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La fin d’année se fête aussi dans l’espace

Publié le 21 décembre 2023

Sur Terre la fin d’année est l’occasion de plusieurs célébrations. Des fêtes suivies également dans l’espace, avec toutefois quelques aménagements pour raison de sécurité comme l’interdiction des bougies et un règlement qui interdit l’alcool.

La fin d’année se fête aussi dans l’espace

On pourrait penser que le temps des astronautes est précieux et qu’en conséquence les célébrations, notamment celles de fin d’année, n’ont pas leur place dans un planning chargé. Cependant, les équipages ont tout d’abord droit à un peu de temps personnel et, surtout, on s’est vite aperçu que suivre les fêtes avait un impact très positif sur le moral.

La vidéo ci-dessous résume diverses manières de marquer la fin d’année dans l’espace. L’article continue sous la vidéo.

Quelques exemples de fêtes de fin d’année dans l’espace.

Oui, on peut fêter Noël là-haut

Les fêtes de fin d’année dans l’espace lors de missions NASA ont bien failli se voir interdire, du moins celles ayant un sens religieux… Expliquons pourquoi. En 1968, le trio d’Apollo 8 passe les 24 et 25 décembre autour de la Lune. William Anders, Jim Lovell et le commandant Frank Borman (dans cet ordre) lisent lors d’un direct avec la Terre le début de la Genèse tiré de la Bible (vidéo ci-contre). Borman conclut ainsi : «Nous terminons par une bonne nuit, bonne chance, un joyeux Noël – et que Dieu vous bénisse tous, vous tous sur cette bonne Terre».

Si le message semble plutôt consensuel, il déplaît à la militante athée américaine Madalyn Murray O’Hair qui exprime son mécontentement par une lettre au procureur général des États-Unis. Pour elle, en mettant en avant le christianisme avec la lecture de la Genèse, la NASA, qui est une agence fédérale, a violé le premier amendement de la Constitution qui prohibe toute action du gouvernement établissant une préférence pour une religion. La justice se prononcera fin 1969, puis en 1971, en déboutant Madalyn Murray O’Hair. La logique juridique de la cour du Texas (puis de la Cour suprême) est que «le Premier Amendement n’exige pas que l’État soit hostile à la religion, mais seulement neutre». Les astronautes étant des personnes avec leurs traditions et croyances (ou absence de croyance), elles peuvent les célébrer raisonnablement en mission.

Un sapin bricolé en 1973 à bord de Skylab par Gerald Carr, Edward Gibson et William Pogue.
© NASA

Skylab : on a oublié le sapin de Noël !

Pour autant, la NASA n’intègre pas forcément tout de suite le besoin de ses astronautes de suivre là-haut les célébrations de notre planète. En 1973, le troisième équipage de la station américaine Skylab passe Noël sur orbite. Gerald Carr, Edward Gibson et William Pogue souhaitent marquer cette date et s’aperçoivent que rien n’est prévu. Les astronautes font alors preuve d’ingéniosité et fabriquent un sapin de Noël à l’aide de boîtes de conserve.

La célébration des fêtes terrestres va ensuite, en quelque sorte, se «professionnaliser». Lors de la mission de navette STS-103 pour réparer Hubble en décembre 1999, l’équipage disposait de bonnets de Noël. 

Accessoires autorisés… en toute sécurité

À bord des stations, l’équipement devient de plus en plus varié. Ainsi, pour la Station Spatiale Internationale (ISS), l’inventaire de bord prévoit des sapins en tissu, d’autre plus classiques (mais synthétiques, pas de véritables arbres), des chaussettes avec les noms des astronautes et diverses décorations (montrées dans la vidéo). La station chinoise, elle, célèbre logiquement le Nouvel An chinois, notamment par des banderoles ornées de vœux calligraphiés.
Le premier impératif de ces accessoires festifs est la sécurité. Les matériaux ininflammables sont obligatoires.

Sapin ou bonnets rouges : l’ISS ne manque pas d’accessoires pour les fêtes de fin d’année.
© NASA

Grâce à ce chandelier en tissu, Jasmin Moghbeli a pu célébrer l’Hanoucca en décembre 2023 en respectant les consignes de sécurité.
© NASA/Jasmin Moghbeli

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Les bougies, pourtant assez emblématiques de la période, se retrouvent logiquement interdites ! Ainsi, et récemment dans l’ISS, l’Américaine Jasmin Moghbeli a souhaité marquer l’Hanoucca, une fête juive qui se déroule en décembre.

L’allumage des bougies d’un chandelier à neuf branches étant impossible, l’astronaute avait emmené dans ses affaires personnelles un modèle symbolique en tissu répondant aux exigences de sécurité.

Repas festifs, sans alcool

Bien évidemment, les différentes célébrations de fin d’année (Noël, passage au Nouvel An, etc.) sont l’occasion de repas qui sortent de l’habituel. Les recettes reprennent (toujours lyophilisées ou en conserve) les grands classiques terrestres de la période qui s’avèrent essentiels pour le moral des équipages. C’est aussi un moment de partage puisque souvent les astronautes s’échangent une partie de leurs menus et ainsi leur culture.

En revanche, le règlement de l’ISS ne souffre d’aucune exception : les boissons alcoolisées restent interdites !

La fin d’année est aussi l’occasion de bons repas festifs. Une tradition suivie dans l’espace, ici un exemple à bord de l’ISS fin 2016 avec notamment Thomas Pesquet (à gauche).
© NASA/ESA

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