• Lune

IM-1: un succès en demi-teinte pour ce retour des États-Unis sur la Lune

Publié le 29 février 2024

Après six jours, la mission lunaire IM-1 touche à sa fin. La NASA et Intuitive Machines parlent d’un succès. Pourtant, Odysseus est arrivé couché sur la Lune et tout n’a pas fonctionné comme prévu. Ils envisagent de tenter de le réveiller après la nuit lunaire.

IM-1: un succès en demi-teinte pour ce retour des États-Unis sur la Lune

Il a fonctionné pendant plus de 6 jours sur la Lune, mais Odysseus va être placé en hibernation. Si la NASA et les responsables d’Intuitive Machines se félicitent pour cette réussite, tout n’a pas fonctionné comme prévu et les défaillances lors de l’alunissage posent question. Malgré tout, la plupart des instruments de la NASA ont recueilli des données qui vont être analysées. Le 23 mars 2024, Intuitive Machines a tenté de réveiller «Odie» mais l’atterrisseur Nova-C n’a plus donné de signe de vie.

Après plusieurs essais, Intuitive Machines a réussi à obtenir une image d’Odysseus sur la surface de la Lune. Ce cliché a permis de comprendre la position dans laquelle il se trouve.

© Intuitive Machines

Le retour des États-Unis sur la Lune

La NASA comme Intuitive Machines parlent d’un immense succès

Le 23 février 2024, Odysseus, l’atterrisseur NOVA-C créé par Intuitive Machines s’est posé sur la Lune. C’est la première fois qu’une entreprise privée réussit cet exploit. Cet alunissage historique marque le retour des Etats-Unis, plus de 50 ans après Apollo 17. En effet, le vaisseau embarque 6 instruments de la NASA, dans le cadre du programme CLPS (Commercial Lunar Payload Services). «Nous avions des objectifs de mission de très haut niveau consistant à atterrir en douceur sur la surface de la Lune et à restituer des données scientifiques à nos clients», a précisé Steve Altemus, le directeur général d’Intuitive Machines, lors de la conférence de presse du 28 février 2024. «Ces deux objectifs sont atteints, donc à notre avis, c’est un succès sans réserve.» Un peu plus tôt, c’est Bill Nelson qui saluait la réussite de cette mission. «Odysseus est un succès du point de vue de la NASA», a déclaré l’administrateur de la NASA. L’agence spatiale américaine indique, en effet, avoir reçu des données de cinq des instruments embarqués. Le sixième, un réflecteur laser, devrait, lui, être testé dans les prochains mois.

Steve Altemus

directeur général d'Intuitive Machines

« Nous avions des objectifs de mission de très haut niveau consistant à atterrir en douceur sur la surface de la Lune et à restituer des données scientifiques à nos clients. Ces deux objectifs sont atteints, donc à notre avis, c'est un succès sans réserve ».

Un atterrissage raté

Plusieurs défaillances lors de l’arrivée sur la surface ont mis en péril la mission

C’est essentiellement lors de l’atterrissage que les problèmes sont survenus. Encore en orbite autour de la Lune, les ingénieurs d’Intuitive Machines se sont aperçus que leurs instruments de télémesure étaient inutilisables. Ils ont donc configuré l’engin pour qu’il utilise le lidar de la NASA (NDL), embarqué comme charge utile. Cette procédure de secours avait été envisagée, mais l’ensemble des données n’ont pas pu être exploitées. Ce sont notamment des données altimétriques qui faisaient défaut. Or, Odysseus s’apprêtait à alunir à 1,5 km de lieu prévu initialement. Un lieu situé à une altitude plus élevée. Le vaisseau a donc heurté le sol bien plus violemment que prévu. L’une des six jambes d’atterrissage s’est brisée lors de cet impact, comme on peut le voir dans l’un des derniers clichés diffusés par Intuitive Machines. «Nous sommes arrivés debout, le moteur allumé pendant un certain temps. Puis, alors qu’il s’arrêtait, le véhicule s’est légèrement renversé». Les premières indications laissaient penser que le vaisseau pouvait reposer sur un rocher. Mais, comme l’atterrissage a eu lieu sur une pente de 12°, Odysseus, s’est finalement retrouvé couché avec un angle d’environ 30° par rapport à la surface. Tim Crain, le directeur de la technologie d’Intuitive Machines assure de son côté que si les télémètres lasers avaient fonctionné comme prévu, «nous aurions réussi l’atterrissage».

Au moment de toucher le sol de la Lune, les données altimétrique n’étaient pas les bonnes, Odysseus allait trop vite et une patte d’atterrissage s’est cassée. On voit aussi l’éjecta de régolithe lunaire au moment où le vaisseau atteint le sol.
© Intuitive Machines 

EagleCam

La EagleCam qui devait être larguée avant l’atterrissage d’Odysseus a finalement été déployée le 28 février. Elle a atterri 4m plus loin, mais n’a pas fonctionné. 
© Intuitive Machines

L’échec d’EagleCam

Cet instrument qui devait filmer les dernières secondes de l’arrivée d’Odysseus n’a pas fonctionné

Ce devait être le spectacle de l’arrivée du NOVA-C sur la Lune. Ce dispositif qui ne fait pas partie des charges utiles de la NASA, mais a été créé et fourni par l’Université Aéronautique Embry Riddle devait être éjecté pour filmer l’alunissage à distance. Intuitive Machines a d’abord indiqué qu’elle avait bien été larguée dans la descente. Puis, lors de la première conférence de presse du 23 février, Steve Altemus a expliqué que ce n’était pas encore le cas, mais qu’il espérait réaliser cette opération et obtenir une image d’Odysseus sur la surface de la Lune. Elle a finalement été déployée le 28 février pour atterrir 4m plus loin. «Que ce soit dans la caméra ou dans le signal Wi-Fi envoyé à l’atterrisseur, il se peut que quelque chose ne fonctionne pas correctement», a expliqué Steve Altemus. 

«Odie» va-t-il se réveiller ?

Le NOVA-C a été placé en hibernation avec l’espoir de le réveiller

Après 144h de fonctionnement, soit près de 6 jours, Odysseus était presque à cours de batterie et son unique panneau solaire éclairé, hors de portée du Soleil. «Odie» comme on le surnomme a été placé en hibernation. Mais Intuitive Machines envisageait de le réveiller dans les semaines suivantes. Il faudrait pour ça que l’électronique embarquée et les batteries resistent à la rude nuit lunaire qui peut descendre en dessous des -180°. Jusqu’ici, toutes les tentatives de réveil avaient échoué, mais l’exploit récent de SLIM pouvait nourrir les espoirs d’Intuitive Machines. «Pourquoi ne pas essayer ? » a expliqué Steve Altemus. «Voyons ce qui va se passer».

Mise à jour du 25 mars 2024

Après plusieurs jours d’hibernation, Intuitive Machines a tenté dès le 20 mars de reprendre contact avec Odysseus. Les ingénieurs souhaitaient attendre que les panneaux solaires soient suffisamment exposés pour recharger le système d’alimentation de l’atterrisseur et lui permettre de rallumer sa radio. Le 23 mars à 16 h 30, heure de Paris, les contrôleurs de vol ont prononcé la disparition d’Odysseus. « Son système électrique n’effectuera pas un autre appel vers son domicile. Cela confirme qu’Odie a définitivement disparu après avoir cimenté son héritage dans l’histoire en tant que premier atterrisseur lunaire commercial à atterrir sur la Lune», précise Intuitive Machines sur son compte X (anciennement Twitter). 

GHZElZ4b0AAQihI

Après plusieurs semaines d’hibernation, le petit robot japonais SLIM s’est réveillé et a transmis de nouvelles images de la surface de la Lune. Il a réussi l’exploit de survivre à la nuit lunaire.

© JAXA

VIPER_lunar_rover

Astrobotic est chargé d’envoyer le rover VIPER sur le Pôle sud de la Lune grâce à son atterrisseur Griffin.

© NASA

D’autres missions à venir

De nouvelles missions sont prévues dans les prochains mois en direction de la Lune

Dans le cadre du CLPS, le programme de contrats commerciaux entre la NASA et des entreprises privées, d’autres missions pourraient partir en 2024

  • Intuitive Machines n’en a pas fini avec les alunissages. Avant même la réussite d’IM-1, ils envisageaint deux autres missions en direction de la Lune d’ici la fin de l’année. IM-2 devrait transporter sur le Pôle sud de la Lune une foreuse et un spectromètre de masse. IM-3 doit installer 92 kg d’instruments sur le site de Reinner Gamma, dans l’Océan des Tempêtes et un réflecteur laser de l’Agence spatiale européenne ESA.
  • Astrobotic devait envoyer sur la Lune l’atterrisseur Griffin en novembre 2024. Il doit notamment poser sur le sol lunaire, le rover VIPER chargé d’analyser la présence d’eau sur la Lune. Toutefois, le récent échec de Peregrine pourrait remettre en cause ce calendrier.

 

Par ailleurs, la Chine continue son programme lunaire. La prochaine étape consistera à une mission de retour d’échantillons. Chang’e 6 sera ainsi chargé de ramener des roches de la face cachée de la Lune, ce qui serait une première.

Articles sur le même thème

La Cité de l’espace en ligne

Nos ressources et actualités spatiales