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Artemis II et III en 2025 et 2026

Publié le 10 janvier 2024

Mettant en avant sa volonté d’assurer la sécurité des astronautes, la NASA a indiqué que la mission Artemis II (4 personnes autour de la Lune) passait de fin 2024 à septembre 2025. L’alunissage avec Artemis III recule aussi d’un an à septembre 2026.

Artemis II et III en 2025 et 2026

Sans réelle surprise, l’agence américaine a acté lors d’une conférence de presse du 9 janvier un report des prochaines missions du programme Artemis de retour vers et sur la Lune. Un programme qui associe à la NASA les agences spatiales de l’Europe (ESA), du Japon (JAXA) et du Canada (ASC) et plus récemment des Émirats Arabes Unis.

Un tour de Lune habité en septembre 2025

Fin 2022, la mission Artemis I vit le succès du décollage inaugural du lanceur géant SLS (Space Launch System) ainsi que du voyage en automatique vers la Lune et retour de la capsule Orion accolée à son module de service européen ESM fourni par l’Agence Spatiale Européenne (ESA).
Artemis II s’appuie sur un schéma similaire, mais avec cette fois-ci 4 astronautes à bord dont la première femme (Christina Koch), la première personne de couleur (Victor Glover) et le premier Canadien (Jeremy Hansen) autour de la Lune. Annoncée pour fin 2024, elle est depuis la conférence de presse du 9 janvier désormais officiellement prévue pour septembre 2025 en NET pour Not Earlier Than (pas avant, une précaution de langage habituelle en ce qui concerne les dates de missions).

La capsule Orion et son module de service européen (ESM, European Service Module) autour de la Lune lors d’Artemis I fin 2022. La caméra qui a saisi cette image le 22 novembre 2022 était placée au bout de l’un des panneaux solaires de l’ESM.
© NASA

L’équipage d’Artemis II devant leur capsule Orion au centre spatial Kennedy en août 2023. De gauche à droite : Jeremy Hansen, Victor Glover, Reid Wiseman (commandant) et Christina Koch.
© NASA/Kim Shiflett

La sécurité des astronautes avant tout

Ce report n’est au final guère surprenant puisque la NASA avait précédemment indiqué travailler sur une érosion inattendue du bouclier thermique de la capsule Orion d’Artemis I. Ce sujet a d’ailleurs été évoqué le 9 janvier et les responsables de l’agence américaine estiment que le délai de presque un an supplémentaire permettra d’affiner l’étude des données et d’implémenter les correctifs nécessaires si besoin, et ce même si l’érosion constatée pour Artemis I n’a pas eu de conséquence sur la capsule elle-même (pas de hausse anormale de température). L’administrateur de la NASA Bill Nelson a du coup de nouveau souligné la logique de son agence : «Comme nous le rappelons régulièrement à tout le monde, la sécurité est notre priorité absolue».

La capsule Orion sur la sellette 

Insistant à son tour sur cet aspect, le responsable du programme Moon to Mars Amit Kshatriya a aussi évoqué la découverte d’un défaut dans le support-vie de la capsule Orion prévue pour Artemis II. Le report autorise de corriger ce problème et remplacer le système en cause, même si l’Orion d’Artemis II avait passé avec succès tous les tests de sécurité. Enfin, un risque sur le système électrique d’Orion a été repéré en cas de recours au dispositif d’éjection de la capsule pendant le lancement. Si cela n’aurait pas empêché cette sauvegarde de fonctionner, résoudre le défaut permettra de conserver les marges souhaitées en terme de puissance électrique.

L’alunissage avec Artemis III en 2026 ?

Logiquement, le report à septembre 2025 d’Artemis II décale à septembre 2026 (NET toujours) la mission suivante, Artemis III qui doit signer le retour sur la Lune. On remarquera tout d’abord que les rumeurs de carrément passer sur Artemis IV pour cet exploit ne se sont pas concrétisées le 9 janvier. Pour le moment, Artemis III reste donc la mission qui verra «la première personne de couleur et la première femme sur la surface de la Lune» (description officielle de la NASA). Rappelons que le Government Accountability Office (organisme du Congrès chargé de surveiller les finances publiques) avait averti qu’Artemis III en 2025 était «peu probable». Toutefois, la NASA se montre plus optimiste que le GAO qui avançait 2027 comme échéance plus réaliste.
L’inconnue majeure pour le retour des Américains sur la Lune fin 2026 est bien sûr la mise au point du Starship de SpaceX qui doit servir d’atterrisseur dans une version spécifique (ce que la NASA appelle un HLS pour Human Landing System). 

Illustration d’un Starship de SpaceX en version lunaire pour le programme Artemis. Le vaisseau définitif pourrait avoir un aspect différent étant donné que son développement est en cours.
© NASA/SpaceX

La mission Artemis III prévoit plusieurs décollages de Starship dont une dizaine qui permettront de faire le plein de carburant en orbite terrestre.
@Cité de l’espace d’après NASA

La logistique complexe du Starship lunaire

Même si le deuxième vol d’essai de novembre 2023 du gigantesque lanceur se passa mieux que le premier d’avril 2023, la logistique attachée à Artemis III est complexe. En effet, une fois sur orbite terrestre (et sans équipage, c’est Orion qui amène les astronautes vers la Lune), le Starship lunaire devra «refaire le plein» avant de partir vers notre satellite naturel, une opération qui se traduit par plusieurs vols d’autres Starship en version tanker… Lors de la conférence du 9 janvier, Bill Nelson a avancé qu’une dizaine de vols pourraient être nécessaires. Seuls des essais concrets de transfert de carburant sur orbite fixeront les modalités réelles de ce ravitaillement sur orbite. À cela s’ajoute l’obligation pour SpaceX de conduire un alunissage en automatique avec un Starship avant Artemis III (donc avant septembre 2026…) afin de le qualifier.

Image d’artiste du module-sas de la station Gateway que doit fournir le MBRSC des Émirats Arabes Unis. Sa construction pourrait se faire en coopération avec un industriel aérospatial américain. Le nom de Boeing a fait l’objet de rumeurs non confirmées à ce jour.
© NASA

Les Émirats Arabes Unis, le nouveau partenaire d’Artemis

Deux jours avant cette conférence de presse du 9, soit le dimanche 7 janvier, la NASA a annoncé que les Émirats Arabes Unis deviennent le nouveau partenaire du programme Artemis via le Mohammed Bin Rashid Space Centre (MBRSC) basé à Dubai. La principale participation du MBRSC consiste à fournir un module faisant fonction de sas pour la station Gateway autour de la Lune (ce qui autorise des sorties en scaphandre pour l’entretien de la station et placer à l’extérieur des expériences scientifiques). L’accord prévoit qu’un astronaute émirati accomplira une mission autour de la Lune dans la Gateway.
Depuis maintenant plusieurs années les Émirats Arabes Unis développent un programme spatial avec notamment la sonde Hope autour de Mars depuis 2021 et déjà deux vols habités vers l’ISS, les astronautes ayant voyagé à bord d’un vaisseau russe Soyouz (Hazza Al-Mansouri, presque 8 jours en 2019) puis américain Crew Dragon (Sultan Al Neyadi, 186 jours en 2023).

Les Émirats Arabes Unis participent aussi au programme chinois

Le MBRSC au sein d’Artemis est une éventualité qui a souvent été avancée depuis 2022 lorsque la NASA cherchait une agence partenaire en plus de l’ESA, de la JAXA et de l’ASC, la Russie ayant depuis 2021 indiqué son refus. On remarquera que les Émirats Arabes Unis font aussi officiellement partie du programme lunaire chinois ILRS (International Lunar Research Station). C’est le seul pays dans cette situation.

Vidéo NASA sur le programme Artemis mise en ligne le 9 janvier lors de l’annonce des nouvelles dates envisagées pour le programme lunaire.

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