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Peregrine en difficulté

Publié le 09 janvier 2024

Lancé vers notre satellite naturel le 8 janvier, l’atterrisseur lunaire Peregrine de la société américaine Astrobotic a subi une panne. Il emporte notamment des instruments scientifiques de la NASA.

Peregrine en difficulté

Peregrine devait signer le premier alunissage américain en douceur depuis Apollo 17. Le 8 janvier, le lanceur Vulcan Centaur d’United Launch Alliance réussissait son vol inaugural et envoyait l’atterrisseur privé vers sa destination. Mais Peregrine a rapidement connu un dysfonctionnement de sa propulsion.

Pas de Lune pour Mission One

Peregrine est un atterrisseur lunaire automatique de 1,2 tonne (carburant inclus) mis au point par la société privée Astrobotic basée à Pittsburgh (Pennsylvanie). Et Mission One ou Peregrine Mission One, comme son nom l’indique, constitue sa première mission. Si la NASA est à bord avec des instruments scientifiques (via le programme CLPS expliqué plus bas), ce «cargo lunaire» héberge aussi des expériences venues d’universités ou de l’agence spatiale allemande DLR ainsi que des charges utiles plutôt inhabituelles pour ce type de mission (cendres de personnes décédées, divers mémentos symboliques, etc.). L’idée est de faire baisser le coût d’un tel voyage pour chaque client par la logique d’un «transport en commun».

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L’atterrisseur Peregrine au sol lors de sa préparation pour Mission One.
© Astrobotic

Cette image communiquée par Astrobotic vient d’une caméra de Peregrine qui montre l’isolation thermique multicouche (ou MLI en anglais pour Multi Layer Insulation) qui protège l’atterrisseur. La société privée a précisé que l’aspect anormal de la MLI confirme leurs données pointant vers une «anomalie du système de propulsion».
© Astrobotic

Malheureusement, après avoir été largué par le Vulcan Centaur, Peregrine a connu un problème qu’Astrobotic a identifié comme venant de la propulsion. Par souci de transparence, la société privée a régulièrement publié des communiqués sur son compte X. Elle expliqua que ses équipes au sol envoyèrent des instructions «improvisées» afin que l’engin s’oriente correctement vis-à-vis du Soleil, manœuvre essentielle pour que les panneaux solaires puissent recharger les batteries.

« Aucune chance de se poser en douceur sur la Lune »

En dépit du succès de cette opération, Astrobotic détailla dès le 8 janvier que la perte de carburant entraînée par le dysfonctionnement de la propulsion ne laissait plus que 40 heures d’activité à Peregrine (faute de carburant, l’atterrisseur ne pourra plus maintenir la bonne orientation vers le Soleil et manquera d’énergie électrique). Se poser sur la Lune, envisagé le 23 février, devient du coup hors de portée. Un tweet du 9 janvier a confirmé l’impossibilité d’atteindre notre satellite naturel : « En raison de la fuite de carburant, il n’y a, malheureusement, aucune chance de se poser en douceur sur la Lune ». Astrobotic compte toutefois faire fonctionner autant que possible les systèmes de bord et certaines charges utiles. Les données recueillies côté Peregrine fourniront en effet de précieuses informations pour les prochaines missions.

CLPS : Lune et commerce

Jusqu’à maintenant, toutes les missions privées destinées à se poser sur la Lune ont été des échecs. Le plus récent fut celui de la société japonaise iSpace en avril 2023.
Aux États-Unis, plusieurs firmes comptent réussir ce défi et devenir un prestataire régulier de la NASA via son programme CLPS pour Commercial Lunar Payload Services. L’agence américaine a lancé cette initiative afin de disposer de plusieurs engins capables d’amener de façon automatique sur la Lune ce dont elle aura besoin pour Artemis, qu’il s’agisse d’instruments scientifiques, de rovers (notamment VIPER) ou le fret nécessaire aux astronautes une fois sur place. Le CLPS s’appuie sur des tarifs de transport définis à l’avance dans un souci de maîtrise budgétaire. La sélection de plusieurs sociétés assure une concurrence qui doit éviter une flambée des prix ainsi qu’une flexibilité logistique : si un prestataire connaît des difficultés techniques, d’autres peuvent intervenir.
On notera à ce titre que d’autres sociétés qu’Astrobotic sont sur les rangs pour le CLPS avec Firefly Aerospace, Draper Laboratory ou Intuitive Machines. Cette dernière pourrait bien être la prochaine à tenter sa mission lunaire inaugurale avec son atterrisseur Nova-C. Le départ avec un Falcon 9 de SpaceX est annoncé pour le mois de février prochain.

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L’atterrisseur lunaire automatique Nova-C d’Intuitive Machines devrait être le prochain engin américain privé à tenter un alunissage.
© Intuitive Machines

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