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Succès du premier vol habité Blue Origin

Publié le 20 juillet 2021

Jeff Bezos a dépassé la frontière de l’espace à 100 km le 20 juillet lors du premier vol suborbital habité de sa compagnie Blue Origin. Il était accompagné de son frère Mark, d’Oliver Daemen (18 ans) et Wally Funk (82 ans).

Fondée en l’an 2000 par le créateur du géant de la vente en ligne Amazon, la société Blue Origin mène depuis 2015 les vols d’essai de son New Shepard. L’engin combine un lanceur et une capsule, récupérables, afin de commercialiser une prestation de tourisme spatial suborbital (un bond dans l’espace sans mise sur orbite).

Un saut à 107 km d’altitude

Le New Shepard de Blue Origin décolle du Texas, depuis une base spécifiquement construite pour cela. Le programme cumulait jusqu’alors 15 vols (avec 4 exemplaires différents) sans passagers. Ce 20 juillet (date choisie pour faire une référence aux premiers pas sur la Lune), marquait donc le premier en mode habité. Jeff Bezos en personne était à bord, afin de souligner la confiance qu’il a dans le système mis au point par ses équipes d’ingénieurs, à l’image de ce que fit Richard Branson, son concurrent avec Virgin Galactic.
Jeff Bezos était accompagné son frère Mark, du néerlandais Oliver Daemen (18 ans) et de l’Américaine Wally Funk (82 ans). Ces deux dernières personnes sont devenues respectivement la plus jeune et la plus âgée dans l’espace (mais pas sur orbite).
Le décollage a eu lieu après un petit retard d’une dizaine de minutes. Ci-dessous, l’enregistrement du direct Blue Origin (envol à 1:43:11).

Comme pour les autres vols, le voyage a duré à peine plus de 10 minutes. La capsule et ses 4 passagers ont culminé à 107 km, dépassant la frontière de l’espace internationalement reconnue à 100 km. On notera que l’Américaine Wally Funk réalise ainsi à 82 ans son rêve d’atteindre l’espace. Aux débuts des années 1960, elle fit partie d’un groupe de 13 femmes (les Mercury 13) qui au cours d’une initiative privée passa avec succès tous les tests exigés par la NASA pour devenir astronaute. À l’époque, l’agence avança qu’il lui fallait des pilotes d’essai militaires, une profession que l’armée n’ouvrait pas aux femmes. Une situation qui évolua plus tard.
Enthousiaste à son retour, Wally Funk confia qu’elle était prête à repartir pour un autre vol ! «Le meilleur jour de ma vie» s’exclama de son côté Jeff Bezos lors de l’atterrissage sous les 3 parachutes.

Plus que du tourisme ?

Le milliardaire américain n’a en effet jamais caché sa fascination pour le spatial. Lorsqu’il étudiait l’ingénierie informatique à Princeton, il fut même président de l’antenne locale du SEDS (Students for the Exploration and Development of Space), une association d’étudiants en faveur du spatial.
Blue Origin table sur 2 autres vols habités en 2021 avec la volonté d’augmenter le rythme afin d’accueillir de plus en plus de clients. Ce type de vols très coûteux (plusieurs centaines de milliers de dollars) suscite des oppositions, notamment au regard de l’empreinte environnementale. À cet égard, Virgin Galactic et Blue Origin soulignent que leurs engins ne servent pas qu’à des voyages touristiques. Ils peuvent en effet emporter des expériences scientifiques (automatisées ou non) qui tirent profit de l’impesanteur de plusieurs minutes en vue de mener des recherches spécifiques. D’ailleurs, lors des vols d’essai (chez Virgin Galactic comme chez Blue Origin), des expériences ont été déjà embarquées. Des agences spatiales (dont la NASA), des universités ou des laboratoires privés se sont déclarés intéressés.
Dans la conférence de presse qui a suivi le vol (voir ci-dessous), Jeff Bezos a aussi développé un argumentaire selon lequel le tourisme spatial suborbital avec le New Shepard fait partie de sa volonté (avec les autres projets de Blue Origin) de bâtir une infrastructure pour un accès à l’espace à la fois moins coûteux et plus performant (en terme de masse et de fréquence). Pour le milliardaire, un tel développement à long terme est indispensable à l’avenir de l’humanité et à la conservation de la planète dont il dit avoir admiré la fragilité et la beauté à 107 km d’altitude. Les années à venir montreront si toutes ces annonces (science et infrastructure) se concrétisent.

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