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Débris : procédure de sécurité à bord de l’ISS

Publié le 10 février 2022

En raison de débris provoqués par le test d’une arme anti-satellite russe, les 7 astronautes de la Station Spatiale Internationale ont dû suivre le 15 novembre une procédure de sécurité. Aucun impact n'a été répertorié.

Débris : procédure de sécurité à bord de l’ISS

Quelques jours après être arrivés à bord de la Station Spatiale Internationale (c’était le 11 novembre), les 4 astronautes du vol Crew-3 se sont pliés à une procédure de sécurité avec leurs 3 collègues déjà là-haut depuis plus longtemps. La raison ? Un nuage de débris issu de la destruction volontaire d’un satellite.

Une procédure bien établie

Prévenus du danger par le sol, les 7 astronautes de l’ISS ont appliqué une procédure bien établie, à savoir rejoindre leur vaisseau respectif en cas de risque d’impact susceptible d’endommager sérieusement la station. Selon un communiqué de la NASA à ce sujet, ils sont restés 2 heures à attendre. L’Américain Mark Vande Hei avec les Russes Pyotr Dubrov et Anton Shkaplerov étaient ainsi dans le Soyouz MS-19. Les Américains Raja Chari, Thomas Marshburn et Kayla Barron avec l’Allemand de l’ESA Matthias Maurer étaient eux dans la capsule Crew Dragon Endurance.

De gauche à droite : Raja Chari, Thomas Marshburn, Matthias Maurer, Anton Shkaplerov, Pyotr Dubrov, Kayla Barron et Mark Vande Hei. Crédit : NASA

De gauche à droite : Raja Chari, Thomas Marshburn, Matthias Maurer, Anton Shkaplerov, Pyotr Dubrov, Kayla Barron et Mark Vande Hei.
Crédit : NASA

Au regard des informations disponibles au moment de la mise en ligne de cet article, tout a commencé avec la destruction volontaire du satellite russe Cosmos 1408 lancé en 1982 et devenu inopérant. Il a été la cible du test d’une arme anti-satellite (ou ASAT) envoyée par la Russie. Le nuage de débris généré (environ 1500 morceaux ont été détectés) n’était pas en trajectoire de collision directe avec l’ISS. En revanche, les équipes au sol ont estimé que les marges de sécurité exigeaient d’appliquer la procédure prévue en cas de risque d’impact avec un ou des débris. Risque avéré ou simple prudence ? La position quant à cet événement explique la teneur des réactions officielles qui ont suivi.

Réactions en chaîne

Les États-Unis n’ont ainsi pas manqué de marquer leur désaccord. L’administrateur de la NASA Bill Nelson a évoqué «une action irresponsable et déstabilisante». De son côté, l’agence russe Roscosmos (qui n’est pas à l’origine du test de l’ASAT, ce dernier étant une opération militaire) a sobrement rappelé dans un communiqué du 16 novembre la coopération internationale qu’elle mène dans le domaine des vols habités et souligné qu’«assurer la sécurité des équipages a toujours été et reste notre priorité absolue». Au passage, si le même texte explique que le système russe ASPOS OKP d’alerte de danger surveille activement la situation, il n’est pas fait mention de l’arme anti-satellite !
En France, la ministre des Armées Florence Parly a dénoncé les «saccageurs de l’espace» (tweet ci-dessous).

Pour l’exécutif russe, l’ISS n’a jamais été en danger et le risque monté en épingle par les États-Unis qualifiés d’hypocrites. Rappelons que les États-Unis, ainsi que la Chine et l’Inde ont de leur côté déjà procédé à des essais d’ASAT. Les armées modernes s’appuient sur une logistique spatiale de plus en plus importante (satellites de renseignement ou de télécommunications sécurisées par exemple) et en cas de conflit, la possibilité de détruire l’infrastructure d’un adversaire pourrait représenter un atout. Le test d’un ASAT permet non seulement de vérifier l’efficacité d’une telle arme, mais aussi d’en faire la démonstration. Une pratique qui pose de nombreuses questions alors que les agences spatiales avertissent que les débris représentent un risque de plus en plus préoccupant.

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