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Frank Borman, commandant d’Apollo 8, nous a quittés

Publié le 10 novembre 2023

Pilote d’essai de l’US Air Force sélectionné par la NASA en 1962, Frank Borman commanda Apollo 8, la première mission habitée autour de la Lune, six ans plus tard. Il nous a quittés le 7 novembre 2023 à 95 ans.

Frank Borman, commandant d’Apollo 8, nous a quittés

Une semaine après le décès d’un autre grand nom du programme spatial américain (Ken Mattingly), la NASA a rendu hommage à Frank Borman le 9 novembre, deux jours après sa disparition à l’âge de 95 ans. Comme Mattingly, Borman fait partie des 12 personnes qui ont tourné autour de la Lune sans y poser le pied se distinguant en étant le commandant de la première mission habitée à aller aussi loin.

Rendez-vous avec Gemini

Né le 14 mars 1928 à Gary dans l’Indiana, Frank Borman prit ses premières leçons de pilotage à 15 ans. En 1946, il fut admis à l’United States Military Academy, plus connue sous le nom de West Point. Il devint ensuite pilote, instructeur puis pilote d’essai de l’US Air Force. La NASA retint sa candidature pour sa deuxième sélection d’astronautes en 1962.
Trois ans plus tard, Borman décolla pour la première fois vers l’espace en qualité de commandant du vol Gemini 7 autour de la Terre avec James Lovell comme coéquipier. D’une durée de presque 14 jours (du 4 au 18 décembre 1965), un record à l’époque, la ronde orbitale des deux hommes préparait les futures missions lunaires Apollo (8 jours pour Apollo 11 et 12 pour Apollo 17). Durant cette mission, un autre vaisseau, Gemini 6A avec Wally Schirra et Thomas Stafford, vint à leur rencontre sans amarrage. Ce rendez-vous spatial, le premier côté américain, testait aussi une technique indispensable au futur programme lunaire.

Frank Borman pendant le vol Gemini 7 en 1965. Avec presque 14 jours, il s’agissait du record de durée pour une mission orbitale.
En médaillon, la capsule Gemini 7 de Borman et Lovell photographiée depuis Gemini 6A.
© NASA

En 1967, lorsque le Congrès des États-Unis se pencha sur le dramatique incendie de la capsule Apollo 1 au cours d’un test au sol (décès de 3 astronautes), Frank Borman défendit le programme et de nombreux historiens estiment que ses interventions furent capitales pour la continuation d’Apollo.

L’équipage d’Apollo 8 devant leur fusée Saturn V qui sort du gigantesque hangar VAB au centre spatial Kennedy en Floride. de gauche à droite : Frank Borman, James Lovell et William Anders.
© NASA 

Apollo 8 autour de la Lune

L’année suivante, Frank Borman fut nommé commandant de la mission Apollo 8, retrouvant son collègue de Gemini 7 James Lovell. Le troisième astronaute était William Anders. L’Amérique craignait alors que les Soviétiques puissent à nouveau les devancer avec un vol autour de notre satellite naturel, les services de renseignement ayant documenté le développement de la fusée N1 similaire en performances à Saturn V. La N1 vola à quatre reprises en automatique de 1969 à 1972 pour autant d’échecs, mais en 1968 il était impossible de les prévoir.
Borman se retrouva non seulement à la tête du premier vol habité sur Saturn V, mais aussi du premier a transporter un équipage bien au-delà de l’orbite terrestre pour tourner autour de la Lune. Les trois astronautes devinrent de plus les premiers hommes à contempler de leurs propres yeux (et non plus via des images de sondes robotiques) la face cachée de notre voisine céleste.
Apollo 8 se déroula du 21 au 27 décembre 1968, marquant le premier Noël dans l’espace. Le 24, Anders, Lovell et Borman ont lu en direct à tour de rôle et dans cet ordre un passage de La Genèse de la Bible. Si le trio voyait cette citation comme consensuelle, elle déplut à l’activiste athée américaine Madalyn Murray O’Hair qui traîna la NASA en justice pour violation du premier amendement (liberté de religion) au prétexte que l’agence spatiale favorisait ainsi une religion précise. Elle fut déboutée quelques années plus tard par la Cour suprême.

La Terre vue depuis la Lune… et Airbus !

Apollo 8 marqua un succès notable au sein du programme lunaire américain, préparant les futures missions. Dans l’histoire, elle restera comme la première fois que des humains ont tourné autour d’un autre corps céleste que la Terre.
C’est aussi la mission qui rapporta une image emblématique, celle d’une Terre tout en couleurs flottant au-dessus d’un horizon lunaire stérile. On la doit à William Anders alors que son commandant Frank Borman lui disait (en plaisantant) de ne pas prendre cette photo, car elle n’était prévue au programme.
Frank Borman décida qu’Apollo 8 serait son second et dernier vol spatial, même si le commandement d’Apollo 11 lui fut proposé. En 1970, il quitta la NASA et se dirigea vers le privé, assumant la présidence de la compagnie aérienne Eastern Air Lines. Opérant un vaste effort pour la redresser, il chercha un appareil susceptible de répondre au mieux aux besoins de l’entreprise et s’intéressa à l’Airbus A300. Borman joua un rôle important en faveur de l’arrivée de cet avion européen au sein du marché américain, un choix qui changea par la suite la donne en matière d’aviation.

Le fameux «lever de Terre» photographié pendant Apollo 8. En fait, ce lever est une illusion créée par le fait que le vaisseau Apollo orbite autour de la Lune. L’image est considérée comme l’un des symboles les plus marquants de la beauté et de la fragilité de la Terre.
© NASA

En 2021, Borman perdit Susan, son épouse depuis 70 ans. Il s’est éteint le 7 novembre 2023 à Billings dans le Montana.

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