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L’éclipse de Soleil du 8 avril 2024

Publié le 04 avril 2024

L’ombre de la Lune va traverser le continent nord-américain le lundi 8 avril en passant par le Mexique, les États-Unis et le Canada. Cette éclipse de Soleil sera potentiellement visible par des millions de personnes et relayée en direct par la NASA.

L’éclipse de Soleil du 8 avril 2024

La nuit en plein jour pendant quelques minutes, la couronne solaire visible, une chute de la température, etc. Le spectacle du passage de la Lune devant le Soleil aboutissant à une éclipse totale est tel qu’il attire de nombreux curieux ainsi que des «chasseurs d’éclipses» qui n’hésitent pas parfois à voyager spécifiquement pour un tel événement.

L’éclipse du 8 avril 2024 concerne l’Amérique du Nord et ne sera pas visible en Europe. La Cité de l’espace de Toulouse a prévu un événement afin de la relayer et la commenter, mais il affiche déjà complet. Cependant, il sera possible de vivre l’éclipse en direct grâce à la NASA. L’agence américaine a en effet aussi une mission de vulgarisation de la science et le phénomène est pour elle une occasion d’atteindre un large public.

2 directs NASA pour l’éclipse

Les deux fenêtres vidéo ci-dessous relayent les directs NASA prévus.

Enregistrement du direct NASA du 8 avril qui permettait de suivre l’éclipse grâce à des vues accomplies à l’aide de différents télescopes. 

Enregistrement du second direct NASA du 8 avril qui commentait le phénomène avec plusieurs experts et invités.

Les éclipses de Soleil sont-elles rares ?

Oui et non ! Le 21ème siècle comptera à lui seul 224 éclipses de Soleil, dont 68 totales où la Lune recouvre intégralement notre étoile. On le constate aisément, il existe des phénomènes astronomiques bien plus rares comme les passages de Vénus devant le Soleil qui se produisent par paires espacées de 8 ans tous les… 121,5 ou 105,5 ans ! La précédente paire de transits fut en 2004 et 2012. La prochaine se déroulera en 2117 et 2125.
Si les éclipses de Soleil ont une réputation de rareté, c’est en raison de la bande de totalité. En effet, une éclipse de Soleil totale n’est véritablement complète que le long de ce qu’on appelle la bande de totalité, soit le trajet de l’ombre de la Lune sur la Terre. Cette bande ne fait généralement que 100 à 250 km de large. En dehors, l’éclipse n’est que partielle. Enfin, si le transit de la Lune devant le Soleil dure quelques heures, la période la plus mémorable, la totalité, se compte en minutes, ajoutant au côté exceptionnel de l’événement. Pour ce 8 avril, la durée la plus longue sera de 4 minutes et 28 secondes au Mexique. La phase de totalité ne peut pas excéder 7 minutes et 40 secondes.
Pour l’Europe, on notera une éclipse totale visible depuis l’Espagne (en fin de journée, assez bas sur l’horizon) le 12 août 2026. L’extrême sud de l’Espagne ainsi que le nord du continent africain seront le théâtre de l’éclipse totale du 2 août 2027, l’année suivante. L’Espagne connaîtra donc deux totalités lors de deux années consécutives ! Les zones géographiques exactes sur le territoire espagnol ne sont cependant pas les mêmes.

Carte générale de l’éclipse du 8 avril 2024 par l’astronome américain Fred Espenak. La totalité ne se produit qu’entre les lignes bleues du schéma. L’étoile verte au centre indique l’endroit où la totalité sera la plus longue pour cette éclipse (4 mn et 28 secondes au Mexique). Dans les autres bandes (bleu clair et vertes), l’éclipse n’est que partielle.
© Fred Espenak

Carte NASA du passage de l’ombre de la Lune sur le territoire des États-Unis. L’ombre se déplacera à 1700 km/h environ.
© NASA

Quelques chiffres amusants sur les éclipses

Les éclipses de Soleil résultent d’un hasard inattendu au sein de notre Système solaire. Avec 3474 km de diamètre, la Lune est certes 400 fois plus petite que le Soleil, mais ce dernier est 390 fois plus loin. Par effet de perspective, l’astre du jour et notre satellite naturel présentent donc des tailles angulaires similaires. On notera que si la Lune est au plus loin sur son orbite, sa taille angulaire est alors trop petite pour cacher en totalité le Soleil, ce qui donne une éclipse annulaire.
L’ombre de la Lune se déplace sur la Terre à la vitesse de 1700 km/h. C’est pourquoi en 1973, une mission scientifique utilisa l’avion supersonique civil franco-britannique Concorde (l’exemplaire prototype 001) afin de suivre cette ombre et ainsi observer la phase de totalité durant 74 minutes, un record.

En moyenne, la Lune s’éloigne de la Terre de 3,8 cm chaque année. Ainsi, dans 600 millions d’années, il ne sera plus possible de voir une éclipse totale de Soleil, seulement des annulaires, la taille angulaire de la Lune étant devenue trop petite.

La sécurité avant tout

À chaque éclipse de Soleil, les mêmes consignes de sécurité sont répétées : il ne faut pas regarder le Soleil à l’œil nu ou avec un instrument optique sans protection adéquate. L’avertissement peut sembler superflu puisque dans la vie de tous les jours, à l’extérieur dans la journée, nous sommes confrontés à notre étoile. Mais naturellement, notre regard se détourne de l’astre du jour brillant. Or, lorsqu’un phénomène comme une éclipse se produit, la curiosité nous pousse à fixer le Soleil et c’est alors qu’une brûlure de la rétine intervient sans prévenir, car la rétine n’a pas de cellules nerveuses ! La cécité qui en découle peut être définitive.
Le danger est immédiat avec des instruments optiques (jumelles, lunettes, télescopes) qui, par leur puissance, concentrent encore plus le flux de notre étoile. Il existe des filtres spécifiques pour observer le Soleil avec des instruments et il faut en respecter scrupuleusement le mode d’emploi. Il en est de même pour les lunettes spéciales éclipse qui sont dotées d’une date de péremption. Les protections peuvent être retirées uniquement lors de la phase de totalité.
La NASA insiste logiquement sur la prévention et les risques, cela faisant partie de sa mission de vulgarisation.

À bord de l’ISS, dans le poste d’observation Cupola, 5 astronautes NASA se sont pris en photo avec des lunettes de protection éclipse.

De gauche à droite : Jeanette Epps, Tracy Caldwell-Dyson, Michael Barratt, Loral O’Hara et Matthew Dominick. L’agence américaine insiste ainsi sur les mesures de sécurité à respecter. Depuis l’espace, les astronautes pourront voir notamment l’ombre de la Lune sur la Terre. Loral O’Hara sera cependant revenue sur Terre entre-temps (atterrissage avec le Soyouz MS-24 le 6 avril)
© NASA

L’ombre de l’éclipse du 21 août 2017 (qui concernait aussi l’Amérique du Nord) vue et photographiée depuis l’ISS.
© NASA

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