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Thomas Pesquet en Antarctique, sur la “Mars blanche”

Publié le 15 décembre 2023

Thomas Pesquet vient de passer quelques jours sur la base Concordia située sur le continent Antarctique. L’ESA est présente depuis 2003 sur cette base qui reproduit des conditions d'isolement et de confinement proches de celles d'un voyage vers Mars.

Thomas Pesquet en Antarctique, sur la “Mars blanche”

C’est une nouvelle destination extrême pour l’astronaute français. Mais cette fois, sur Terre. Thomas Pesquet a séjourné quelques jours en Antarctique, sur la base Concordia. Cette base franco-italienne est notamment gérée par l’Institut Polaire Paul-Emile Victor. Mais depuis son ouverture, l’ESA participe à ces missions scientifiques. L’agence spatiale européenne y voit une excellente façon de se préparer à l’isolement et au confinement pendant plusieurs mois. Des conditions qui se rapprochent de celle d’un voyage vers la planète Mars.

La base franco-italienne est gérée par l’Institut Polaire Paul-Emile Victor et le Programme national de recherche en Antarctique italien.

@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

La Mars blanche

L’ESA est présente sur la base Concordia depuis son ouverture

Impossible d’être blasé en débarquant ici. C’est comme arriver sur une autre planète”, décrit Thomas Pesquet après son long périple jusqu’à la base Concordia, située à 1000km de la côte du Continent Antarctique. Certains la surnomment la “White Mars”. Il faut dire que là-bas tout est blanc. La base est installée à 3200 m d’altitude au sommet du dôme C, l’un des dômes de glace de l’Antarctique. Elle est gérée par l’Institut Polaire Français et par le Programme national de recherche en Antarctique italien (PNRA). Mais, dès son ouverture, l’ESA a voulu être présente sur place. “Nous finançons, chaque année, un médecin qui passe 14 mois sur la base, pour réaliser des expériences scientifiques”, précise Didier Schmitt, qui coordonne le programme d’exploration humaine et robotique de l’ESA.

Vidéo panoramique de la base Concordia prise par Thomas Pesquet. La base est située au sommet du dôme C (ou dôme Charlie), à 3200 m d’altitude.

@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

60 personnes l’été / 12 personnes l’hiver

Pendant 9 mois, les résidents sont confinés sur la base Concordia

En ce moment, c’est l’été austral, une soixantaine de personnes vivent sur place. Mais en hiver, seuls une douzaine occupent les lieux pendant 9 mois, sans possibilité de retour ou d’intervention extérieure. “Le but ultime, d’ici la milieu de ce siècle, c’est d’aller sur Mars”, explique Didier Schmitt. “Une fois qu’on part pour Mars, ce n’est pas comme pour l’ISS ou pour la Lune, on ne peut pas rentrer quand on veut.”

Un voyage vers Mars, c’est 1000 jours confinés

L’objectif de l’ESA est donc d’observer le comportement psychologique des habitants de la base sur le temps long et de tester des technologies. “Si on veut rester 30 jours sur Mars, on sait qu’il faut compter 1000 jours en comptant le voyage aller-retour”, poursuit le responsable des vols habités de l’ESA. “Sur Concordia, pendant des mois, la vie des personnes dépend du bon état des infrastructures. On va pouvoir y tester des systèmes qu’on va utiliser dans le vaisseau. Et, ce n’est pas la même chose de tester en opérationnel ou en simulateur, où vous savez que vous pouvez ouvrir le sas pour sortir s’il y a un problème. Ça change tout.” A terme, il souhaite qu’un séjour sur la base Concordia fasse partie de la formation de tous les astronautes européens.

Pendant l’été austral, une soixantaine de personnes résident sur la base Concordia. Mais l’hiver, seule une douzaine de personnes occupent les lieux pendant 9 mois sans intervention extérieure, ni possibilité de retour. Des conditions proches d’un voyage vers Mars.
@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

Thomas Pesquet a découvert les installations scientifiques de la base Concordia.

@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

Pendant l’été austral, il fait -30° et jour 24/24h, mais pendant l’hiver en juillet, août et septembre, il fait nuit pendant 100 jours et la température peut descendre à -85°. 

@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

Proche d’une mission spatiale

Les conditions de confinement pendant l’hiver austral sont proches de celles dans une mission dans l’espace

L’hiver on ne sort pas pour se promener

L’Antarctique est un environnement bien plus accueillant que Mars. Il y a deux éléments essentiels à la vie: de l’air et de l’eau. Pourtant, l’hiver peut avoir des similitudes avec une mission spatiale. “En juillet, août et septembre, il fait nuit pendant près de 100 jours, dont deux à trois semaines de noir absolu avec des températures qui peuvent aller jusqu’à -85°”, détaille Didier Schmitt. “On ne va pas dehors pour se promener”. 

Moins d’air,
moins de pression

On étudie les effets sur le corps humain des conditions atmosphériques de Concordia

Par ailleurs, à ces latitudes, bien que la base soit installée à 3200m d’altitude, la pression atmosphérique sur place est la même qu’à près de 4000m. Les habitants de Concordia sont en hypoxie chronique pendant un an mais aussi dans une pression atmosphérique inférieure de 40%

Faciliter les sorties extra-véhiculaires

Cela permet aux médecins d’étudier le comportement du corps lorsqu’il est à une pression atmosphérique réduite. L’intérêt est qu’un vaisseau en légère “hypobarie” permettrait de faciliter les sorties extra-véhiculaires (EVA). En effet, avant une EVA, un astronaute, comme un plongeur lorsqu’il remonte, doit passer dans un sas de décompression. En hypobarie, il y aura moins de différence de pression entre le scaphandre et le vaisseau. Il serait possible d’intervenir plus rapidement. 

L’ESA finance chaque année un médecin sur la base Concordia pour réaliser des expériences scientifiques. 
@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

Pour son dernier jour en Antarctique, Thomas Pesquet s’est rendu sur la base côtière de Dumont d’Urville, à la rencontre de biologistes qui étudient les populations de manchots et de phoques.

@Compte Facebook de Thomas Pesquet

La base comporte deux tours d’habitation. La tour « noisy », pour la cantine, la salle de sport et les espaces partagés. La tour « quiet » qui comprend les dortoirs, les laboratoires et l’hôpital. 

@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

 

Beaucoup de similitudes avec l’ISS

Dans la gestion de l’eau, de l’énergie et dans la logistique de la base, Thomas Pesquet n’était pas dépaysé

Recyclage de l’eau, économie d’énergie

Comme dans la Station spatiale internationale, la gestion de l’énergie est essentielle. Concordia est équipée de générateurs et de panneaux solaires. La base est organisée en espaces de vie en commun. C’est la tour dite “noisy” qui comprend la cantine, les espaces partagés et des ateliers. La seconde tour, “quiet” ou “calme”, comprend les dortoirs, les laboratoires, ou l’hôpital. Une organisation qui pourrait inspirer les concepteurs d’un vaisseau vers Mars pour privilégier le bien-être des astronautes. Paradoxalement, alors que la base est entourée de glace, la gestion de l’eau, comme dans l’ISS, fait l’objet d’une attention particulière. 90% de l’eau est recyclée grâce à un système de traitement des eaux grises conçu par l‘ESA. Le but est d’avoir le moins d’impact sur l’environnement. “On veut que le jour où on démonte la base, on laisse le site comme il était avant”, explique Didier Schmitt. 

Des convois de ravitaillement et du sport

Enfin, Thomas Pesquet a pu assister à un ravitaillement. Ici, il ne se fait pas par vaisseau-cargo Dragon ou Progress, mais par un petit train de dameuses qui acheminent, trois fois par été austral, 200 tonnes de matériel, de carburant et de nourriture. L’impressionnant convoi circule à 10 km/h et met dix jours à rejoindre la base depuis la côte. Enfin, ici aussi, il y a une salle de sport. Comme dans l’espace, les résidents de Concordia voient leur système immunitaire altéré, leurs os fragilisés et leur masse musculaire diminuée. Des tests physiques et des analyses de sang, d’urine et même de cheveux permettent de surveiller l’état de santé des occupants de la base.

200 tonnes de matériel, de carburant et de nourriture sont acheminés par ce type de convois, trois fois par été austral.

@Compte X (ex-Twitter) de Thomas Pesquet

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