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La Chine vise le Pôle sud de la Lune avec Chang’e 7

Publié le 31 janvier 2024

La Chine vient d’annoncer qu’elle visait le cratère Shackleton, situé au Pôle sud de la Lune, pour sa mission robotisée Chang’e 7 qui doit décoller en 2026. C’est une zone privilégiée également par la NASA pour les missions Artemis.

La Chine vise le Pôle sud de la Lune avec Chang’e 7

La course à la Lune vient-elle officiellement de débuter ? Alors que, la NASA et ses partenaires viennent de décaler le lancement des missions Artemis II et III à 2025 et 2026, la Chine affiche ses ambitions. Elle veut se poser sur le Pôle sud de la Lune en 2026. Dans un article publié dans le National Science Review de l’Académie d’Oxford, des scientifiques de l’Académie chinoise des sciences (CAS) présentent leurs objectifs scientifiques pour Chang’e 7. La mission qui comporte, notamment, un rover, doit atteindre le rebord du cratère de Shackleton. Le site est réputé pour son ensoleillement quasi-permanent. C’est une zone qu’avait notamment repéré la NASA. Il fait partie des 13 sites potentiels présentés en août 2022 pour l’alunissage d’Artemis III. 

chang'e 7 et chang'e 8

En septembre 2022 le Programme chinois d’exploration lunaire détaillait les premiers éléments des missions Chang’e 7 et Chang’e 8.

© CLEP / CNSA

Explorer le Pôle sud

Chang’e 7 embarquera 5 instruments pour évaluer les ressources en eau et la géologie lunaire

C’est une mission particulièrement ambitieuse que propose l’Agence spatiale chinoise. Elle sera composée d’un atterrisseur avec à son bord un rover et une “mini-sonde volante”, le sauteur, précise l’article. Le relais de communication doit être assuré par Queqiao-2, un orbiteur qui a décollé le 20 mars 2024 à bord d’une fusée Long March 8 et qui servira pour les missions Chang’e 6 (prévue pour mai 2024), Chang’e 7 (2026) et Chang’e 8 (2028). Le 24 mars, à 17h46, Queqiao-2 a commencé un freinage et est entré avec succès sur l’orbite lunaire. «CE-7 est un nouveau type de sonde développé pour la quatrième phase du Programme chinois d’exploration lunaire (CLEP)», indique le document des équipes chinoises. L’objectif principal de cet atterrisseur sera d’explorer le Pôle sud de la Lune pour évaluer ses ressources et son ensoleillement. Chang’e 7 sera équipé de cinq instruments scientifiques et devra, entre autres, évaluer la géologie de la Lune, sa structure interne et son magnétisme. Cette mission et la suivante devraient permettre, aussi, de proposer un prototype de base lunaire.

Le 20 mars 2024 à 1 h 31 du matin heure de Paris, la fusée Long March 8 a décollé de Wenchang emportant avec elle l’orbiteur Queqiao-2. Il doit rejoindre l’orbite lunaire pour servir de relai de communications aux prochaines missions lunaires chinoises, Chang’e 6 prévue en mai prochain, Chang’e 7 prévue en 2026 et Chang’e 8, prévue en 2028.

Une place au Soleil

Cette zone intéresse toutes les nations qui veulent s’installer durablement sur la Lune

Si la Chine vise le cratère de Shackleton, c’est qu’il présente de nombreux avantages. Les flancs du cratères bénéficient d’un ensoleillement quasi-permanent. Comme une journée lunaire dure 14 jours, l’ensoleillement permanent peut garantir une alimentation continue en énergie. Par ailleurs, le fond du cratère Shackleton, lui, n’est quasiment jamais exposé au Soleil. On peut ainsi espérer découvrir de l’eau, en abondance, sous forme de glace. L’idée de la plupart des agences spatiales serait d’exploiter cette ressource en eau à la fois pour l’usage des astronautes, mais aussi pour en faire de l’oxygène et du carburant pour des fusées.

Carte du Pôle sud

Les rebords du cratère Shakleton bénéficient d’un ensoleillement quasi-permanent et pourraient comporter de la glace d’eau en abondance. 

© CLEP / CNSA

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En août 2022, la NASA a présenté 13 sites d’alunissage potentiels pour la mission Artemis III, désormais prévue pour 2026.

© NASA

Shackleton déjà repéré par la NASA

Le site fait partie des 13 sites envisagés par les États-Unis

Cette annonce pourrait mettre un coup de pression à la NASA et à ses partenaires. La zone que vise l’Académie chinoise des sciences est proche de l’un des 13 sites d’alunissage potentiels présentés par la NASA en août 2022. Le bord du cratère Shackleton correspond notamment à la zone “Peak Near Shackleton”. Les Accords Artemis, dont la Chine n’est, certes, pas signataire, prévoient de respecter une certaine distance entre les installations des nations présentes sur la Lune. Le premier arrivé, sera probablement le premier servi, ou, au moins, le mieux installé. Même si le Traité de l’espace de 1967 interdit toute appropriation d’un corps céleste par une nation, la compétition pourrait être rude. «Nous sommes dans une course à l’espace avec la Chine», assurait Bill Nelson, l’administrateur de la NASA, le 8 août 2023. «Naturellement, je ne veux pas que la Chine pose, en premier, des astronautes au Pôle sud et dise: ‘ceci est à nous, restez dehors.» Le rover américain Viper, qui doit atteindre le Pôle sud lunaire, à bord de l’atterrisseur d’Astrobotic, Griffin, devrait partir en novembre 2024. Lui, vise Mons Mouton, une formation géologique qui domine de 6000m la surface environnante. Mais l’échec récent de Peregrine, lui aussi affrété par Astrobotic pourrait remettre en cause ce calendrier.

Ça se passe à la Cité de l’espace

Lune – Episode II, on y retourne !

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© Cité de l’espace – Pierre Carton

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