• Lune

Vikram et Pragyan mis en sommeil sur la Lune

Publié le 05 septembre 2023

L’atterrisseur Vikram et le rover Pragyan de la mission indienne Chandrayaan-3 ont été mis en sommeil début septembre afin d’affronter une nuit lunaire de 2 semaines. Le réveil des engins au retour du Soleil n’est toutefois pas garanti.

Vikram et Pragyan mis en sommeil sur la Lune

Partie du centre spatial Satish Dhawan le 14 juillet, la mission Chandrayaan-3 vogua patiemment vers la Lune pour offrir le 23 août à l’Inde le titre de quatrième nation à réussir un atterrissage en douceur sur notre satellite naturel. Un succès intervenu alors que 4 jours auparavant la sonde russe Luna-25 s’était écrasée.

L’Inde précise ses ambitions lunaires

L’atterrisseur Vikram se posa par 69° de latitude Sud, obtenant au passage le record de l’arrivée en douceur la plus proche du pôle Sud sélène, une région particulièrement visée dans le cadre du retour général vers notre voisine céleste (expliqué dans l’exposition Lune : Épisode II de la Cité l’espace) en raison notamment de la présence supposée de glace d’eau. Le programme Artemis de la NASA y a déjà recensé 13 sites d’atterrissage potentiels pour ses futures missions (robotiques et habitées). D’autres agences spatiales, dont bien évidemment celle de la Chine, font également de cette zone une priorité d’exploration.
Symboliquement, le Premier ministre indien Narendra Modi a déclaré que la date de l’alunissage réussi de son pays, le 23 août, sera désormais une journée nationale de l’espace. Avant d’être mis en veille (voir plus bas), l’atterrisseur Vikram ralluma le 2 septembre sa propulsion afin d’accomplir un bond de 40 cm de hauteur auquel s’ajouta un déplacement latéral de 30 à 40 cm. L’occasion pour l’agence indienne ISRO d’afficher sur X (anciennement Twitter) ses ambitions en évoquant une manœuvre qui prépare «de futurs retours d’échantillons et des missions habitées».

L’atterrisseur indien Vikram sur la Lune photographié par le rover Pragyan.
© ISRO

Schéma de l’ISRO montrant le trajet de Pragyan sur la Lune à partir du site d’arrivée de Vikram, Shiv Shakti. Le rover totalise 101,4 m parcourus. Ses instruments ont permis de caractériser la présence de plusieurs éléments sur la surface dont le soufre qui témoigne probablement de l’activité volcanique passée de la Lune.
© ISRO

Vikram et Pragyan peuvent-ils survivre à la nuit lunaire ?

Un retour d’échantillon lunaire présente une complexité supplémentaire par rapport à Chandrayaan-3. Toutefois, la réussite de l’atterrisseur Vikram et du déploiement à la surface du rover Pragyan montrent la montée en puissance du programme d’exploration de l’ISRO. La mention de missions habitées futures peut étonner, mais n’oublions pas que l’agence prépare avec son programme Gaganyaan un vaisseau du même nom capable d’amener en toute autonomie des astronautes sur orbite terrestre. Le premier vol habité indien pourrait avoir lieu en 2025.
Pour le moment se pose la question de la survie ou non de Pragyan et Vikram. Les deux engins ont été mis «en sommeil» le 2 septembre pour le rover et le jour suivant pour l’atterrisseur. Ceci, car la longue nuit lunaire de 2 semaines envahit Shiv Shakti, le nom donné au site d’arrivée de la mission indienne. Les panneaux solaires des explorateurs robotiques de l’ISRO ne pourront donc plus fournir d’électricité.

De plus, contrairement à d’autres engins spécifiquement conçus pour survivre au froid intense (typiquement -190°C) qui règne lors des nuits lunaires, Vikram et Pragyan ne sont pas dotés de dispositifs assurant un minimum de chaleur, comme des pastilles de plutonium-238. Les équipes au sol ont cependant veillé à orienter le panneau solaire du rover à la fin de son ultime mouvement afin qu’il soit face au lever du Soleil sur Shiv Shakti attendu le 22 septembre. Les batteries de Vikram et Pragyan ont également été rechargées avant la mise en pause des électroniques de bord. Il convient d’être clair : si les deux engins ne se réveillent pas après le 22 septembre, cela ne sera nullement un échec. La manœuvre mérite d’être tentée en revanche.

Gauche : Le rover Pragyan descend le long de la rampe de l’atterrisseur Vikram afin de rejoindre le sol lunaire.
Droite : traces de roues laissées par Pragyan et photographiées par la caméra de navigation du rover.
© Cité de l’espace/ISRO

Articles sur le même thème

La Cité de l’espace en ligne

Nos ressources et actualités spatiales