des expériences au quotidien

Comme dans l’ISS, ces étudiants partent avec un catalogue d’expériences à réaliser tout au long de la mission

Ce sont une quinzaine d’expériences que ces quatre femmes et trois hommes emportent avec eux. Pendant plus d’un an, ces étudiants ont démarché des universités, des chercheurs, des entreprises pour se proposer comme cobayes. Ils vont notamment tester Echofinder, proposé par le CNES. Il s’agit de permettre aux astronautes de réaliser une échographie en autonomie. «Ça utilise une réalité augmentée qui s’appuie sur une intelligence artificielle, pour guider les mouvements et amener l’astronaute à trouver une position pour avoir une image», précise Yves Bejach, le scientifique de la mission. C’est que lors d’une mission vers Mars, il ne serait pas possible d’avoir recours à la téléopération comme dans l’ISS. «Sur Mars on peut avoir entre 20 et 40 mn de délai», ajoute-t-il. «Pour réaliser une opération qui nécessite des mouvements aussi précis que l’échographie, c’est impossible en téléopération, donc on cherche de nouvelles façons de faire et ça c’est une des pistes explorées actuellement». Le but étant d’acquérir une image correcte qui sera ensuite analysée sur Terre par les médecins. 

275-02-15-2023(4)

Echofinder, ici testé par l’équipage 275, permet d’aider les astronautes à faire des échographies même loin d’un médecin.

© Club Mars Supaéro

275_Sol1_picture of the day

Les sorties ne se font qu’en scaphandre, l’équipage doit réussir à vivre ensemble.

© Club Mars Supaéro

Étudier le facteur humain

Les expéditions testent du matériel mais on cherche aussi à en savoir plus sur la psychologie de groupe

«Il y a deux grands types d’expériences. Soit des démonstrateurs de matériel, soit des expériences qui s’intéressent au facteur humain», précise Yves Bejach. Pour la seconde catégorie, les sept étudiants de Supaéro vont notamment partir avec l’expérience Orbital Architecture. Cette expérience imaginée par l’École royale polytechnique de Suède (KTH) consiste à étudier l’impact de l’architecture et de l’environnement d’une station sur le stress des astronautes. «Concrètement on va avoir un système de localisation de notre position dans la station en temps réel pour savoir dans quel module on était et avec qui», détaille Lise Lefauconnier. «On va avoir des capteurs environnementaux dans la station pour relever des données comme la température, la pression et l’humidité. Et on va réaliser des tests cognitifs de rapidité de logique, à différents endroits de la station, pour comparer nos performances dans des endroits différents». Les membres de l’équipage devront, par ailleurs, remplir des questionnaire de sommeil et de stress chaque jour. 

Des progrès d’année en année

«Ce qui est extrêmement satisfaisant c’est de voir les progrès qui sont faits tous les ans», s’enthousiasme la commandante Marie Laroche. «C’est, certes, un projet étudiant mais on s’aperçoit qu’au bout de dix ans on arrive à construire quelque chose de pérenne avec des laboratoires et des chercheurs qui nous font de plus en plus confiance». L’expérience Orbital Architecture a, par exemple, été emmenée dernièrement dans l’ISS par Marcus Wandt de la mission Axiom-3 ce qui permettra de comparer les données au sol et en orbite. «Que l’une de nos expériences soit aussi partie dans l’ISS, ça légitime notre travail. On contribue réellement à l’exploration spatiale».

Pour suivre leurs aventures

Suivez l’équipage 293 sur :

Ça se passe à la Cité de l’espace

Labo Mars : Découvrez l’environnement martien

Des expériences incroyables pour tout comprendre de l’atmosphère de Mars

Sans vous emmener jusque dans l’Utah, avec le Labo Mars, un animateur scientifique vous propose une série de 6 expériences ludiques et sensorielles pour découvrir les caractéristiques de la planète Mars.

En participant aux différentes expériences, vous comprendrez :

  • Echelles taille/distance par rapport à la Terre
  • Composition et caractéristiques de l’atmosphère
  • Froid intense en surface
  • Comportement de l’eau à la surface de Mars
  • Histoire de la géologie Martienne
  • Découverte du brouillard Martien

Au cours des 30 minutes d’animation, vous serez interpellés par le caractère insolite des expériences, explosions, évaporation instantanée, brouillard sec au toucher, toute la famille y trouvera son compte dès 5 ans !

labo-mars-emailing

Vous pourrez notamment toucher du brouillard martien 

© Cité de l’espace

Articles sur le même thème

La Cité de l’espace en ligne

Nos ressources et actualités spatiales