L’inévitable transition vers Vulcan
Sous la direction de son patron (depuis 2014) Tory Bruno, ULA prépare toutefois une inévitable transition. Les Delta IV trop chers ont été progressivement abandonnés et le dernier volera (en versions Heavy) en mars 2024. L’Atlas V de son côté, apprécié pour ses performances et sa fiabilité, souffre de reposer sur le moteur russe RD-180 pour son étage principal, soulevant des interrogations de souveraineté et d’indépendance lors de l’annexion de la Crimée par la Russie. Interrogations devenues encore plus cruciales avec les bouleversements géopolitiques plus récents, notamment la guerre en Ukraine. Grâce au stock existant de RD-180, l’Atlas V accomplira la quinzaine de missions déjà signées, puis sera mis à la retraite.
La relève pour ULA, et donc aussi son avenir commercial face à SpaceX, repose sur le Vulcan Centaur en développement depuis plusieurs années. Pour rassurer sa clientèle, la firme américaine met en avant à la fois le recours à des solutions techniques issues de ses précédents lanceurs et une motorisation cette fois-ci intégralement nationale, à savoir deux propulseurs BE-4 pour l’étage principal et qui consomment du méthane et de l’oxygène liquide. Ceux-ci sont fournis par la société Blue Origin (BE signifie Blue Engine) fondée en 2000 par le milliardaire Jeff Bezos connu pour Amazon. Enfin, dans Vulcan Centaur, le deuxième mot désigne l’étage supérieur issu de la longue lignée des étages Centaur qui remontent aux années 1950 (moteurs RL-10 à l’oxygène et l’hydrogène liquides).
Comme tout nouveau lanceur, même s’il s’appuie sur un héritage technologique solide, Vulcan a subi son lot de retards. Après plusieurs reports, il devait connaître son vol inaugural le 24 décembre 2023, mais des imprévus lors des ultimes répétions au sol ont forcé ULA a reporter le grand jour à l’année suivante.