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12P/Pons-Brooks : la comète du diable et le concierge

Publié le 19 mars 2024

Cette comète située pour le moment du côté du couchant à l’ouest a été découverte en 1812 par Jean-Louis Pons lorsqu’il était concierge de l’observatoire de Marseille. Le surnom de comète du diable vient de la forme de sa chevelure.

12P/Pons-Brooks : la comète du diable et le concierge

Basse sur l’horizon du côté du coucher du Soleil, 12P/Pons-Brooks n’est pas une comète facile à apercevoir (carte du ciel en fin d’article). Cet astre baladeur est cependant lié à une histoire étonnante, celle d’un concierge devenu directeur d’observatoires.

Découverte par un concierge

Les comètes portent le nom de la ou des personnes qui les ont découvertes et 12P/Pons-Brooks ne fait pas exception. Le chiffre et la lettre servent de référence, ainsi 12P est la douzième comète périodique (l’orbite autour du Soleil se fait en moins de 200 ans) cataloguée par l’astronomie occidentale.
Pons s’explique par Jean-Louis Pons. Né en 1761 en France dans les Hautes-Alpes au sein d’une famille modeste, il rejoint Marseille pour apprendre à lire et écrire. L’observatoire de cette ville le recrute comme concierge en 1789. Inspiré par les astronomes et bénéficiant de leçons des directeurs de l’établissement Guillaume de Saint-Jacques de Silvabelle puis Joseph Thulis, Jean-Louis Pons se révèle être un observateur hors pair et méthodique : il découvre une comète en 1801, la première d’une longue liste (37 au total).
Le 12 juillet 1812, lorsqu’il repère celle qui va devenir plus tard 12P/Pons-Brooks, il est toujours officiellement le concierge de l’observatoire de Marseille. L’année d’après, son talent qui lui vaut le surnom «d’aimant des comètes» aboutit à sa nomination en qualité d’astronome adjoint. Une promotion qui ne plaît pas à tout le monde, Jean-Louis Pons n’ayant aucun diplôme. L’Haut-Alpin d’origine poursuivra cependant sa carrière et dirigera même par la suite les observatoires de Marlia puis Florence en Italie où il s’éteint en 1831.

À l’époque de Jean-Louis Pons (médaillon à gauche), l’observatoire de Marseille se situait dans le quartier des Accoules. Aujourd’hui, l’institution est dans le quatrième arrondissement (à proximité du Palais Longchamps). L’accès pour le public au planétarium et expositions de l’association Andromède se fait par l’allée Jean-Louis Pons !
© Domaine public / Association Andromède

La comète 12P sera redécouverte en 1883 par l’astronome américain William Robert Brooks qui pensa alors avoir trouvé un autre astre errant. La liaison faite ensuite avec 12P explique la présence des deux noms.

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Photo de la comète 12P/Pons-Brooks réalisée par l’astronome Laurent Ferrero le 13 mars 2024.
© Laurent Ferrero

La comète du diable se cache dans le couchant

Au tour de la mi-mars 2024, 12P/Pons-Brooks a atteint la magnitude 5 (échelle en quelque sorte «inversée» où plus le chiffre est grand, moins l’astre est lumineux), la rendant en théorie visible à l’œil nu. En effet, l’oeil humain voit jusqu’à la magnitude 6… sous un ciel parfait dégagé de toute pollution lumineuse. De plus la magnitude appliquée à une comète qui est un objet diffus (contrairement à une étoile ponctuelle dans un instrument) rend la comparaison avec une étoile d’éclat comparable difficile.
Surtout, 12P se repère sous les latitudes de la France métropolitaine du côté du couchant et basse sur l’horizon. Bref, même avec une paire de jumelles, cette comète dite «du diable» n’est pas une cible aisée.

Pour quelle raison l’appelle-t-on « comète du diable »?

Ce surnom un peu curieux s’explique par la forte activité de l’astre baladeur avec des vues au télescope qui ont montré une chevelure exhibant deux cornes, d’où la référence au diable. Lorsqu’une comète s’approche du Soleil, la glace de son noyau se sublime, passant directement de l’état solide à gazeux, ce qui crée la chevelure (ou coma). La queue d’une comète résulte de l’action des vents solaires et de la pression de radiation de notre étoile sur la chevelure.

comete-12P-coma

Les deux cornes de la chevelure de 12P/Pons-Brooks s’expliquent par sa forte activité cryovolcanique (volcans froids en raison de la sublimation de la glace) et sont à l’origine de son surnom «comète du diable».

© Juan Iacruz/CC-BY-SA-4.0

Carte du ciel montrant les positions de la comète 12P/Pons-Brooks du 19 au 25 mars 2024 aux alentours de 21h. Carte calculée pour Toulouse, mais valable pour l’ensemble de la France métropolitaine.

© Cité de l’espace/Stellarium

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